L'intervention militaire de la Turquie en Syrie est une "violation
flagrante" de la souveraineté du pays, a dénoncé mercredi le ministère
syrien des Affaires étrangères.
Damas "condamne le franchissement de la frontière turco-syrienne par des
chars et des blindés turcs en direction de la ville de Jarablus avec
une couverture aérienne de la coalition menée par Washington, et
considère qu'il s'agit d'une violation flagrante de sa souveraineté", a
réagi le ministère dans un communiqué.
"La Syrie réclame la fin de cette agression", a-t-il ajouté.
L'opération "Bouclier de l'Euphrate" a été lancée mercredi avant l'aube
par l'armée turque, soutenue par les forces de la coalition
internationale antijihadiste, avec avions de combat et forces spéciales,
dans le but de chasser Daesh de la localité
frontalière de Jarablus.
"Quelle que soit la partie qui mène le combat contre le terrorisme sur
le territoire syrien, elle doit le faire en coordination avec le
gouvernement syrien et l'armée syrienne qui mène cette lutte depuis cinq
ans", ont souligné les Affaires étrangères.
Cette intervention rend encore plus complexe le conflit en Syrie qui
implique plusieurs pays étrangers: les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et
la Turquie du côté des rebelles, et la Russie et l'Iran du côté de
Damas. Le régime de Bashar al-Assad ne contrôle plus qu'une partie du
territoire, le reste étant aux mains des Kurdes, des jihadistes ou des
rebelles.
"La lutte contre le terrorisme ne consiste pas à chasser l'EI pour
mettre à sa place des organisations terroristes appuyées par la
Turquie", a affirmé le ministère, en référence aux insurgés.
Le pouvoir de Bashar al-Assad ne fait aucune distinction entre les
militants anti-régime, les insurgés et les jihadistes. Il accuse depuis
2011 Ankara, ainsi que l'Arabie Saoudite et le Qatar, de financier et
d'armer les rebelles.
D'après le président turc Recep Tayyip Erdogan, l'offensive vise non
seulement Daesh mais aussi les autonomistes kurdes syriens, bête noire
d'Ankara.
Ces derniers ont réagi avec véhémence à l'annonce du début de
l'opération en accusant Ankara et Damas de connivence et de vouloir de
se mettre d'accord sur le dos des Kurdes de Syrie.
"Le gouvernement turc a abandonné sa politique (hostile) à l'égard du
régime et se trouve désormais à ses côtés dans un même camp", a dénoncé
l'administration semi-autonome kurde dans un communiqué.
"L'intervention turque à Jarablus est (...) une déclaration de guerre
contre l'administration autonome, le projet fédéral" auto-proclamé en
mars par les Kurdes dans leurs régions dans le nord et le nord-est du
pays, a tweeté Aldar Xelil, un responsable au sein de l'administration
semi-autonome.
L'intervention turque survient après des combats d'une violence sans
précédent entre forces du régime et combattants kurdes dans la ville de
Hassaké (nord-est), affichant au grand jour leur hostilité mutuelle.
La bataille, qui s'est soldée par la quasi-éviction du régime de
Hassaké, a poussé Ankara à soutenir que Damas avait compris que les
Kurdes étaient devenus "une menace pour la Syrie aussi".
Pour sa part, l'opposition à Bashar et basée à Istanbul a salué "le
soutien de la Turquie et de la coalition internationale de l'opération
militaire à Jarablus".
La guerre en Syrie a fait depuis 2011 plus 290.000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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