Une usine de produits alimentaires au centre de Sanaa après un raid aérien, le 9 août 2016 (Afp)
En rendant public mardi ce contrat d'armement d'une valeur de 1,15 milliard de dollars (un milliard d'euros) au profit de l'Arabie Saoudite, le Pentagone a pris soin de ne pas le lier directement au conflit au Yémen.
Mais interrogé sur l'hypothèse que des armes américaines servent aux opérations militaires de Ryad au Yémen, le département d'Etat a réaffirmé qu'il restait "très préoccupé" par les victimes civiles dans ce pays pauvre et en guerre de la Péninsule arabique.
Conformément à la procédure administrative américaine en la matière, le ministère des Affaires étrangères a approuvé cette vente importante d'équipements de défense à l'Arabie Saoudite, avant qu'elle ne soit concrétisée par un feu vert formel du Congrès des Etats-Unis sous les 30 jours.
Dans le détail, Washington va fournir à Ryad, entre autres, "153 structures" de chars de type Abrams, "153 mitrailleuses de calibre 50 (12,7 mm)" --une arme automatique lourde capable de traiter des objectifs terrestres--, "266 mitrailleuses de calibre 7,62 mm", des "lance-grenades", des "véhicules blindés" et des milliers de "munitions", selon un communiqué du Pentagone.
L'administration américaine s'est félicitée que ce contrat "permette d'améliorer la sécurité d'un partenaire régional stratégique qui continue d'être un acteur leader pour la stabilité politique et les progrès économiques du Moyen-Orient".
Le Pentagone n'a fait aucune référence précise à l'alliance historique entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, ni à la participation de Ryad à la coalition internationale anti-jihadistes en Syrie et en Irak, et encore moins à la coalition arabe que dirige la monarchie pétrolière saoudienne au Yémen.
Justement mardi, cette coalition soutenant le pouvoir yéménite a mené ses premiers raids en trois mois sur la région de Sanaa sous contrôle rebelle. Ces frappes, trois jours après l'échec apparent des pourparlers de paix, ont fait 14 morts dans une usine de produits alimentaires.
L'aéroport de la capitale du Yémen a également été fermé, dans un pays ravagé depuis mars 2015 par un terrible conflit.
La guerre oppose les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi aux rebelles chiites Houthis alliés à l'ex-chef de l'Etat Ali Abdallah Saleh. L'ONU estime qu'il y a eu plus de 6.400 morts, environ 30.000 blessés et 2,8 millions de personnes déplacées.
Tout en confirmant le contrat d'armement saoudien, la porte-parole du département d'Etat Elizabeth Trudeau a "exhorté toutes les parties à arrêter toutes leurs opérations militaires" au Yémen.
Interrogée sur la hausse du nombre de civils tués et blessés, la diplomate américaine a assuré qu'il s'agissait "évidemment d'une grave source d'inquiétude" pour les Etats-Unis.
"Nous en parlons avec nos partenaires. Publiquement et en coulisses", a-t-elle affirmé, sans dire toutefois explicitement si cette dernière vente d'armes à Ryad s'était accompagnée d'une mise en garde lancée par l'Amérique à son allié historique dans le Golfe.
Déjà en novembre dernier, en plein conflit au Yémen, Washington avait vendu à l'armée de l'air saoudienne des bombes et des bombes guidées pour près de 1,3 milliard de dollars.
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