En effet, jeudi matin, de jeunes Palestiniens échangeaient avec les policiers israéliens des pierres et des grenades assourdissantes aux confins des quartiers d'Abou Tor et de Silwan, épicentre des troubles au pied de la vieille ville et de l'esplanade des Mosquées depuis une semaine. Jeunes Palestiniens et policiers israéliens en décousaient près des lieux où les policiers avaient tué tôt jeudi Muataz Hijazi, soupçonné d'avoir tiré mercredi soir sur Yehuda Glick et de l'avoir grièvement blessé. "Le Palestinien qui était le principal suspect de l'attaque mercredi soir a été éliminé à son domicile dans le quartier d'Abou Tor à Jérusalem par une unité des forces spéciales de la police à la suite d'un échange de tirs", a dit un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Selon la radio publique israélienne, ce Palestinien avait passé dix ans dans une prison israélienne "pour activités terroristes".
Yehuda Glick est un rabbin, colon et personnalité de l'extrême droite israélienne qui milite depuis des années pour que les juifs puissent prier sur l'esplanade des Mosquées. Il a été expulsé à maintes reprises de l'esplanade des Mosquées par les policiers israéliens. Cette revendication, qui s'est fait entendre de manière accrue ces derniers mois, est une cause majeure des tensions auxquelles est en proie Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. Celles-ci se sont encore aggravées depuis le 22 octobre. Ce jour-là, un jeune Palestinien de Silwan est, délibérément selon les autorités israéliennes, entré au volant de sa voiture dans un groupe de voyageurs du tramway et a tué un bébé américano-israélien de trois mois et une Équatorienne dans ce que les Israéliens ont qualifié d'attentat terroriste. Plusieurs quartiers ont depuis été le théâtre d'affrontements quotidiens faisant redouter une troisième Intifada.
Les juifs sont autorisés à visiter l'esplanade des Mosquées, mais pas à prier, par crainte des incidents. L'esplanade des Mosquées est sacrée pour les musulmans et les juifs. Le statut de l'esplanade des Mosquées est une source de tensions permanentes. Les musulmans s'alarment de l'intention prêtée au gouvernement israélien d'autoriser les juifs à y prier. Ils redoutent qu'une telle autorisation constitue le premier pas vers la destruction des mosquées en vue de bâtir le "troisième temple" juif. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou s'est de nouveau défendu lundi de vouloir changer le statut de ce lieu saint.
Le statut de l'esplanade des Mosquées est, pour les Palestiniens, la plus cardinale des sources de tension, une "ligne rouge" selon les autorités palestiniennes. Mais les crispations ont été exacerbées par une série d'événements depuis juin, la guerre de Gaza, la poursuite de la colonisation par Israël, les brimades permanentes auxquelles les Palestiniens se disent en butte et plus globalement la poursuite de l'occupation.
La mort d'un Palestinien, l'attaque contre un ultra-nationaliste juif mais aussi la fermeture de l'esplanade des Mosquées sont susceptibles d'échauffer encore davantage les esprits. Une porte-parole de la police a indiqué que cette dernière se tenait "prête à faire face à tout scénario pour maintenir l'ordre".
(30-10-2014)
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