dimanche 8 février 2015

Algérie : Décès de la romancière algérienne Assia Djebar, membre de l'Académie française

L'écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l'Académie française, est décédée vendredi à 78 ans dans un hôpital parisien, trois ans après avoir été pressentie pour le prix Nobel de littérature, a annoncé samedi la radio publique algérienne.
La romancière, qui était également cinéaste, sera enterrée, selon ses voeux, dans son village natal de Cherchell, en Algérie, la semaine prochaine.


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Assia Djebar, née Fatma-Zohra Imalayène à Cherchell le 30 juin 1936 et décédée le 7 février 2015 à Paris, est une historienne et une écrivaine algérienne d'expression française, auteure de romans, nouvelles, poésies et essais. Elle a écrit également pour le théâtre, et a réalisé plusieurs films. Assia Djebar est considérée comme l'une des auteurs les plus célèbres et influentes du Maghreb. Elle est élue à l'Académie française en 2005.

« J’écris, comme tant d’autres femmes écrivains algériennes avec un sentiment d’urgence, contre la régression et la misogynie. » (Assia Djebar)

Assia Djebar naît dans une famille de petite bourgeoisie traditionnelle algérienne amazigh. Son père, Tahar Imalhayène est un instituteur (issu de l’École normale d’instituteurs de Bouzaréah) originaire de Gouraya. Sa mère, Bahia Sahraoui, appartient à la famille amazigh des Berkani (issue de la tribu des ait Menasser du Dahra). Assia Djebar passe son enfance à Mouzaïaville (Mitidja), étudie à l'école française puis dans une école coranique privée. À partir de 10 ans, elle étudie au collège de Blida, faute de pouvoir y apprendre l'arabe classique, elle commence à apprendre le grec ancien, le latin et l'anglais. Elle obtient le baccalauréat en 1953 puis entre en hypokhâgne au lycée Bugeaud d’Alger (actuel lycée Emir Abdelkader).
En 1954, elle entre en khâgne au lycée Fénelon (Paris). L'année suivante, elle intègre l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, où elle choisit l'étude de l'Histoire. Elle est la première algérienne et la première femme musulmane à intégrer l'École. À partir de 1956, elle décide de suivre le mot d'ordre de grève de l'UGEMA, l’Union générale des Étudiants musulmans algériens, et ne passe pas ses examens. C'est à cette occasion qu'elle écrira son premier roman, La Soif. Pour ne pas choquer sa famille, elle adopte un nom de plume, Assia Djebar; Assia, la consolation et Djebar, l'intransigeance. Elle épouse l'écrivain Walid Carn, pseudonyme de l'homme de théâtre Ahmed Ould-Rouis puis quitte la France pour l'Afrique du Nord.
À partir de 1959, elle étudie et enseigne l'histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la Faculté des lettres de Rabat. En parallèle, aidée par l'islamologue Louis Massignon, elle monte un projet de thèse sur Lella Manoubia, une sainte matrone de Tunis.
Le 1er juillet 1962, elle retourne en Algérie. Elle est nommée professeur à l'université d'Alger. Elle y est le seul professeur à dispenser des cours d’histoire moderne et contemporaine de l'Algérie. Dans cette période de transition post-coloniale, la question de la langue de l'enseignement se pose. L'enseignement en arabe littéraire est imposé, ce qu'elle refuse. Elle quitte alors l'Algérie.
De 1966 à 1975, elle réside le plus souvent en France, et séjourne régulièrement en Algérie. Elle épouse en seconde noce Malek Alloula.
Pendant une dizaine d'années, elle délaisse l'écriture pour se tourner vers un autre mode d'expression artistique, le cinéma. Elle réalise deux films, La Nouba des Femmes du Mont Chenoua en 1978, long-métrage qui lui vaudra le Prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise de 1979 et un court-métrage La Zerda ou les chants de l'oubli en 1982.
En 1999 elle soutient sa thèse à l'université Paul-Valéry Montpellier 3, une thèse autobiographique, une thèse sur sa propre oeuvre : Le roman maghrébin francophone, entre les langues et les cultures : quarante ans d'un parcours : Assia Djebar, 1957-1997. La même année, elle est élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Depuis 2001, elle enseigne au département d'études françaises de l'université de New York. Le 16 juin 2005, elle est élue au fauteuil 5 de l'Académie française, succédant à Georges Vedel, et y est reçue le 22 juin 2006. Elle est docteur honoris causa des universités de Vienne (Autriche), de Concordia (Montréal), d’Osnabrück (Allemagne).
Les œuvres d'Assia Djebar ont été traduites en 21 langues. Assia Djebar a vécu en France et aux États-Unis, où elle a enseigné la littérature française.

Œuvres principales

La Soif, roman (1957)
Les Impatients, roman (1958)
Les Enfants du Nouveau Monde, roman (1962)
Les Alouettes naïves, roman (1967)
Poèmes pour l'Algérie heureuse, poésie (1969)
Rouge l'aube, théâtre (1969)
Femmes d'Alger dans leur appartement, nouvelles (1980)
L'Amour, la fantasia, roman (1985)
Ombre sultane, roman (1987)
Loin de Médine, roman (1991)
Vaste est la prison, roman (1995)
Le Blanc de l'Algérie, récit (1996)
Ces voix qui m'assiègent: En marge de ma francophonie, essai (1999)
La Femme sans sépulture, roman (2002)
La Disparition de la langue française, roman (2003)
Nulle part dans la maison de mon père, roman (2007)

(07-02-2015)

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