À la veille d’un nouveau printemps, la Tunisie entame lundi une semaine
politique chargée afin d’investir le nouveau gouvernement et d’approuver
un calendrier d’adoption d’une Constitution à même de sortir le pays de
l’impasse. L’opposition célébrera, elle, la mémoire de l’opposant
assassiné Chokri Belaïd. Mardi, le cabinet de l’islamiste Ali Larayedh
devrait obtenir sans mal la confiance des députés, son parti Ennahda et
ses deux alliés laïques contrôlant plus que la majorité requise de 109
sièges sur 217.
Si la Tunisie est donc sur le point de régler sa crise gouvernementale,
provoquée par la chute du gouvernement précédent dans la foulée de
l’assassinat de Chokri Belaïd le 6 février, l’impasse politique subsiste
faute de consensus sur une nouvelle Constitution. L’Assemblée nationale
constituante (ANC) a bien prévu de fixer lundi un calendrier pour
achever la loi fondamentale et pour les législatives et la
présidentielle, mais plusieurs annonces de ce type ces derniers mois
sont restées lettre morte.
Plus de deux ans après la révolution qui a fait chuter le président Zine
el-Abidine Ben Ali, la Tunisie se retrouve toujours sans institutions
définitives, le principal point d’achoppement restant l’absence de
consensus sur la nature du futur régime. Ennahda milite pour un système
parlementaire pur, alors que ses partenaires laïques et l’opposition
veulent garder des prérogatives pour le président. Néanmoins, la classe
politique espère que le texte sera approuvé au début de l’été pour que
des élections se tiennent en octobre ou novembre.
Ali Larayedh a d’ailleurs annoncé que son cabinet serait en place "pour
une période allant au maximum jusqu’à la fin de 2013", laissant entendre
que des élections auront lieu avant le troisième anniversaire de la
révolution en janvier 2014. Le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar, a
dès lors appelé samedi la classe politique à cesser ses
"tiraillements", d’autant que l’incertitude politique est aggravée par
des tensions sociales récurrentes et l’essor de groupuscules islamistes
violents.
"Il faut renoncer aux intérêts partisans étroits, même si cela veut dire
faire des sacrifices, reculer. C’est dans l’intérêt des Tunisiens", a
déclaré Ben Jaafar, dont le parti laïque Ettakatol appartient au
gouvernement. "Notre peuple est patient, mais la patience a des limites,
on doit s’occuper de ses problèmes", a-t-il dit. Mais des opposants se
sont montrés très critiques à l’égard de l’équipe gouvernementale,
dénonçant le manque de concessions des islamistes qui a empêché la
formation d’un cabinet élargi à d’autres partis que ceux de la coalition
sortante.
Ennahda souligne pour sa part que près de la moitié des ministres sont
désormais des personnalités apolitiques, notamment ceux à la tête des
portefeuilles régaliens. "Nous craignons que la neutralité de ces
ministères ne soit qu’une façade", a néanmoins jugé Yassine Brahim, un
dirigeant du Parti républicain, qui regrette aussi la reconduction de
nombreux ministres "malgré la faible qualité de leur travail dans
l’ancien gouvernement". De son côté, Mahmoud Baroudi de l’Alliance
démocratique a jugé que "le programme du gouvernement n’est pas encore
clair".
Les opposants à Ennahda comptent d’ailleurs mobiliser samedi et dimanche
pour marquer la fin des 40 jours de deuil après l’assassinat de Chokri
Belaïd et réclamer que le crime soit élucidé. Les autorités ont accusé
un groupe islamiste extrémiste de ce meurtre retentissant, mais le tueur
n’a pas été arrêté et les commanditaires n’ont pas été identifiés.
Samedi, une manifestation est prévue et les organisateurs espèrent
attirer autant de monde que lors des funérailles, lorsque quelque 40 000
personnes avaient manifesté contre Ennahda.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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