C’est une claque qu’a reçue jeudi soir David Cameron. Le Premier
ministre britannique, qui avait été l’un des premiers dirigeants
occidentaux à évoquer une intervention occidentale en Syrie après
l’attaque chimique perpétrée le 21 août à Damas, a essuyé un cinglant
revers de la part de la Chambre des communes britannique. Sa motion
gouvernementale, qui proposait une action militaire "légale et
proportionnée", a été rejetée par 285 députés contre 272.
"Il est clair que le Parlement britannique ne veut pas d’intervention
militaire britannique. Je prends note et le gouvernement agira en
conséquence", a réagi le chef du gouvernement britannique devant les
députés. À l’évidence, le Royaume-Uni ne participera pas à une
intervention occidentale en Syrie, annoncée depuis plusieurs jours comme
"imminente". Il s’agit de la "pire humiliation de son mandat", titrait
ce vendredi le Times de Londres. Contrairement aux États-Unis et à la
France, le Royaume-Uni est un régime parlementaire. David Cameron devait
donc recevoir l’aval de la Chambre des communes avant toute
intervention. Mais ce refus marque un sérieux revers pour la diplomatie
occidentale, et pour l’Europe.
C’est que les discours de fermeté affichés à Londres, Paris et
Washington, depuis une semaine, ont peu à peu laissé la place à un
curieux attentisme. La Maison-Blanche, qui annonçait mardi qu’elle
n’avait "aucun doute" quant à la responsabilité de Damas dans le raid
chimique, affirmait le lendemain n’avoir toujours pas pris de décision
sur une intervention, tout comme elle n’avait pas publié le rapport du
renseignement américain contenant, selon elle, les preuves irréfutables
de l’implication du régime syrien.
De la même façon, François Hollande, qui avait retrouvé mardi son
costume de "chef de guerre", se disant "prêt à punir ceux qui ont pris
la décision infâme de gazer des innocents", a ensuite fait preuve de
beaucoup plus de retenue en rappelant jeudi la nécessité "d’une solution
politique" en Syrie. Avec le retrait britannique, la coalition perd
donc l’un de ses plus fermes alliés, qui avait pourtant déjà dépêché
jeudi six avions de chasse à Chypre.
Ce désistement peut-il bouleverser les plans occidentaux ? Cela paraît
peu probable, une grande partie des capacités militaires sur cette
mission étant assurée par les États-Unis, Londres comme Paris faisant
davantage figure d’alliés politiques et stratégiques. D’ailleurs,
quelques heures à peine après le rejet britannique de l’opération, la
Maison-Blanche a clairement laissé entendre qu’elle ne renoncerait pas à
intervenir en Syrie. Le président Obama "pense que des intérêts
cruciaux des États-Unis sont en jeu et que les pays qui violent les
règles internationales sur les armes chimiques doivent rendre des
comptes", a-t-elle ajouté. Vendredi, Washington, qui n’a pas écarté la
possibilité d’une action unilatérale, multipliait néanmoins les
consultations pour renforcer la coalition internationale appelée à
frapper en Syrie.
C’est que Barack Obama joue sa crédibilité sur cet épineux dossier. Le
président américain, qui avait menacé il y a un an Bachar el-Assad d’une
riposte ferme en cas d’utilisation d’armes chimiques, ne peut se
dérober. Et l’escalade verbale de cette semaine le condamne à agir. "Si
les pays occidentaux ne sont pas capables de respecter leur propre
parole, que vaudront leurs pressions militaires devant le défi posé par
le nucléaire iranien ?" s’interroge ainsi le général Vincent Desportes,
professeur à HEC et Sciences Po et ancien directeur de l’École de
guerre.
Quant à la France, on voit mal François Hollande, en première ligne sur
le dossier syrien depuis sa prise de fonction en 2012, manquer une
nouvelle fois à ses engagements envers l’opposition syrienne, comme il
l’a déjà fait sur la question de la livraison d’armes en début d’année.
(30-08-2013 - Armin Arefi)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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