Le président syrien, Bashar el-Assad, a accusé le gouvernement
britannique de vouloir armer les "terroristes" en Syrie et il s’est dit
prêt à discuter avec l’opposition, tout en excluant de démissionner,
dans une interview au Sunday Times publiée dimanche. "Comment peut-on
s’attendre à ce qu’ils réduisent la violence, alors qu’ils veulent
envoyer du matériel militaire aux terroristes et n’essaient pas de
faciliter le dialogue entre Syriens", affirme le dirigeant syrien dans
un entretien à l’hebdomadaire dominical britannique, enregistré en
vidéo. Le président Assad confirme par ailleurs être prêt à entamer des
discussions avec des représentants de l’opposition, mais exclut de
parler aux "terroristes" armés. "Nous sommes prêts à négocier avec tout
le monde, y compris des militants qui déposent les armes", assure Bashar
el-Assad lors de cette interview, enregistrée la semaine dernière à sa
résidence à Damas. "Nous pouvons engager un dialogue avec l’opposition,
mais nous ne pouvons pas engager de dialogue avec les terroristes",
prévient-il.
La Russie avait pressé la semaine dernière l’opposition et le régime
d’entamer un dialogue pour mettre fin à une guerre qui a tué, selon
l’ONU, plus de 70 000 personnes en près de deux ans. Damas s’était dit
prêt, pour la première fois, à discuter avec les rebelles armés, mais
l’opposition politique maintient que tout dialogue doit nécessairement
aboutir au départ du tyran Assad. Le dirigeant syrien a une nouvelle
fois exclu de quitter le pouvoir et de s’exiler. "Aucun patriote ne
peut penser à vivre en dehors de son pays. Je suis comme tous les
patriotes syriens", explique-t-il. Quitter le pouvoir ne résoudrait pas
la crise actuelle en Syrie, estime le président. "Si cet argument est
correct, alors mon départ mettra fin aux affrontements. C’est clairement
absurde, comme en témoignent les récents précédents en Libye, au Yémen
et en Égypte", fait-il valoir.
Les Occidentaux, plusieurs pays arabes, la Turquie ainsi que
l’opposition syrienne appellent à un départ de Bashar el-Assad du
pouvoir, ce qu’il a jusqu’à présent toujours refusé. Revenant sur le
rôle de la Grande-Bretagne dans ce conflit, le président syrien estime
que Londres "a joué un rôle notoirement non constructif sur plusieurs
questions depuis des décennies, des siècles, diront certains, je vous
parle de la perception qu’on en a dans notre région". "Le problème avec
ce gouvernement, c’est que sa rhétorique creuse et immature ne fait que
souligner cette tradition d’hégémonie agressive", dit-il. Le
gouvernement du Premier ministre britannique David Cameron s’est dit
favorable à un accroissement de l’aide aux rebelles syriens et à une
levée de l’embargo européen sur les armes.
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont décidé
le 18 février de prolonger le régime de sanctions contre la Syrie et
d’autoriser un soutien plus important à l’opposition, mais sans se
prononcer sur une levée de l’embargo sur les armes. Le ministre
britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait plaidé pour
une levée de cet embargo, "afin que nous puissions fournir un large
soutien à la Coalition nationale" de l’opposition syrienne."Nous leur
apportons un soutien politique et diplomatique fort", avait-il plaidé.
"Nous leur apportons également une assistance sous forme d’équipements
en ce moment pour les aider à sauver des vies humaines. Je crois qu’il y
a toute une large série d’équipements qu’on pourrait leur donner."
Dans son interview au Sunday Times, Bashar el-Assad estime que Londres
ne peut pas prétendre à jouer un rôle constructif dans les affrontements
en Syrie. "On n’attend pas d’un pyromane qu’il soit pompier",
note-t-il. "Comment peut-on s’attendre à ce que la Grande-Bretagne joue
un rôle alors qu’elle est déterminée à militariser le problème", insiste
Assad, qui appelle Londres à agir "de façon plus raisonnable et
responsable".
De son côté, l’ONU est prête à "faciliter un dialogue" en Syrie, selon
un compte rendu de la rencontre samedi en Suisse entre le secrétaire
général de l’ONU, Ban Ki-moon, et le médiateur international pour la
Syrie, Lakhdar Brahimi. Ban Ki-moon et Lakhdar Brahimi ont "discuté des
récentes déclarations du gouvernement syrien et de l’opposition faisant
part de leur volonté d’engager un dialogue". À ce sujet, les Nations
unies soulignent qu’elles "seraient prêtes à faciliter un dialogue entre
une délégation solide et représentative de l’opposition et une
délégation du gouvernement syrien crédible et habilitée" à discuter.
Signe que Bashar el-Assad n’envisage pas de partir, l’Iran, allié
régional de la Syrie, l’a présenté samedi comme le président légitime,
annonçant sa participation à l’élection présidentielle de 2014. "Le
président Assad, comme d’autres, participera à la prochaine élection", a
affirmé le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, lors
d’une conférence de presse à Téhéran en présence de son homologue
syrien, Walid Mouallem.
Sur le terrain en Syrie, les combats continuent : l’armée a fait subir
samedi un sérieux revers aux rebelles en parvenant à desserrer leur étau
autour d’Alep et de son aéroport, fermé depuis début janvier. "L’armée a
restauré la sécurité" sur une route menant l’aéroport international
d’Alep, indique l’agence officielle Sana. L’Observatoire syrien des
droits de l’homme (OSDH) a confirmé la reprise de cette route par
l’armée, indiquant qu’elle doit lui "permettre d’acheminer des renforts
et des armes de Hama vers Alep", ce qui l’aidera à "se maintenir dans
l’aéroport d’Alep et même dans la ville". Dans le Nord, près de la
frontière turque, des "combats sanglants" à Raqa ont fait au moins 10
morts parmi les soldats, 16 dans les rangs rebelles, selon l’OSDH. Selon
Sana, "l’armée a repoussé des groupes terroristes armés".
Des affrontements ont également eu lieu à la frontière avec l’Irak, où
djihadistes et armée se disputent le contrôle d’un poste-frontière, et
quatre soldats loyalistes, blessés, sont actuellement soignés dans un
hôpital irakien. À la frontière avec Israël, l’aviation du régime a
bombardé des localités syriennes, a indiqué l’OSDH. Israël a indiqué que
des obus en provenance de Syrie s’étaient abattus du côté israélien du
plateau du Golan.
À Damas, deux Palestiniens soupçonnés de collaborer avec le régime ont
été pendus par des rebelles dans le camp de réfugiés palestiniens de
Yarmouk, ont indiqué cette organisation et des Palestiniens. Des
pendaisons similaires ont déjà été signalées à Hama et à Alep, mais,
selon l’OSDH, c’est la première fois qu’une telle exécution est
annoncée, photo à l’appui. Les violences ont fait samedi 133 morts à
travers le pays, dont 65 rebelles, selon un bilan provisoire de l’OSDH,
qui s’appuie sur un réseau de militants et de sources médicales en
Syrie.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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