L’invasion sioniste de la Palestine ne s’est pas arrêtée depuis le début
du vingtième siècle. Des colons, européens pour la plupart, s’arrogent
le droit de coloniser une terre où vit un peuple depuis des millénaires.
Ces colons venus d’Europe, animés d’une idéologie raciste et
négationniste (le sionisme, de gauche ou de droite, extrémiste ou
modéré), ont fondé leur colonie de peuplement après avoir massacré et
expulsé les Palestiniens. Ils furent aidés, soutenus et encouragés par
toute la clique impérialiste de l’époque, l’Europe occidentale et
orientale, les Etats-Unis et leurs Etats vassaux dans le monde. En 1948,
le plus grand crime de l’histoire contemporaine fut commis par la
création d’une entité coloniale sur la terre de Palestine, entité devant
empêcher l’épanouissement des peuples arabes de la région, et leur
unité, faciliter le pillage de leurs richesses et les installer sous une
menace permanente.
Depuis, les sionistes n’ont cessé de commettre des massacres et
d’essayer de supprimer et d’expulser les Palestiniens restés malgré tout
dans leur pays. C’est en partie l’histoire de la région du Naqab, large
zone semi-désertique de la Palestine, occupée en 1948 par les hordes
coloniales. Placée sous le régime militaire comme le reste des régions
demeurées à majorité palestinienne, le couvre-feu et les arrestations
arbitraires, la population du Naqab fut déplacée selon le gré des
colons, ou selon leurs stratégies du moment : regroupement par-ci,
démantèlement par là. Des tribus furent déplacées vers la région
d’al-Quds, d’autres vers les villes d’al-Lid et de Ramla, occupées
également, d’autres vers l’Egypte, la Jordanie ou vers la bande de Gaza.
Alors que les cartes géographiques datant d’avant 1948 montrent de
larges zones cultivées, les envahisseurs sionistes ont prétendu que la
région du Naqab n’était peuplée que par des nomades qui vivaient de
pâturages. Dire « nomade » signifie pour les colonisateurs une
population apte à être déplacée, n’étant pas enracinée dans la terre.
Mais, de plus, non seulement les bédouins du Naqab n’étaient pas des
nomades permanents, mais ils possédaient des milliers de dunums de
terres que les sionistes ont raflés, sous des prétextes divers.
Aujourd’hui encore, la population palestinienne du Naqab essaie de
récupérer ses terres en passant par les tribunaux de l’occupation. Mais
il va sans dire que ces tribunaux sont juste une façade qui cache la
véritable nature colonisatrice et négationniste du sionisme.
Pendant des dizaines d’années, les Palestiniens du Naqab ont lutté
contre leur expropriation et surtout contre leur enfermement dans des «
villes » construites par l’occupant, conscients que les envahisseurs
sionistes voulaient appliquer la formule : « le maximum de Palestiniens
sur le minimum de terres », formule qu’ils tentent d’appliquer sur tout
le territoire palestinien, du nord au sud, et de l’Est à l’ouest :
d’al-Jalil à al-Aghwar, d’al-Quds à al-Naqab.
Les Bédouins du Naqab, Arabes Palestiniens, ont résisté par tous les
moyens disponibles contre leur expulsion, de leurs villages, dont la
majorité n’est pas reconnue par l’entité sioniste. Ces villages
n’existent tout simplement pas aux yeux des colons. Leur emplacement
n’est pas indiqué, ils ne sont pas reliés par l’électricité, et les
lignes de haute tension qui relient les colonies sionistes passent
par-dessus leur tête. Ces villages ne sont pas reliés au réseau d’eau
que l’entité pille sans contrôle, et si certains villages sont reliés
par des routes asphaltées, c’est grâce à la population et à ses
organisations politiques et sociales, qui ont organisé des journées de
travail pour faciliter la vie des gens.
Um al-Hiran, comme al-Araqib, sont des villages non-reconnus par
l’administration sioniste. Les Bédouins d’al-Araqib poursuivent leur
résistance, en reconstruisant plus de 100 fois les démolitions de leurs
maisons. Ils vivent à présent sous les tentes ou dans des installations
précaires. Cela n’a pas empêché les envahisseurs de lancer pour la
108ème fois leurs bulldozers, il y a tout juste une semaine. Um al-Hiran
est un village palestinien dont la population a été expulsée en 1948. A
sa place, les sionistes installent les habitants de Wadi Zabala, car
pour ces colons venus d’Europe, il faut éviter que les Palestiniens
demeurent dans leurs villages d’origine et doivent être déplaçés au gré
des stratégies sionistes. Aujourd’hui, les habitants d’Um al-Hiran sont
menacés d’expulsion de leur village, car les sionistes envisagent de
fonder une colonie sur leurs terres. Ils proposent le déplacement de ses
habitants ailleurs, là où leurs plans de colonisation n’ont pas été
encore établis.
Bien que l’invasion coloniale sioniste menace toutes la terre de
Palestine, les stratégies de lutte adoptées par les Palestiniens sont
encore désunies, notamment depuis que l’OLP a signé les funestes accords
d’Oslo, qui reconnaissent la « légitimité » de la présence de l’entité
coloniale sur les terres occupées en 1948. Cette reconnaissance, qui ne
change rien au fait qu’il s’agit bien d’une entité coloniale et raciste,
a été dictée par la « communauté internationale », toujours là quand il
s’agit de protéger et faire perdurer l’injustice dans le monde. C’est
ce démembrement politique, social et psychologique qu’il est nécessaire
de surmonter pour affronter l’envahisseur sioniste. C’est dans ce sens
que s’inscrit la proposition faite par le Mouvement du Jihad islamique
en Palestine, au mois d’octobre dernier, réclamant l’annulation des
accords d’Oslo, le retrait de la reconnaissance par l’OLP de l’entité
sioniste et la réunification de la Palestine, du fleuve à la mer, dans
la stratégie de lutte.
Même si elle a été largement discutée, la proposition du mouvement est
encore loin d’être adoptée, telle quelle. Cependant, le peuple
palestinien n’abandonne pas sa résistance multiforme. Que ce soit dans
al-Quds, dans al-Naqab, dans les camps de réfugiés de la Cisjordanie
occupée et dans les prisons de l’occupation, et malgré la « coordination
sécuritaire » entre les services sécuritaires de l’Autorité
palestinienne et les envahisseurs (bénie et encouragée par la clique
impérialiste), il n’a pas dit son dernier mot.
Fadwa Nassar
Jeudi, 19 janvier 2017
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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