Des négociations tendues étaient prévues jeudi en Tunisie sur la
formation d’un gouvernement de coalition à même de sortir le pays d’une
profonde crise, l’islamiste Ali Larayedh ayant moins de 48 heures pour
trouver un compromis. Ali Larayedh, ministre de l’Intérieur sortant et
cadre du parti islamiste au pouvoir Ennahda, se voulait rassurant avant
le début des pourparlers en fin de matinée, tout en laissant entendre
qu’un échec était possible. "On s’est entretenu avec les partis
individuellement puis en groupe, maintenant on va discuter de la
composition du gouvernement, on est en grande partie d’accord mais il
reste quelques points à discuter", a-t-il dit à l’antenne de la radio
Mosaïque FM. "L’échec ne me fait pas peur, car ce qui m’est demandé
c’est de satisfaire ma conscience et de fournir le maximum d’efforts.
Chacun assumera sa responsabilité concernant le résultat", a-t-il
ajouté.
Ali Larayedh a été nommé le 22 février pour former un nouveau
gouvernement après la démission du Premier ministre Hamadi Jebali qui
n’avait pu imposer à son parti, Ennahda, un gouvernement composé
exclusivement de personnalités apolitiques. Il disposait de 15 jours
pour présenter son équipe et son programme au président Moncef Marzouki,
un délai qui expire normalement vendredi à minuit. Mais les pourparlers
des derniers jours se sont avérés très tendus et difficiles, deux des
six formations y participant ayant quitté la table des négociations
mercredi. Ennahda négociait avec ses deux alliés laïcs (Congrès pour la
République de M. Marzouki et Ettakatol), le parti Wafa (dissidents CPR),
les groupes parlementaires Alliance démocratique (dissidents de divers
partis) et "Liberté et dignité" (députés de différents horizons dont
certains de tendance islamiste). Le Wafa et l’Alliance démocratique ont
annoncé jeudi leur retrait des négociations, tandis qu’Ettakatol et
"Liberté et dignité" n’ont toujours pas décidé s’ils appartiendraient au
futur gouvernement.
Les principaux désaccords concernent l’identité des ministres de
l’Intérieur et de la Justice et la question de la dissolution de la
Ligue de la protection de la révolution, sorte de milice pro-islamiste
accusée par une large part de la classe politique d’attaques brutales
mais qu’Ennahda continue de soutenir. Le parti islamiste a accepté de
nommer des indépendants à la tête des ministères régaliens sans pour
autant trouver de compromis sur les titulaires des portefeuilles. Ali
Larayedh avait promis de former au plus vite un cabinet avec le soutien
le plus large possible au sein de l’Assemblée nationale constituante
(ANC) où son parti dispose d’une majorité relative de 89 sièges sur 217.
S’il parvient à former son équipe, il devra sortir le pays d’une
profonde impasse, l’ANC s’étant montrée incapable depuis son élection en
octobre 2011 de trouver un compromis sur la Constitution et faute de
loi Fondamentale, aucun scrutin ne peut avoir lieu.
La Tunisie est plongée dans une crise politique aggravée par
l’assassinat le 6 février de l’opposant anti-islamiste Chokri Belaïd et
le pays est déstabilisé par des conflits sociaux dégénérant en
violences, le chômage et la misère, facteurs clés de la révolution de
2011, continuant de faire des ravages. De plus, le pays peine à juguler
l’émergence de groupe islamistes radicaux violents, dont l’un a, selon
les autorités, orchestré le meurtre de Chokri Belaïd.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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