Des logements en construction dans la colonie israélienne de Ramot, le 27 janvier 2016, à Jérusalem-est (Afp)
Israël a annoncé mardi la construction de 2.500 logements de colonisation en Cisjordanie occupée, la plus importante annonce du genre depuis des années, prenant en compte de nouvelles réalités a priori nettement plus favorables à Washington.
Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont décidé d'approuver la construction de 2.500 unités d'habitation "pour répondre aux besoins de logement et de la vie quotidienne", a annoncé le ministère de la Défense, quatre jours après l'investiture de Donald Trump comme président des États-Unis.
C'est la deuxième décision israélienne relative à la colonisation en deux jours, après le feu vert donné dimanche à la construction de 566 logements dans des quartiers de colonisation de Jérusalem-Est, partie majoritairement palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël.
Cette annonce reflète la volonté clairement affichée par le gouvernement israélien de profiter de la nouvelle donne créée selon lui par l'élection de M. Trump, après les huit années à la Maison Blanche de Barack Obama, opposé jusqu'au bout à la colonisation.
"Nous construisons et nous continuerons à construire", a tweeté Benjamin Netanyahu après l'annonce des 2.500 logements.
Les colonies, c'est-à-dire les implantations civiles israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, sont illégales au regard du droit international. Une grande partie de la communauté internationale les considère comme un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens, toujours insaisissable après des décennies.
Cette opposition a donné lieu le 23 décembre à l'adoption par l'ONU d'une résolution condamnant la colonisation. Cette adoption a été rendue possible par la décision exceptionnelle de l'administration Obama de ne pas opposer son veto.
La direction palestinienne, elle, a condamné la nouvelle annonce israélienne. "La communauté internationale doit immédiatement réclamer des comptes à Israël", a dit à l'AFP le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat.
Selon lui, Israël a été enhardi "par ce qu'ils considèrent comme les encouragements" de M. Trump.
M. Netanyahu signalait encore lundi combien la situation avait changé depuis l'investiture de M. Trump. Après huit années de "pressions énormes" au sujet de l'Iran et des colonies, "nous sommes en face d'une chance formidable pour la sécurité et l'avenir de l?État d'Israël", disait-il.
M. Netanyahu, à la tête de l'un des gouvernements les plus à droite d'Israël, est soumis à la surenchère des alliés de sa majorité, qui font le forcing sur la colonisation et même l'annexion d'une partie de la Cisjordanie. Il les a appelés à faire preuve de retenue et à ne pas "dégainer sans crier gare", pour ne pas mettre l'administration Trump devant des faits accomplis.
A la différence de la pratique de sa devancière, l'administration Trump n'a pour l'instant pas condamné l'annonce de colonisation faite dimanche.
M. Netanyahu assure que ce n'est pas la colonisation, mais le refus des Palestiniens de l'existence même de l?État d'Israël qui fait obstacle à la paix. La dernière initiative diplomatique en date, américaine, a capoté en avril 2014. La perspective de la création d'un État palestinien qui coexisterait avec Israël, solution de référence de la communauté internationale, paraît de plus en plus inaccessible.
Le Daily Mail citait, pendant sa campagne, M. Trump estimant qu'Israël n'avait pas à observer une pause dans la colonisation pour faire revenir les Palestiniens à la table des négociations. "Il faut qu'ils continuent. Non, je ne pense pas qu'ils doivent faire une pause", disait-il selon le quotidien britannique.
Israël a annoncé que la plupart des nouveaux logements seraient construits dans les grands blocs de colonies existants. Il considère qu'ils sont appelés à rester sous souveraineté israélienne, même en cas d'accord final avec les Palestiniens.
Une centaine de logements verront par ailleurs le jour dans la colonie de Bet El, près de Ramallah, à l'importante signification historique pour le mouvement des colons.
Le quotidien israélien Haaretz a décrit Bet El comme "la colonie préférée de l'équipe Trump en Cisjordanie".
Celui que M. Trump a choisi pour devenir le prochain ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, est à la tête d'une organisation américaine qui verse chaque année des millions de dollars à Bet El, a affirmé le journal en précisant que les parents du gendre juif de M. Trump, Jared Kushner, et M. Trump lui-même ont versé des contributions à la colonie.
(24-01-2017 - Assawra)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire