Les Etats-Unis ont réduit le nombre de leurs conseillers militaires
auprès de la coalition arabe intervenant au Yémen, tout en affirmant que
cette décision n'était pas liée au nombre élevé de victimes civiles des
bombardements dans ce pays en guerre.
Le lieutenant Ian McConnaughey, porte-parole de la Ve Flotte américaine
basée à Bahreïn, a indiqué samedi à l'AFP que cette réduction,
intervenue en juin, s'expliquait par une baisse de la demande
d'assistance des Saoudiens, qui commandent la coalition arabe.
Accusant l'Iran de chercher à la déstabiliser via les rebelles Houthis
du Yémen, Ryad avait monté en mars 2015 une coalition militaire pour
soutenir le président Abd Rabbo Mansour Hadi, chassé de Sanaa quelques
mois plus tôt.
L'Arabie Saoudite fait face à des critiques répétées de la part des
défenseurs des droits de l'Homme en raison du nombre élevé de civils
tués dans les raids aériens au Yémen.
La réduction du nombre de conseillers américains auprès de la coalition
arabe intervient avant une visite en Arabie Saoudite, les 24 et 25 août,
du secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui devrait être dominée par
le Yémen.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW)
a appelé M. Kerry à soulever avec les responsables saoudiens la
question des raids aériens qui "tuent tant de civils".
Un porte-parole du Pentagone a répété, dans une déclaration à l'AFP
samedi, que les Etats-Unis avaient toujours souligné dans les
discussions avec les Saoudiens "le besoin de minimiser les pertes
civiles" et l'"importance de l'arrêt des hostilités et de la relance les
négociations pour une solution globale du conflit".
Il a affirmé que l'assistance apportée à la coalition était "modeste" et n'était pas un "chèque en blanc" donné aux Saoudiens.
Plus encore, aucun des conseillers américains n'a "approuvé de manière
directe ou implicite le choix des cibles" de l'aviation de la coalition,
a assuré le porte-parole.
La coalition arabe a notamment été accusée ces derniers jours d'avoir visé une école et un hôpital dans des zones rebelles.
Les Etats-Unis gardent "cinq" conseillers contre 45 auparavant, selon le
lieutenant McConnaughey. L'US Navy fournit aussi aux Saoudiens des
"images leur permettant de mieux évaluer la situation sur le terrain".
Après une vague de raids aériens, la coalition arabe a envoyé des
troupes au sol qui ont aidé les forces du président Hadi à reprendre
plusieurs régions du sud du Yémen.
La coalition assure utiliser des bombes de précision, fournies notamment par les Etats-Unis, pour éviter les pertes civiles.
Mais elle continue d'être accusée de "bombardements sans distinction"
par des organisations comme Médecins sans frontière (MSF) qui a décidé
jeudi d'évacuer son personnel de six hôpitaux du nord du Yémen après un
raid ayant fait 19 morts et 24 blessés dans l'un de ces établissements.
La coalition a ouvert une enquête "indépendante" après le raid, qui avait provoqué une vive indignation internationale.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait déclaré que "toute
attaque contre les hôpitaux, le personnel médical ou des civils (...)
est une grave violation du droit humanitaire international".
Les raids de la coalition se sont intensifiés depuis le 9 août dernier
après l'échec de négociations de paix qui se déroulaient depuis trois
mois au Koweït sous l'égide de l'ONU.
En réponse, les rebelles ont multiplié les tirs de roquettes sur les
zones frontalières saoudiennes, tuant un Saoudien samedi dans la ville
de Najrane et blessant six résidents étrangers. Sept civils avaient péri
de la même manière mardi.
La guerre au Yémen a fait plus de 6.500 morts dont de nombreux civils
depuis mars 2015, selon l'Organisation mondiale de la santé.
Les ambassadeurs de 18 pays, dont les puissances occidentales, qui
suivent les négociations de paix ont appelé samedi dans un communiqué
belligérants à cesser les combats, tout en dénonçant l'"initiative
unilatérale" des rebelles de former un Conseil supérieur pour gouverner
le Yémen.
A Sanaa, une grande manifestation a eu lieu samedi pour soutenir les
Houthis alliés aux partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh.
L'agence de presse des rebelles Saba a parlé de millions de
participants, un chiffre impossible à vérifier de sources indépendantes.
Les manifestants ont scandé des slogans favorables au nouveau Conseil
formé par les rebelles. Ils ont aussi appelé au retrait des forces
saoudiennes, selon des images de l'AFPTV.
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