Ban Ki-moon s'est alarmé de "l'effondrement" du Yémen, où Al-Qaïda s'est
emparé jeudi d'un camp militaire et d'importantes quantités d'armements
dans une partie du pays échappant au contrôle de la milice chiite des
Houthis au pouvoir à Sanaa.
"Nous assistons à l'effondrement du Yémen", a averti le secrétaire général des Nations unies devant le Conseil de sécurité.
"Nous devons tout faire pour aider le Yémen à éviter le précipice",
a-t-il affirmé à propos d'un pays qui n'a plus de président ni de
gouvernement et où la loi des armes semble s'imposer même si l'ONU tente
d'y maintenir un dialogue politique.
Au rang des multiples "défis" dont le Yémen doit faire face, M. Ban a
évoqué une "crise politique dangereuse", des "tensions sécessionnistes
croissantes dans le sud" du pays et une "grave crise humanitaire" qui
touche désormais 16 millions de personnes.
L'intégralité du personnel diplomatique des Etats-Unis vient de quitter
le pays, en raison de l'insécurité grandissante dans la capitale Sanaa,
alors même que le Yémen est un élément clé dans le dispositif américain
de lutte contre Al-Qaïda.
Des combattants d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), considérée
par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau
extrémiste, ont fait une démonstration de force jeudi en s'emparant
d'une grande quantité d'armes lors de la prise d'assaut d'une base de
l'armée yéménite dans le sud du pays.
De source militaire yéménite, Aqpa aurait pris "30 chars, 90 véhicules
militaires, 25 blindés et 28 canons", tuant sept personnes dont trois
soldats après de violents combats.
Dans un message diffusé sur internet, un responsable d'Aqpa a confirmé
l'attaque, faisant état de cinq soldats morts, et affirmé que les
militaires capturés avaient été libérés après médiation d'une tribu
locale. Les assaillants ont dit avoir notamment saisi des armes lourdes,
des véhicules blindés et des canons.
Ce responsable du réseau extrémiste sunnite a justifié l'attaque en
disant que ce camp militaire de la province de Chabwa était sur le point
d'être cédé aux miliciens chiites, au pouvoir à Sanaa et qui cherchent à
étendre leur emprise sur le pays.
Venus de leur bastion dans le nord du pays, les Houthis sont entrés dans
la capitale en septembre et poussé à la démission fin janvier les chefs
de l'Etat et du gouvernement, assignés à résidence.
Ils ont dissous le Parlement et veulent mettre en place de nouvelles
institutions mais se heurtent à l'hostilité de forces politiques
yéménites et des pays voisins, notamment les monarchies du Golfe, qui
ont dénoncé leurs récents agissements comme un "coup d'Etat".
Les Houthis ont dénoncé jeudi la fermeture des ambassades des
Etats-Unis, de France et du Royaume-Uni, affirmant être prêts à remettre
des véhicules américains saisis après le départ du personnel
diplomatique de Washington.
La veille, ils avaient tenté en vain d'avancer vers les locaux fermés de
l'ambassade des Etats-Unis mais une unité des forces spéciales
yéménites, restée fidèle au président démissionnaire Abd Rabbo Mansour
Hadi et qui assure la sécurité de la chancellerie américaine, les a
obligés à battre en retraite.
Avant d'être évacués provisoirement vers Oman, diplomates et militaires
américains ont consciencieusement détruit documents et équipements
sensibles, ainsi que des armes lourdes, abandonnant des voitures à
l'aéroport international de Sanaa, selon le département d'Etat et le
Pentagone.
Un "responsable des Affaires étrangères" pour la milice chiite a jugé
"absolument injustifiée" la fermeture des ambassades et accusé ces pays
de chercher à exercer "des pressions" sur le peuple yéménite "dans sa
quête de dignité et d'indépendance".
Alors que Washington a exigé que les voitures saisies par les Houthis
soient "rendues", ce responsable a affirmé que les miliciens chiites
étaient "prêts à remettre ces véhicules à une quelconque partie fiable,
comme le bureau des Nations unies" à Sanaa.
Au plan politique, des consultations par l'émissaire de l'ONU Jamal
Benomar devaient reprendre jeudi soir à Sanaa, au lendemain d'un nouveau
round de discussions qui s'est terminé sans résultat.
A New York, Ban Ki-moon a appelé à soutenir les efforts de médiation de
M. Benomar, qui s'est adressé au Conseil de sécurité par
vidéo-conférence depuis Sanaa.
"Le Yémen est à la croisée des chemins: soit il plonge dans la guerre
civile soit il trouve un moyen de remettre la transition politique sur
ses rails", a-t-il affirmé.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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