Le général Gadi Eisenkot, lors de sa prestation de serment, le 16 février 2015 à Jérusalem
Le procureur général d'Israël a donné son feu vert à une enquête sur les menaces proférées contre le chef d'état-major par des partisans d'un soldat franco-israélien accusé d'avoir achevé un assaillant palestinien, a dit le ministère de la Justice.
Le chef d'état-major, le général Gadi Eisenkot, est l'une des personnalités désignées à l'animosité des soutiens du sergent franco-israélien Elor Azaria, 20 ans, dont le cas déchaîne les passions dans le pays.
Mercredi, le soldat a été reconnu coupable par un tribunal militaire d'avoir délibérément tué d'une balle dans la tête un Palestinien apparemment hors d'état de nuire, qui avait été blessé après avoir attaqué des soldats israéliens à Hébron en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l'armée israélienne.
Le soldat, assigné à sa base, encourt vingt ans de prison. Le tribunal doit encore prononcer sa peine.
Des dizaines de partisans d'Elor Azaria, dont des extrémistes de droite, se sont heurtés aux forces de l'ordre à l'extérieur des bâtiments où siégeait le tribunal à Tel-Aviv. "Gadi, fais attention, Rabin cherche un copain", avaient scandé certains.
Ils faisaient référence à l'ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, signataire des accords de paix d'Oslo avec les Palestiniens, assassiné en 1995 par un extrémiste juif à Tel-Aviv.
L'état-major et le général Eisenkot soutiennent le procès contre Elor Azaria, au nom du respect par l'armée de valeurs morales et malgré l'appui dont bénéficie le soldat dans une partie de l'opinion et de la part d'éminentes personnalités politiques.
Le procureur général Avichai Mandelblit, à la tête du système judiciaire de l'exécutif, "a autorisé l'ouverture d'une enquête sur des incitations présumées à la violence" lors de la manifestation de mercredi, a dit le ministère de la Justice dans un communiqué jeudi soir.
"Aucun compromis n'est possible avec les appels à la violence, qu'ils visent des juges, des officiers de l'armée, ou tout autre responsable", selon le ministère.
Le jugement a donné lieu à une multiplication des messages de haine sur les réseaux sociaux, en particulier contre les trois juges militaires auxquels l'armée a assigné des gardes du corps selon la presse.
Selon un sondage publié par le quotidien Maariv, 51% des Israéliens désapprouvent le geste d'Elor Azaria, contre 39% qui l'approuvent. Mais 64% estiment que sa hiérarchie militaire l'a laissé tomber, et 70% que le jugement sape la confiance du public dans l'armée, institution centrale. Pour 75% d'entre eux, Elor Azaria doit être gracié, comme le réclament plusieurs personnalités, à commencer par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
(06-01-2017)
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