Les Emirats arabes unis ont repris mardi leur participation aux raids de
la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI), après
plus d'un mois de suspension consécutive à la capture d'un pilote
jordanien en Syrie qui a été ensuite exécuté.
A un mois du 4e anniversaire de la guerre en Syrie, le président syrien
Bashar Al-Assad a dit dans un entretien à la BBC être tenu généralement
informé des raids de la coalition dirigée par les Etats-Unis contre les
jihadistes de l'EI dans son pays.
Dans un communiqué, le commandement militaire émirati a annoncé que "des
avions de l'escadron de F-16 positionné en Jordanie ont lancé ce matin
des raids contre des positions du groupe terroriste, atteignant leur
objectif et regagnant leur base sans dommage".
Les Emirats ont envoyé cet escadron en Jordanie pour soutenir ce pays
voisin de l'Irak et de la Syrie, dans les frappes contre l'EI, un groupe
ultraradical responsable d'atrocités.
Le communiqué émirati ne précise pas dans quelle région les raids ont
été lancés. Mais le commandement américain interarmées a confirmé la
participation des Jordaniens et des Emiratis aux raids menés ces
dernières heures en Syrie.
L'interruption des opérations émiraties était notamment due à un
différend avec Washington sur les moyens et modalités d'éventuelles
opérations de sauvetage des pilotes opérant dans la coalition.
Abou Dhabi avait souhaité le déploiement de V-22 Osprey, des appareils
mi-avions mi-hélicoptères, en Irak, donc plus près des théâtres
d'opérations, et non au Koweït comme jusqu'ici. Washington a accédé en
partie à cette demande en positionnant dans le nord irakien des équipes
spécialisées dans la recherche et le sauvetage de pilotes.
Le soldat jordanien Maaz al-Kassasbeh avait été capturé après le crash
de son F-16 alors qu'il menait des raids en Syrie. Le 3 février, l'EI a
diffusé une vidéo terrible de l'exécution de ce pilote de 26 ans, brûlé
vif dans une cage.
Depuis, la Jordanie a intensifié ses raids contre l'EI, qui a profité de
la guerre en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'y emparer de pans
entiers de territoire.
La montée en puissance en 2013 en Syrie de l'EI a éclipsé la guerre
entre rebelles syriens et régime déclenchée le 11 mars 2011 par une
contestation populaire qui a été réprimée dans le sang, avant de se
transformer en insurrection armée.
Alors qu'une grande partie de la Syrie échappe à son régime, l'autre Assad a
affirmé être tenu "informé" des raids de la coalition même si les
contacts sont au minima, les pays qui y participent excluant toute
relation avec lui.
"Parfois, ils transmettent un message, un message général. Il n'y a pas
de dialogue. Il y a, disons, information", a-t-il dit en s'exprimant en
anglais. Les messages transitent pas des pays tiers, "l'Irak et d'autres
nations".
Le président syrien a par ailleurs répété que son régime n'avait pas
utilisé d'armes chimiques contre sa population en août 2013 dans une
attaque près de Damas, qui avait fait jusqu'à 1.400 morts selon
Washington.
Il a aussi réfuté les accusations sur l'utilisation de barils
d'explosifs largués par des hélicoptères de son armée sur des secteurs
rebelles, qui ont fait des milliers de morts selon l'Observatoire syrien
des droits de l'Homme (OSDH).
"Je n'ai pas entendu parler de l'armée utilisant des barils, ou des
marmites", a-t-il dit en riant de son trait d'humour. "Quand vous visez,
quand vous tirez, vous visez des terroristes dans le but de protéger
des civils".
Interrogé sur un rapport de Human Rights Watch sur ces barils, Assad a
rétorqué: "C'est vraiment une histoire infantile que l'Occident
s'évertue à répéter".
Plus de 210.000 personnes ont été tuées en Syrie depuis 2011 et plus de
10 millions déplacées, dont près de quatre millions se sont réfugiées à
l'étranger.
Alors que rien ne semble pouvoir mettre fin à la guerre, l'émissaire de
l'ONU Staffan De Mistura se trouvait mardi à Damas pour évoquer son plan
de "gel" des combats à Alep (nord) et permettre la distribution de
l'aide humanitaire.
(10-02-2015)
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