lundi 2 janvier 2017

Israël: Netanyahu va être interrogé sur des "cadeaux illégaux"


La police israélienne doit interroger lundi le Premier ministre Benjamin Netanyahu soupçonné d'avoir reçu des "cadeaux illégaux" d'hommes d'affaires, ont indiqué des médias israéliens qui faisaient leur une sur cette affaire.
Selon ces derniers, des entrepreneurs israéliens et étrangers auraient offert à Netanyahu des cadeaux d'une valeur estimée à plusieurs dizaines de milliers de dollars ce qui pourrait, si ces faits étaient confirmés, lui valoir une inculpation pour "abus de confiance".
Les médias font également état d'un deuxième dossier qui pourrait porter sur des accusations plus graves de corruption, mais sans donner le moindre détail.
Interrogés par l'AFP, les porte-paroles de la police et du bureau du Premier ministre ont refusé de confirmer ou de démentir ces informations.
Les gardes déployés autour de la résidence officielle de Netanyahu, dans le centre de Jérusalem, ont déployé au dessus des grilles des toiles de tissu noir afin de masquer le bâtiment pour permettre apparemment une arrivée discrète des enquêteurs, a constaté un journaliste de l'AFP.
Selon des médias, l'interrogatoire ne devrait débuter qu'à 19H00 locales (17H00 GMT).
La radio publique a pour sa part indiqué que le Premier ministre avait accepté d'être interrogé "autant que nécessaire" par la police.
Dans des messages sur sa page Facebook, Netanyahu a rejeté toutes ces accusations et accusé ses opposants politiques ainsi que certains médias de vouloir "le faire tomber non pas lors d'élections comme le prévoit la démocratie" mais en montant une campagne contre lui.
Selon les derniers sondages, le Premier ministre, au pouvoir sans discontinuité depuis 2009, reste l'homme politique que les Israéliens jugent le plus apte à diriger le pays. Celui que les Israéliens surnomment "Bibi" n'a pour le moment aucun concurrent sérieux.
La législation israélienne prévoit que tout membre d'un gouvernement contre lequel un acte d'accusation pour corruption est présenté doit démissionner.

"Campagne de provocation"
Un des proches de Netanyahu, le ministre de la Coopération régionale Tzahi Hanegbi a dénoncé lundi à la radio militaire "une campagne de provocation et d'incitation menée par des médias" pour faire pression sur le procureur général Avishai Mandelblit afin qu'il autorise la police à interroger le Premier ministre.
En revanche, une partie des commentateurs critiquent Mandelblit, nommé avec le soutien de  Netanyahu, pour avoir fait traîner l'affaire en refusant pendant des mois de donner à la police son feu vert à des interrogatoires.
Pendant huit mois, les policiers ont mené des investigations en secret sur ce dossier. Les interrogatoires d'une cinquantaine de témoins ont permis récemment "d'enregistrer une percée décisive", selon les médias.
Parmi les personnes interrogées figure Ronald Lauder, président du Congrès juif Mondial et membre de la famille de la fondatrice du groupe de cosmétique américain Estée Lauder. Il a été interrogé le 30 septembre par des enquêteurs alors qu'il se trouvait en Israël à l'occasion de l'enterrement de l'ancien président Shimon Peres.
Dans une autre affaire, en novembre, le procureur général avait déjà ordonné une enquête sur des allégations suggérant une conduite irrégulière de la part d'un proche de Netanyahu dans l'achat de trois sous-marins allemands par l'Etat hébreu.
Le Premier ministre a par ailleurs reconnu avoir reçu de l'argent de l'homme d'affaires français Arnaud Mimran qui a écopé en juillet d'une peine de huit ans de prison pour une escroquerie à la taxe carbone de 283 millions d'euros.
La justice israélienne peut avoir la main lourde dans les affaires de corruption. Le prédécesseur de Netanyahu au poste de Premier ministre, Ehud Olmert, purge depuis février 2016 une peine de 19 mois de prison après avoir touché des pots de vin.
L'actuel ministre de l'Intérieur Arye Deri, chef du Shass, un parti ultra-orthodoxe, a été condamné en 1999 à trois ans de prison pour corruption. Avraham Hirshson, un ancien ministre des Finances avait écopé en 2009 de cinq ans et cinq mois de prison pour les mêmes raisons et Shlomo Benizri, ancien ministre de la Santé, a été condamné à quatre ans de prison pour corruption en 2009.

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