"Je ne suis pas allée au travail pendant une semaine de crainte des
violences" : comme Faten al-Goundi, qui attend un taxi dans le centre du
Caire, les habitants de la capitale ont repris lundi une vie
quasi-normale.
"La situation est bien meilleure maintenant, les transports publics ont
repris et je me sens beaucoup plus en sécurité", explique cette mère de
trois enfants à l’AFP avant de prendre un taxi sur l’emblématique place
Tahrir désormais totalement rouverte à la circulation.
Dans la capitale égyptienne, une mégalopole de 20 millions d’habitants
bruyante et chaotique, la plupart des commerces ont rouvert dès
dimanche, premier jour de la semaine dans le pays. Les rues ont retrouvé
leur animation alors qu’elles étaient désertes pendant les jours qui
ont suivi le démantèlement, dans le sang, le 14 août de deux
rassemblements permanents des Frères musulmans réclamant le
rétablissement du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l’armée
et arrêté le 3 août.
Le retour progressif à la vie a été favorisé par l’absence pendant plus
d’une semaine d’affrontements violents au Caire, où un couvre-feu est en
vigueur de 21H00 jusqu’à 06H00 comme dans 13 autres provinces du pays.
Les islamistes, visés par une campagne de répression, n’ont par ailleurs
réussi à mobiliser que quelques milliers de manifestants vendredi dans
la capitale.
L’état d’urgence, dont la levée était un des acquis de la révolte qui a
renversé début 2011 Hosni Moubrak, a été rétabli et reste en vigueur
jusqu’à la mi-septembre dans la totalité des régions du pays le plus
peuplé du monde arabe.
Après le démantèlement des camps islamistes, l’Egypte s’était retrouvée
prise dans un engrenage de la violence. Plus de 1.000 personnes ont été
tuées, essentiellement des partisans de M. Morsi, en quelques jours dans
les pires affrontements de l’histoire récente du pays.
Imane Abdel Aziz, installée dans un microbus plein, dit se sentir "en
sécurité depuis que l’armée a arrêté les chefs des Frères musulmans",
faisant référence à la vague d’arrestations parmi les chefs et les
cadres de la confrérie de l’ex-chef de l’État qui n’a même pas épargné
son Guide suprême Mohamed Badie et ses deux adjoints.
Autour d’elle, les grandes artères du Caire, où le trafic était
relativement fluide depuis la destitution de M. Morsi, ont retrouvé leur
habituel concert de klaxons et les kilomètres de bouchons qui les
encombrent habituellement.
Les chars de l’armée et les blindés de la police qui bloquaient de
nombreux axes ont été retirés des rues, laissant place aux seuls agents
de la circulation et se repliant devant les seuls bâtiments des services
de sécurité.
Les banques, qui étaient fermées ou ouvertes pendant quelques heures par
jour, accueillent désormais de nouveau leurs clients pendant les
horaires habituels de 08H00 à 15H00 heures, sur ordre de la Banque
centrale. Le directeur adjoint d’une banque d’investissement a affirmé à
l’AFP que "le flux de clients est revenu à la normale alors qu’ils
s’étaient fait rares pendant une semaine".
Sur une avenue commerçante du faubourg de Mohandissine, théâtre il y a
deux semaines d’incidents meurtriers, les vitrines des magasins sont
encore protégées par des barreaux de fer.
Après avoir été fermée à la circulation pendant près de dix jours,
l’avenue est de nouveau encombrée de centaines de voitures. "La semaine
passée a été catastrophique mais aujourd’hui nous revenons quasiment à
la normale", affirme un commerçant qui refuse de donner son nom. Même
son de cloche dans les restaurants dont certains affirment n’avoir pas
eu de clients depuis le début des événements sanglants dans le pays.
La nuit toutefois, Le Caire redevient une ville fantôme dès que débute
le couvre-feu. Raccourci de deux heures samedi et ne commençant qu’à
21H00, il n’en recouvre pas moins tous les soirs la capitale d’une chape
de silence.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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