Un
soladat irakien prie le 6 avril 2015 devant une fosse commune où les
djihadistes de l'EI ont enterré leurs victimes du camp de Speicher à
Tikrit, l'ancien fief de Saddam Hussein en Irak (Reuters)
On l'avait appelé le massacre de Speicher. En 2014, le groupe qui se prétend État
islamique et ses alliés avaient tué jusqu'à 1 700 recrues de l'armée
irakienne dans ce camp militaire près de Tikrit au nord de Bagdad.
Dimanche, l'Irak a exécuté par pendaison 36 hommes reconnus coupables de
ce massacre, l'un des pires commis par le groupe djihadiste Daesh
en Irak. « L'exécution de 36 condamnés pour les crimes de Speicher a eu
lieu ce matin à la prison de Nassiriyah », chef-lieu de la province de
Zi Qar dans le sud du pays, a déclaré à l'AFP un porte-parole du
gouvernorat, Abdelhassan Daoud. « Le gouverneur de la province de Zi
Qar, Yahya al-Nasseri, et le ministre de la Justice Haidar al-Zamili
étaient présents pour surveiller les exécutions », a poursuivi le
porte-parole.
Le gouverneur de la province a confirmé à l'AFP que l'exécution s'était
faite par pendaison. « Des dizaines de membres des familles (des
victimes) ont assisté à l'exécution. (...) Elles étaient contentes de
voir ces gens mourir », a ajouté le porte-parole.
Parmi les proches présents, Najla Shaab, une femme de 30 ans contrainte
d'élever seule ses enfants après la mort de son mari dans le massacre. «
Dieu merci, c'est une punition juste pour le pire des crimes, un triple
crime qui a consisté à tuer les gens, jeter des corps dans la rivière
et enterrer certains vivants », a-t-elle confié à l'AFP par téléphone.
Environ 400 des personnes tuées à la base de Speicher étaient
originaires de la province à majorité chiite de Zi Qar, selon le
porte-parole du gouverneur. Daesh considère les chiites comme des
hérétiques.
Le massacre avait été commis aux premiers jours de l'offensive
fulgurante de Daesh en Irak en juin 2014 qui lui avait permis de prendre
notamment Mossoul, la deuxième ville du pays devenue depuis son fief.
Les djihadistes avaient exécuté les recrues une à une, selon des images
de propagande diffusées par Daesh. Certains corps avaient été jetés dans
le fleuve Tigre, qui traverse Tikrit, tandis que d'autres étaient
enterrés dans des fosses communes. De nombreux volontaires chiites
s'étaient enrôlés dans des milices combattant les djihadistes après
cette tuerie.
En juillet 2015, un tribunal avait condamné à la peine de mort 24
personnes pour le massacre de Speicher. À l'époque, l'ONG Human Rights
Watch avait dénoncé le manque de transparence des procédures. En février
2016, un tribunal irakien avait prononcé 40 autres condamnations à mort
dans cette affaire. Le Premier ministre Haider al-Abadi a déclaré
vouloir accélérer l'exécution des personnes condamnées à mort pour
terrorisme après l'attentat à la bombe qui a tué plus de 300 personnes à
Bagdad le mois dernier.
L'ONU a critiqué ces déclarations sur la peine de mort. « Accélérer le
rythme des exécutions ne fera qu'accélérer l'injustice », a souligné
début août le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Zeid Ra'ad
al-Hussein. Selon l'organisation de défense des droits de l'homme
Amnesty international, qui critique le recours à la peine de mort,
l'Irak a déjà procédé à plus de 100 exécutions depuis le début de
l'année, sans compter celles de dimanche.
(21-08-2016)
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