jeudi 12 février 2015

Yémen : Le Yémen au bord du "précipice", s'alarme l'ONU

Ban Ki-moon s'est alarmé de "l'effondrement" du Yémen, où Al-Qaïda s'est emparé jeudi d'un camp militaire et d'importantes quantités d'armements dans une partie du pays échappant au contrôle de la milice chiite des Houthis au pouvoir à Sanaa.
"Nous assistons à l'effondrement du Yémen", a averti le secrétaire général des Nations unies devant le Conseil de sécurité.
"Nous devons tout faire pour aider le Yémen à éviter le précipice", a-t-il affirmé à propos d'un pays qui n'a plus de président ni de gouvernement et où la loi des armes semble s'imposer même si l'ONU tente d'y maintenir un dialogue politique.
Au rang des multiples "défis" dont le Yémen doit faire face, M. Ban a évoqué une "crise politique dangereuse", des "tensions sécessionnistes croissantes dans le sud" du pays et une "grave crise humanitaire" qui touche désormais 16 millions de personnes.
L'intégralité du personnel diplomatique des Etats-Unis vient de quitter le pays, en raison de l'insécurité grandissante dans la capitale Sanaa, alors même que le Yémen est un élément clé dans le dispositif américain de lutte contre Al-Qaïda.
Des combattants d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste, ont fait une démonstration de force jeudi en s'emparant d'une grande quantité d'armes lors de la prise d'assaut d'une base de l'armée yéménite dans le sud du pays.
De source militaire yéménite, Aqpa aurait pris "30 chars, 90 véhicules militaires, 25 blindés et 28 canons", tuant sept personnes dont trois soldats après de violents combats.
Dans un message diffusé sur internet, un responsable d'Aqpa a confirmé l'attaque, faisant état de cinq soldats morts, et affirmé que les militaires capturés avaient été libérés après médiation d'une tribu locale. Les assaillants ont dit avoir notamment saisi des armes lourdes, des véhicules blindés et des canons.
Ce responsable du réseau extrémiste sunnite a justifié l'attaque en disant que ce camp militaire de la province de Chabwa était sur le point d'être cédé aux miliciens chiites, au pouvoir à Sanaa et qui cherchent à étendre leur emprise sur le pays.
Venus de leur bastion dans le nord du pays, les Houthis sont entrés dans la capitale en septembre et poussé à la démission fin janvier les chefs de l'Etat et du gouvernement, assignés à résidence.
Ils ont dissous le Parlement et veulent mettre en place de nouvelles institutions mais se heurtent à l'hostilité de forces politiques yéménites et des pays voisins, notamment les monarchies du Golfe, qui ont dénoncé leurs récents agissements comme un "coup d'Etat".
Les Houthis ont dénoncé jeudi la fermeture des ambassades des Etats-Unis, de France et du Royaume-Uni, affirmant être prêts à remettre des véhicules américains saisis après le départ du personnel diplomatique de Washington.
La veille, ils avaient tenté en vain d'avancer vers les locaux fermés de l'ambassade des Etats-Unis mais une unité des forces spéciales yéménites, restée fidèle au président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi et qui assure la sécurité de la chancellerie américaine, les a obligés à battre en retraite.
Avant d'être évacués provisoirement vers Oman, diplomates et militaires américains ont consciencieusement détruit documents et équipements sensibles, ainsi que des armes lourdes, abandonnant des voitures à l'aéroport international de Sanaa, selon le département d'Etat et le Pentagone.
Un "responsable des Affaires étrangères" pour la milice chiite a jugé "absolument injustifiée" la fermeture des ambassades et accusé ces pays de chercher à exercer "des pressions" sur le peuple yéménite "dans sa quête de dignité et d'indépendance".
Alors que Washington a exigé que les voitures saisies par les Houthis soient "rendues", ce responsable a affirmé que les miliciens chiites étaient "prêts à remettre ces véhicules à une quelconque partie fiable, comme le bureau des Nations unies" à Sanaa.
Au plan politique, des consultations par l'émissaire de l'ONU Jamal Benomar devaient reprendre jeudi soir à Sanaa, au lendemain d'un nouveau round de discussions qui s'est terminé sans résultat.
A New York, Ban Ki-moon a appelé à soutenir les efforts de médiation de M. Benomar, qui s'est adressé au Conseil de sécurité par vidéo-conférence depuis Sanaa.
"Le Yémen est à la croisée des chemins: soit il plonge dans la guerre civile soit il trouve un moyen de remettre la transition politique sur ses rails", a-t-il affirmé.

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