Une personne blessée dans des raids aériens est évacuée le 16 juillet 2016 à Alep (Afp)
Les Nations unies ont appelé à un accès humanitaire immédiat aux quelque 1,5 million d'habitants à Alep près de laquelle des combats opposent le régime aux rebelles, qui se préparent à une bataille cruciale pour le contrôle de la deuxième ville de Syrie.
Le régime est soutenu par les avions de l'allié russe et des combattants iraniens, irakiens et du Hezbollah libanais, et les groupes rebelles par la puissante organisation jihadiste Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda).
Les deux camps ont reçu d'importants renforts en hommes et en armes à Alep et dans ses environs, après que les rebelles ont brisé samedi trois semaines de siège imposé par le régime aux quartiers sous leur contrôle dans la ville septentrionale divisée depuis 2012.
A la faveur de cette contre-offensive, les rebelles ont pu encercler partiellement les quartiers prorégime dans l'ouest d'Alep, avant d'annoncer leur intention de s'emparer de l'ensemble de la ville, enjeu majeur du conflit qui ravage le pays depuis plus de cinq ans.
Des centaines de milliers de civils sont désormais pris au piège à Alep avec d'importantes pénuries et une flambée des prix, poussant l'ONU à tirer la sonnette d'alarme.
"L'ONU se tient prêt à aider la population civile d'Alep, une ville désormais unie dans sa souffrance", ont affirmé le coordinateur humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Yacoub El Hillo, et le coordinateur régional Kevin Kennedy.
Les stocks de nourriture et de médicaments sont "à un niveau dangereusement bas", ont-ils prévenu, appelant à des "pauses humanitaires hebdomadaires de 48 heures" dans les combats.
Si l'ONU reconnaît la gravité de la situation, le Conseil de sécurité est divisé au sujet des conditions à remplir avant d'envoyer l'aide.
Les Etats-Unis et la France ont ainsi réclamé mardi que l'aide parvienne à Alep avant que de nouveaux pourparlers de paix soient envisagés, a-t-on appris à l'issue d'une réunion du Conseil à huis clos.
En revanche, la Russie a maintenu qu'il ne devrait y avoir aucune condition préalable à de telles tractations, que les Nations unies espèrent reprendre à Genève à la fin du mois.
Aussi bien le régime que les rebelles parviennent encore à faire entrer de la nourriture et d'autres produits dans les secteurs sous leur contrôle mais ces voies ne sont pas assez sûres pour permettre aux civils de les emprunter.
"Toute la ville est sans eau courante depuis quatre jours. Les enfants et les familles à Alep sont confrontés à une situation catastrophique", s'est alarmé le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef).
"Ces coupures d'eau surviennent en pleine canicule, ce qui expose les enfants à des risques graves de maladies", a souligné Hanaa Singer, représentante d'Unicef en Syrie. "Le rétablissement de l'eau potable courante ne peut pas attendre la fin des combats".
D'après l'ONU, deux millions de personnes en Syrie "vivent de facto dans la peur d'être assiégées", dont 275.000 dans l'est d'Alep.
Les experts estiment pour leur part à 1,2 million la population dans la partie gouvernementale et à quelque 250.000 celle du secteur rebelle.
Le régime avait coupé le 17 juillet la route du Castello au nord d'Alep, la dernière voie d'approvisionnement pour les insurgés.
Mais samedi dernier, les rebelles ont réussi à briser le siège en s'emparant du quartier vital de Ramoussa, au sud d'Alep, ce qui leur a permis de faire la jonction avec leur secteur dans l'est.
Mardi, les combats se déroulaient près de Ramoussa que les troupes du régime veulent reprendre.
Mais "la grande bataille n'a pas encore commencé", a affirmé à l'AFP Yasser Abdelrahim, un commandant rebelle, précisant que les préparatifs étaient encore en cours.
Une source militaire à Damas a affirmé à l'AFP que les forces du régime s'étaient rapprochées d'un complexe militaire près de Ramoussa aux mains des rebelles.
Hormis ces combats, les raids du régime se poursuivaient sur le secteur est d'Alep, où trois civils ont péri, selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ahmad, un habitant d'un quartier gouvernemental proche de Ramoussa, a affirmé à l'AFP que "de nombreuses troupes se massaient à la lisière du secteur. La situation est effrayante".
Par ailleurs, toujours selon l'OSDH, deux raids de l'aviation du régime ont tué 15 civils, dont trois enfants, dans la localité de Mheimidi, dans la province de Deir Ezzor (est) largement contrôlée par le groupe jihadiste Etat Islamique (EI).
Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 après la répression de manifestations pacifiques contre le régime, a fait plus de 290.000 morts, poussé à la fuite plus de la moitié de la population et provoqué une grave crise humanitaire.
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