Beaucoup s’interrogent sur la situation en Syrie, sur les parties en présence et les enjeux en cours.
Il est un fait que la concurrence médiatique entre les parties avec
la surenchère et certainement des mensonges n’aide pas vraiment à
comprendre.
Il y a certainement des enjeux économiques et des enjeux pour la
résistance contre les plans impérialistes-sionistes dans la région du
Moyen-Orient.
Mais il y a un autre enjeu dont on ne parle pas beaucoup ; c’est
celui de l’avenir des peuples de la région, de la liberté des individus
et de la démocratie.
Alors il faut prendre la peine d’y voir clair : déterminer les
parties en présence et leurs intérêts, leurs positions afin de
comprendre la situation actuelle et ce qui peut se passer à l’avenir et
prendre position.
Chronologiquement il faut noter que les mouvements de protestations
qui ont débuté en Tunisie en décembre 2010 et qui se sont propagés en
Egypte, en Syrie, au Yémen, au Bahreïn… ont sans aucun doute ouvert une
nouvelle phase historique pour les peuples de la région, pleine d’espoir
de liberté, de démocratie, de droits et de justice.
Si en Tunisie, en Egypte et au Yémen ces mouvements (toujours en
cours), ont abouti à l’éviction des présidents en place et à ébranler
les régimes qui n’ont pas complètement disparu, il n’en fût pas de même
au Bahreïn où la révolte a été matée par des troupes saoudiennes et
jordaniennes. Quant à la Syrie, ni le président ni le régime ne sont
tombés malgré les mouvements de protestations pacifiques et d’autres
armés.
Les évènements ont commencé en Syrie quand en mars 2011, après les
événements en Tunisie et en Egypte, il y a eu au sud du pays dans la
ville de Derr’a un petit événement qui allait lancer une dynamique qui
dure jusqu’à aujourd’hui.
Prenant exemple sur les événements en Tunisie et en Egypte, une
quinzaine d’enfants de 10 à 16 ans ont tagué sur des murs de la ville
des slogans pour la liberté. La sécurité politique (l’un des services du
régime – une quinzaine) les a arrêtés et torturés. Leurs parents sont
allés demander leur libération avec des responsables de clans tribaux
dans cette région.
Le responsable de la sécurité politique les a humiliés et n’a pas
libéré les enfants. Des manifestations populaires régulières ont alors
commencé pour demander leur libération avec leur lot de morts et de
blessés. Ces dernières commençant à prendre de l’ampleur, le régime a
muté ce responsable dans la ville d’Edleb au nord-ouest de la Syrie.
En solidarité avec les enfants toujours emprisonnés, des
manifestations ont commencé à Edleb contre ce responsable, pour la
libération des enfants et en solidarité avec la population de Der’aa
réprimée. Le fait est que le régime a commencé à réprimer ces
manifestations entraînant des victimes.
De victime en victime, les manifestations se sont répandues dans tout
le pays contre la répression et pour demander la Liberté. Le seul
slogan du nord au sud était « Dieu, la Syrie, la liberté ». Le fameux
slogan « Le peuple veut faire tomber le régime » n’est apparu que sept
mois après.
Face à la répression à Derr’a, même les habitants du camp de réfugiés
palestiniens de Derr’a ont été solidaires et ont payé finalement aussi
leur engagement. Leur camp a été partiellement brûlé et détruit et
beaucoup sont partis.
A ce moment là, certaines parties sont entrées en jeu, notamment le
Qatar et sa chaîne Al Jazeera qui a commencé à propager des mensonges
quant à la situation en Syrie : par exemple en annonçant des évènements
qui n’existaient pas sur le terrain. Et ce n’est pas anodin car il y
avait eu un conflit d’intérêt récent entre la Syrie et le Qatar sur le
passage d’un gazoduc vers l’Europe. La Syrie qui a finalement choisi de
coopérer avec l’Iran et le gaz Russe, a fortement irrité non seulement
le Qatar qui cherchait une porte de sortie vers l’Europe via la Syrie et
la Turquie, mais aussi cette dernière, l’Union européenne et finalement
les USA.
Il y a donc à la source des événements en Syrie une demande
fondamentale de liberté du peuple syrien, un différent sur
l’approvisionnement en gaz pour l’Europe et surtout il y a la volonté
chez ces puissances, les États-Unis, l’Europe et Israël de casser l’axe
Iran-Syrie-Hezbollah-Irak-Hamas suite à la guerre contre le Liban en
2006 et celles contre Gaza en 2008/2009 puis 2012. Ces puissances
avaient demandé à la Syrie après 2006 de renoncer à son alliance avec
l’Iran et le Hezbollah qui avait résisté avec l’aide de ces pays contre
Israël. Ce dernier voulant détruire le Hezbollah et son grand allié
l’Iran par tous les moyens directs et indirects, comme par exemple en
organisant des troubles pouvant déboucher sur un conflit armé au Liban à
travers ses alliés comme les forces libanaises et le clan du 14 mars.
D’autres alliés de Washington comme l’Arabie Saoudite, concurrente du
Qatar pour le leadership religieux sur la scène régionale, sont aussi
présents et avancent leurs poulains au sein de l’opposition syrienne.
Il est un fait aussi qu’il y a une concurrence économique dans la
région entre l’Arabie Saoudite, l’Iran, les USA, le Qatar, les Émirats,
la Turquie, Israël, l’Egypte…
Il faut savoir par exemple que le montant des investissements
iraniens dans les pays du Golfe dépasse les 300 milliards de dollars.
Ces investissements sont en concurrence directe avec les puissances
régionales et impérialistes. Ce qui a amené à l’époque le président
américain Georges Bush à vouloir initier un conflit militaire entre
l’Arabie Saoudite, le Koweit, les pays du Golfe et l’Iran.
Il y a eu alors la volonté comme pour la Libye, et là encore pour des
intérêts sur le gaz et le pétrole, de mettre la main sur les mouvements
de protestations et de faire intervenir des puissances étrangères pour
leurs seuls intérêts (pétrole, gaz, canal de Suez…) et aussi afin de
protéger Israël par tous les moyens.
Rolland Dumas – ancien Ministre des Affaires Etrangères, a récemment
dévoilé le plan des Britanniques qui déjà en 2009 (soit deux ans avant
les premières manifestations en Syrie) préparaient des groupes armés qui
devaient intervenir contre le régime syrien.
L’implication de ces puissances en Syrie et leur soutien à une partie
de l’opposition syrienne (frères musulmans et autres groupuscules)
était pour affaiblir le régime, le faire renoncer à cette alliance et
finalement le faire tomber et plus tard s’attaquer à l’autre partie de
cette alliance qui est l’Iran. Car le rôle du régime syrien de Hafez Al
Assad sur le plan régional qui était dans le giron soviétique et Russe
aujourd’hui n’a jamais été accepté par ces puissances, par exemple quand
il mène la guerre en 1973 conjointement avec l’Egypte de Sadate contre
Israël pour récupérer l’un la péninsule du Sinaï et l’autre le plateau
du Golan ou son soutien actuel à la résistance contre Israël – par
l’aide au Hezballah ou au Hamas.
Le jeu préféré du régime syrien, fut la résistance par délégation,
c’est-à-dire qu’il utilisait selon ses intérêts et ses alliances
politiques du moment, des organisations comme le FPLP commandement
général d’Ahmad Gibril pour lancer de temps en temps une opération armée
contre Israël ou le Fatah d’Abou Moussa pour tenter d’obtenir le
leadership au sein de la révolution palestinienne. Sinon la résistance
au Liban contre Israël était principalement depuis la fin des années 60
jusqu’aux accords de Taëf en 1991 palestinienne et libanaise, avec le
parti communiste libanais, des nationalistes arabes, d’autres factions
libanaises comme le Hezbollah chiite. Le rapport du régime syrien à ce
dernier mouvement, de loin le plus fort au Liban, dépendait des rapports
entre la Syrie et le régime iranien (principal inspirateur et soutien
de ce mouvement) selon leurs intérêts régionaux avec tel ou tel pays.
La nature du régime syrien
Hafez al Assad appartient à la communauté religieuse alaouite issue
du chiisme. Les vicissitudes de l’histoire les ont amenés à se réfugier
dans les montagnes syriennes proches de la Méditerranée. C’était une
population de paysans pauvres comme la majorité de la population
syrienne. Leur cohésion était assurée par un regroupement solidaire en
clans, ce qui n’empêchait pas de violentes luttes pour le pouvoir. Le
père de Hafez était un petit notable rural particulièrement énergique,
ce qui lui a valu le surnom d’al Assad, « le lion ». Il s’est attaché à
ce que ses onze enfants reçoivent une éducation moderne. A neuf ans,
Hafez est envoyé à l’école dans la grande ville littorale de Lattaquié.
Il est un des rares dans son milieu à pouvoir faire des études
secondaires durant les années chaotiques de la Seconde Guerre mondiale
et de la fin du mandat français.
Le militant politique
Dès l’âge de seize ans, il devient un nationaliste arabe et un
militant du parti Baath, qui vient d’être fondé. Ce mouvement politique
attire déjà un nombre considérable de jeunes alaouites éduqués, qui y
trouvent un dépassement des cadres communautaires. Dès cette époque, il
s’oppose au mouvement sunnite des Frères musulmans. Il combat aussi les
courants politiques rivaux des communistes et du parti populaire syrien -
P.P.S. - qui désire une Grande Syrie en refusant l’identité arabe.
C’est un parti politique laïque créé en 1932 à Beyrouth, qui préconise
une grande nation syrienne comprenant le Liban, la Syrie, la Palestine,
la Jordanie, l’Irak, le Koweit, Chypre, la Cilicie en Turquie et le
Chatt el Arab en Iran. Il considère qu’il n’existe que quatre nations
arabes, dont la Syrie, les autres étant l’Arabie, l’Egypte et le
Maghreb.
En 1951, Hafez al Assad devient le président de l’Union des étudiants
syriens, son premier poste d’envergure nationale. C’est déjà une
réussite exceptionnelle pour un alaouite.
La même année, il entre dans l’armée, seul moyen pour lui de faire
des études supérieures. En 1955, il devient officier pilote dans la
toute jeune aviation syrienne. Et depuis 1949, l’armée s’est imposée par
une série de coups d’État comme un acteur essentiel dans le jeu
politique syrien.
Le comploteur
Militant politique dans l’armée la plus politisée du monde arabe,
Hafez al Assad participe directement aux événements de la « lutte pour
la Syrie ». Sa carrière militaire est favorisée par le poids croissant
de son parti. Il suit des cours de formation en Égypte et en Union
soviétique. Il s’opposa en 1958 à l’union entre l’Egypte et la Syrie qui
devait créer la République Arabe Unie (RAU). Stationné au Caire, il
travaille avec d’autres officiers, à mettre un terme à cette union.
Quoique baassiste et favorable à l’idéal d’une union panarabe, il
s’oppose à la domination du régime de Nasser au sein de la République
arabe unie. Il est l’un des fondateurs du « comité militaire »
clandestin, composé d’officiers baassistes cherchant à reconstruire leur
parti dissous depuis 1958. En conséquence, il est brièvement emprisonné
par les autorités égyptiennes lors de la dissolution de la république
unitaire en 1961.
Après la dissolution de la R.A.U., il rentre en Syrie (fin 1961) et
participe à une vie politique agitée de coups d’État successifs. Il est
l’un des organisateurs du coup d’État du 8 mars 1963 qui avec une
coalition de groupements politiques de gauche menée par le Baath amène
ce parti au pouvoir.
Assad fut nommé chef d’état-major de l’armée de l’air en 1964. L’État
était dirigé par Amin al Hafez. A ce moment, le parti Baath était
dominé par un groupe de jeunes alaouites, dont Assad faisait partie.
L’accession au pouvoir
Le comité militaire cherche à prendre le contrôle du parti Baath.
Après trois ans de conflit, cette faction se saisit du pouvoir et
élimine les fondateurs du mouvement. Ce « néo-Baath », aux positions
extrémistes, s’oppose au Baath iraquien, qui se veut le continuateur de
la légitimité des fondateurs. Chef de l’armée de l’air, Hafez al Assad
devient ministre de la Défense en février 1966. Pressenti de plus en
plus comme un membre influent du gouvernement, il exerce dès lors un
pouvoir considérable sur la politique gouvernementale.
En 1966, l’aile pro-soviétique du Baath, menée par Salah Jedid,
entreprent un coup d’État au sein du régime et écarte les autres partis
du gouvernement. L’armée se scinde alors en factions à base
communautaire. Le groupe druze est éliminé au début de 1967. Le pouvoir
était toutefois traversé par d’importantes tensions entre une aile
radicale du Baath, favorable à une politique étrangère agressive et à
des réformes sociales rapides, et une aile militaire, dirigé par Assad,
plus pragmatique.
Trop impliquée dans la politique, l’armée syrienne est défaite lors
de la guerre de juin 1967 menée par Israël, qui se conclut par la perte
du plateau du Golan. Hafez al Assad continue sa marche vers le pouvoir
et élimine successivement tous ses rivaux, y compris alaouites. Quand le
président Noureddine al Atassi et le secrétaire général du parti Baath,
Salah Jedid, prennent conscience du danger et ordonnent que Assad et
Tlass (plus tard son Ministre de la défense) soient écartés de toute
position de pouvoir dans le parti et le gouvernement, il était trop
tard. Hafez el-Assad lançe rapidement un coup de force à l’intérieur du
parti. Il prend le pouvoir le 13 novembre de la même année.
Il rappelle alors les forces armées syriennes engagées en Jordanie
aux cotés des fedayins palestiniens qui seront éliminés par les forces
jordaniennes à la demande du secrétaire d’Etat américain Rogers et
d’Israël pour empêcher les opérations armées palestiniennes contre
l’occupant sioniste. Assad contribue à la fin de la résistance
palestinienne en Jordanie – Septembre noir.
Le Baath fut « purgé », Atassi et Jedid furent envoyés en prison où ils meurent dans les années 1990.
Le régime trouve un soutien essentiel dans la minorité alaouite, dont
Hafez el-Assad plaçe des membres à de nombreux postes clés de
l’appareil d’État. Le régime se caractérise par l’emprise qu’il exerce
sur la vie sociale et politique, interdisant toute opposition et
réprimant avec violence toute contestation. Le monopole du parti unique –
le Baath – sur le pouvoir, était inscrit dans le fameux paragraphe n°8
de la constitution, finalement abrogé en février2012 sous la pression
populaire.
Dès sa prise de pouvoir, Hafez al Assad se présente en « correcteur »
des excès de la période précédente. Le 12 mars 1971, il devient
président de la Syrie. Il exécute en tout cinq septennats consécutifs.
Le parti Baath devient une organisation de masse chargée d’encadrer la
population et l’État. La Syrie rétablit des relations avec les autres
États arabes et prépare, avec l’Égypte, la reprise du combat contre
Israël. Durant la guerre d’octobre 1973, l’armée syrienne prend pour la
première fois l’offensive. Elle est repoussée par les Israéliens au prix
de lourdes pertes. Israël réplique en détruisant l’infrastructure
économique de la Syrie par une série de raids aériens. Hafez al Assad
est prêt à lancer une contre-offensive quand Anouar el Sadate accepte un
cessez-le-feu soutenu par les États-Unis. Faisant entrer son pays dans
le processus de paix dirigé par les Etats-Unis. Hafez al Assad obtient
un accord de désengagement qui rend à la Syrie une partie du Golan (mai
1974). Il se prononce pour l’application des résolutions 242 et 338,
qui, selon lui, prévoient l’évacuation de tous les territoires occupés
en échange de la paix.
La vision politique régionale
Le président syrien se présente toujours comme le champion de l’unité
arabe ; il a d’ailleurs accepté une union, formelle et sans réalité
concrète, avec l’Égypte et la Libye (1971). Quant à l’existence d’un
régime baassiste en Iraq, elle provoque un conflit de légitimité qui
oppose les deux pays au lieu de les rapprocher.
Son ambition réelle est la reconstruction de la « Grande Syrie », ou
« Syrie naturelle », qu’il considère, comme les dirigeants syriens qui
l’ont précédé et comme beaucoup de ses compatriotes, comme ayant été
partagée en 1916 (accords Sykes-Picot) et dépecée en 1920 par les
impérialistes. Dans ce cadre, il considère que la cause palestinienne
est trop importante pour être laissée aux seuls Palestiniens, que les
Libanais et les Syriens forment un même peuple divisé en deux États et
que Damas doit exercer une tutelle sur la Jordanie.
Hafez el-Assad hérite d’un régime dictatorial, établi durant de
longues années d’un pouvoir militaire instable, puis réorganisé suivant
la politique du parti unique du Baath. Non seulement, il ne rompt pas
avec ce régime, mais il en accroît la dimension répressive, et s’efforce
de contrôler chaque secteur de la société à travers un vaste appareil
policier et de renseignement. Se sont en tout plus d’une quinzaine de
services de renseignements qui œuvrent en premier lieu à la suprématie
du pouvoir du président Hafez Al Assad. Ils sont en constante
concurrence les uns contre les autres, traquant les opposants au régime,
faisant des milliers de victimes et de disparus. Au sein de l’armée, il
existe des forces spéciales dont la garde républicaine qui sont
aujourd’hui directement sous les ordres de Maher Al Assad, le frère de
Bachar.
Le régime met également en place un culte de la personnalité, le
décrivant comme un dirigeant juste, sage et puissant de la Syrie et du
monde arabe en général. À la manière soviétique, ce culte se traduisit
par un vaste système de propagande fait d’affichages de son effigie,
d’érections de sa statue, de discours publics glorificateurs, etc... Son
fils Bassel appelé à lui succéder, fit, plus tard, l’objet d’un culte
semblable mais il trouva la mort dans un accident de voiture le 21
janvier 1994.
La Syrie au Liban
Assad joua un rôle clé dans l’histoire du Liban. La guerre civile
libanaise, qui éclata en 1975 et opposa sur fond de conflit
israélo-arabe les communautés religieuses du pays (chrétiens et membres
de la droite libanaise d’une part, musulmans, « progressistes de
gauche » et Palestiniens de l’autre) finit par tourner à la défaveur des
chrétiens. Craignant de perdre le pouvoir présidentiel qui était
réservé aux chrétiens de rite maronite depuis le Pacte de 1943
(constitution laissée par le régime colonial français), les leaders des
milices fascistes chrétiennes Camille Chamoun et Pierre Gemayel
lancèrent un appel au régime syrien pour sauvegarder leur pouvoir. Hafez
al Assad veut aussi mettre fin à la concurrence idéologique et
organisationnelle des progressistes et des Palestiniens sur la scène
libanaise et arabe qu’il juge "trop révolutionnaires" et pouvant donc
renverser son propre régime.
La Syrie se présente alors faussement en « médiatrice et garante d’un
réaménagement constitutionnel » au Liban. En 1976, elle s’allie
politiquement et militairement aux fascistes du camp chrétien contre les
« palestino-progressistes » en avançant comme motif la réintégration
des chrétiens dans le camp arabe.
Le président syrien, qui soufflait sur les braises de la guerre du
Liban en soutenant tour à tour les différentes parties, y a vu
l’occasion d’installer ses troupes. Ce sera le début de la mainmise
syrienne sur le Liban, qui durera jusqu’en 2005.
A ce moment là, les forces syriennes assiègent les camps de réfugiés
palestiniens de Tel Al Zaatar, de Jesser al Basha et de Dhbay (situés à
Beyrouth Est – en secteur chrétien), qu’elles finissent par investir
avec leurs chars en roulant sur les cadavres des combattants
palestiniens (ces camps seront finalement détruits). Un conflit armé de
plusieurs années se déroulera entre le clan palestino-progressiste et
les forces syriennes au Liban avec leurs supplétifs. La ligue arabe
impose un cessez-le-feu et transforme la présence syrienne en force
arabe de « dissuasion ». Israël fait savoir, par l’intermédiaire des
États-Unis, l’existence de « lignes rouges » interdisant l’entrée des
forces syriennes au Sud Liban, qui devient le sanctuaire des
Palestiniens (octobre 1976). Les accords de Camp David (septembre 1978)
entraînent un renversement des alliances, les chrétiens devenant la
cible des bombardements, tandis que les Palestiniens prennent la
fonction d’un allié malcommode. En 1978, intervient un accord entre
l’OLP et le régime syrien pour amplifier la résistance qui ne sera
finalement pas respecté par les deux parties.
La crise intérieure du régime
L’opposition au régime
L’opposition au régime d’Assad en Syrie a débutée à la naissance de
ce dernier. Elle était diverse allant des communistes aux frères
musulmans. À partir de 1977, la Syrie est victime d’une série
d’attentats qui visent les symboles du régime. On accuse d’abord les
Iraquiens puis le mouvement des Frères musulmans. Hafez al Assad répond à
ces attentats, qui se transforment en 1981-1982 en soulèvements, par
une répression faisant plusieurs milliers de morts (la plus grande part
de civils), en particulier à Hama en février 1982.
À peine sorti de cette période, Assad doit faire face à l’invasion
israélienne du Liban en juin 1982. L’armée syrienne, qui n’a
pratiquement pas combattu, est bombardée par les Israéliens quand elle
se retire de la région de Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa’. Le
gouvernement d’Amine Gemayel, les Américains et les Israéliens se
comportent comme si les Syriens ne jouaient plus aucun rôle au Liban.
Les milices chrétiennes libanaises commettent avec l’aide des troupes
sionistes les massacres de Sabra et Chatila.
Hafez al Assad décide de jouer sur les multiples fractures libanaises
et palestiniennes. Il utilise une scission chez les Palestiniens pour
éliminer les partisans d’Arafat du Liban. Il soutient la montée en
puissance des chiites du mouvement Amal et du Hezbollah. En 1983, ses
services participent à la préparation des opérations contre la force
multinationale occidentale.
De 1985 à 1991, le régime syrien se sert entre autre du mouvement
chiite Amal pour se réimplanter au Liban et veut prendre le contrôle du
mouvement de résistance palestinien. Le mouvement Amal avec l’aide des
forces syriennes organise le blocus des camps (guerre des camps) de
réfugiés palestiniens avec des pilonnages continus qui feront durant ces
années des milliers de morts. L’autre mouvement chiite Hezbollah
s’interposera pour défendre les camps et une lutte à mort se déroulera
entre le Hezbollah et le mouvement Amal soutenu par le régime syrien
notamment pour le contrôle des zones chiites au Liban dans le cadre de
la partition en cantons confessionnels proposée à ce moment là. Le
Hezbollah paiera pendant plusieurs années le prix fort la répression
conjointe Amal-Forces syriennes.
La volonté de récupérer l’intégralité du plateau du Golan n’a pas
cessé d’être un des axes centraux de la politique de Hafez el-Assad. Il
respecta, toutefois, la ligne de cessez-le-feu placée sous le contrôle
des Nations unies. Assad choisit une politique indirecte de pression sur
Israël, à travers le soutien à divers mouvements qu’il a clientélisé.
Sur le plan interarabe, il prend une position intransigeante dans la
question du processus de paix et s’oppose aux projets de conférence
internationale avec une délégation commune jordano-palestinienne qu’il
considère comme étant concurrente. Il s’allie avec l’Iran, en guerre
contre l’Iraq baassiste, et reçoit l’appui de l’Union soviétique, qui
soutient sa tentative d’arriver à une parité militaire avec Israël.
Toutefois, avec la chute de l’URSS, il comprend que l’équilibre des
forces est en faveur des États-Unis et de son principal allié dans la
région, Israël.
En 1990, Le déclin de l’Union soviétique met pratiquement fin au
soutien de Moscou en faveur de la Syrie. Hafez al Assad est obligé de se
rapprocher de l’Égypte d’Hosni Moubarak et de la Jordanie. Il abandonne
le radicalisme de son discours et compose avec les Américains sur la
question libanaise. Après la fin de la guerre entre l’Iraq et l’Iran
(1988), le Liban devient le nouveau champ d’affrontements entre les deux
régimes baassistes. En 1990, le général Michel Aoun (soutenu par l’Irak
et avec l’aide d’Arafat) se lance dans une guerre de « libération »
contre la Syrie. Mise un moment en difficulté, cette dernière voit son
rôle reconnu par les accords de Taëf (octobre 1989). Durant la 1ère
guerre du Golf, Hafez al Assad aligne son pays sur la coalition contre
l’Iraq. Cela lui permet d’éliminer définitivement les partisans du
général Aoun (octobre 1990) et d’établir un protectorat de fait sur le
Liban en reconstruction. En 1991, il accepte alors, pressé par les
États-Unis, de s’engager dans des négociations avec Israël.
Hafez al Assad engage son pays dans le processus de paix sous
patronage américain. La position syrienne est intransigeante : la paix
ne peut se faire qu’en contrepartie d’une évacuation totale des
territoires perdus par les Syriens en juin 1967. La Syrie, semblant
isolée à plusieurs reprises à la suite du progrès de la négociation
entre Israéliens et Palestiniens et de l’accord de paix entre Israël et
la Jordanie, appuie la guérilla du Hezbollah au Sud Liban comme moyen de
pression et il soutiendra de nombreux mouvements palestiniens, comme le
Hamas.
En 1995-1996, des progrès sensibles sont enregistrés dans la
négociation entre Israël et la Syrie. En 1999-2000, après le
refroidissement de la période Netanyahou, celle-ci reprend sur les mêmes
bases. Mais pour ne pas être dupe, le régime, comme l’a rappelé Ramy
Makhlouf (le beau frère de Bachar Al Assad) au début des événements, je
cite : « la sécurité d’Israël dépend de la sécurité de la Syrie ».
C’est-à-dire que le régime syrien garantit la sécurité d’Israël qui,
depuis 1973, n’a jamais été attaqué. Les responsables du régime le
rappelleront à l’ordre à ce moment là.
Sur le plan Intérieur syrien
Hafez al Assad ne se borne pas à la seule répression pour gouverner
son pays. Dans les années 1970, il tente une première ouverture
économique dont les résultats n’ont été probants qu’en raison de
l’afflux de la rente pétrolière. Dans la seconde moitié des années 1980,
la crise économique conduit à une seconde ouverture qui augmente le
champ d’action du secteur privé. Les résultats positifs se font sentir
dans les premières années de la décennie 1990, mais le retour au marasme
intervient à la fin des années 1990. Sur le plan social, le rôle du
parti Baath décline au profit des « indépendants », nouvelle et ancienne
bourgeoisie ralliée au régime. Il n’en reste pas moins que le régime
reste autoritaire et policier et maintient son contrôle de la société.
La succession
Malade depuis des années, Hafez al Assad a cherché à placer comme
successeur son fils aîné Bassel, mort accidentellement en janvier 1994.
Il l’a remplacé par son second fils, Bachar, présenté comme un
réformateur moderne. Le frère de Hafez, Rifaat, qui a été l’homme de
maintes répressions sanglantes, s’est depuis longtemps posé comme
l’ultime recours pour une communauté alaouite inquiète de son avenir. La
lutte entre les deux frères a été une constante du régime. Rifaat a
finalement été déchu de toutes ses fonctions officielles et a été exilé.
Sur le plan économique, se sont quelques familles qui monopolisent
toute l’activité, comme la famille Assad, la famille Makhlouf dont est
issue la femme de Bachar, la famille Tlass….. Sous les slogans de
« socialisme du parti Baath », existe le monopole de ces grandes
familles et d’autres – comme ces officiers qui se sont enrichis avec eux
qui ont finit par constituer une nouvelle grande bourgeoisie en Syrie.
Ainsi l’écart du niveau de vie entre cette bourgeoisie et les
fonctionnaires et les petits agriculteurs était très important.
Sur le plan sécuritaire, pour bien comprendre le régime, il faut
connaître sa structuration sur le terrain avec les responsables de la
sécurité politique et d’autres qui quadrillent tout le territoire,
quartier par quartier, ville par ville et village par village.
Leur fonction est de contrôler les individus et pour tirer plus de
profits, ils mettent en place toutes sortes de trafics (drogue,
prostitution, rackets divers des commerçants ou des industriels et offre
de services administratifs contre des pots de vin…).
En Syrie tout le monde avait pour philosophie : "fais ce que tu veux
comme activité sauf de la politique", la sécurité politique veille avec
les « Chabiha » des voyous que le régime entraîne pour terroriser la
population.
C’est ce maillage sécuritaire, politique et mafieux avec la
corruption comme moyen de fonctionnement qui pérennisait le régime.
Imaginez tous ces responsables, les chefs, les sous chefs et les sous
sous chefs etc…. qui tiraient profits de leurs postes, croyez-vous
qu’ils auraient un jour renoncé à leurs intérêts ? Surtout dans la
situation de pauvreté et de très faibles salaires qu’a toujours vécu la
Syrie.
Sur le plan militaire, la Syrie possède une armée en grande majorité
sunnite dans laquelle le régime n’a pas trop confiance. Il existe aussi
des forces spéciales et une garde républicaine composées essentiellement
de alaouites qui est le fer de lance du régime . Et pour couronner le
tout il y a une sécurité militaire qui surveille tout le monde.
Enjeux et jeu régional
Comme nous l’avons vu plus haut, le fondement idéologique du régime
résulte des blessures subies par les habitants de cette région (partage
du Moyen-Orient par les forces impérialistes en 1916 (accords
Sykes-Picot), l’occupation par la France et l’Angleterre des pays de la
région ainsi que la création d’une entité coloniale sioniste au cœur du
monde arabe qui deviendra réalité en 1948. Le fait de défier
politiquement et de résister par les armes à cette politique
impérialiste a fondé et légitimé l’apparition de mouvements comme les
Frères musulmans en 1928 en Egypte ou les nationalistes arabes dont le
parti Baath (créé en 1947 à Damas et qui combine socialisme et
nationalisme arabe), Jamal Abdel Nasser, Hafez Al Assad, Sadam Hussein,
Moamar Kadafi et d’autres s’en réclament avec des versions personnelles.
Pour les peuples de la région qui subissent les guerres punitives et
coloniales impérialistes, ces mouvements sont nécessaires et légitimes.
C’est la corde sensible sur laquelle joueront les leaders Egyptiens et
autres… Et on verra dans quelle mesure aujourd’hui une partie des
Syriens et d’autres soutiennent toujours le régime syrien sur cette
base.
Il est un fait que les tentatives de contrôler la région pour ses
richesses, sa position stratégique ou par esprit colonial, n’ont jamais
cessé jusqu’à aujourd’hui.
Rappelons quelques dates :
En 1915, lors de la Première Guerre mondiale, les
Britanniques combattent les armées ottomanes en Egypte et en Mésopotamie
pour contrôler la région. Dans le même temps ils négocient par
l’intermédiaire de leur haut commissaire Mac Mahon en Egypte avec le
Cherif Hussein de la Mecque pour le partage des territoires du MO et
pour combattre les Ottomans dans la région du Hedjaz.
1916 : accord secret anglo-français -Syckes-Picot- pour le partage du Moyen-Orient,
1916/1917 : En dépit de l’engagement arabe aux
côtés des Alliés et des promesses britanniques, le royaume arabe de
Hussein de la Mecque ne sera pas constitué en raison des prétentions
territoriales des Britanniques et des Français. Mais au lendemain de la
grande révolte arabe, son fils Fayçal sera le futur roi d’Irak et
Abdallah le futur roi de Transjordanie et les Wahabites aidés par les
Britanniques prendront le pouvoir dans la péninsule arabe et formeront
le royaume des Séoud.
1917 : 2 novembre : déclaration britannique dite Balfour : "promesse pour la création d’un foyer national juif en Palestine",
1917 : décembre : occupation de la Palestine par les troupes anglaises jusqu’au 14 mai 1948,
1920 : conférence de San Rémo de la société des
Nations qui "officialise" l’occupation par la France du Liban et de la
Syrie et l’occupation par l’Angleterre de la Palestine, de la Jordanie
et de l’Irak,
1933 : l’armée Anglaise et les troupes du roi Abdallah répriment la révolte jordanienne contre les plans sionistes,
1936 – 1939, l’armée Anglaise réprime la révolte palestinienne contre les plans sionistes,
1947 : Partage de la Palestine et occupation par les sionistes avec l’aide des Anglais,
1947/1948 : expulsion du peuple palestinien de sa
terre et destruction de plus de 500 villages. L’armée britannique qui
occupe la Palestine aide les sionistes à contrôler la partie donnée par
le partage de l’ONU « Etat juif » au lobby sioniste et laisse la partie
« Etat arabe » à son allié la Jordanie qui l’occupe et l’annexe en 1949.
Mai 1948 – création de l’Entité sioniste Israël,
1956 : attaque conjointe Anglo-franco-Israélienne
contre l’Egypte pour le contrôle du canal de Suez nationalisé par
Nasser, et afin de punir ce dernier qui aide la révolution algérienne,
1967 : Israël attaque et occupe le Golan syrien, le Sinaï égyptien et la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est,
1978 : Israël attaque et occupe le sud Liban,
1982 : Israël attaque et occupe le Liban jusqu’à Beyrouth,
1982 : Septembre : massacres de Sabra et Chatila par les milices fascistes chrétiennes et l’armée israélienne,
1987 : Début de la première Intifada palestinienne et répression par l’armée israélienne,
Années 80 et 90 attaques permanentes de l’armée israélienne contre le Liban sud qu’elle occupe,
Mai 2000 : Libération du Sud Liban par la résistance au Liban avec à sa tête le Hezballah,
Septembre 2000 : déclenchement de la seconde Intifada en Palestine occupée, répression par l’armée israélienne,
Juillet-Août 2006 : Guerre israélienne contre le Liban,
Décembre 2008- janvier 2009 et novembre 2012 : Guerre israélienne contre la bande de Gaza,
Bref historique de la région
L’Egypte devenue indépendante en 1922, était néanmoins sous
domination britannique de 1879 jusqu’à l’accord de désengagement signé
par Nasser en 1954.
Indépendance de l’Irak en 1932,
« L’indépendance » de l’Arabie Saoudite intervient en 1932 après une
longue conquête par la Famille Séoud de la péninsule Arabe qui fit des
dizaines de milliers de morts avec l’aide des Britanniques. En 1938,
découverte du pétrole et le royaume signe un traité stratégique avec les
USA toujours en vigueur. Le Wahabisme est un mouvement fondamentaliste
religieux qui a des ambitions politiques, c’est-à-dire qu’il doit se
répandre et prendre le pouvoir, fût-ce par l’épée et leur plus grand
rival sont entre autres les communistes et tous mouvements progressistes
et surtout les chiites.
Indépendance du Liban en 1943,
Après de terribles répressions de la résistance en Syrie par les Français, cette dernière obtient son indépendance en 1946,
Indépendance de la Jordanie en 1946 mais reste sous contrôle de
l’armée britannique de Glub Pasha qui contrôlera la Cisjordanie après le
partage de la Palestine en novembre 1947,
La Turquie reconnaît Israël en 1949 et devient membre de l’OTAN en
octobre 1951 au même moment que la Grèce et fût l’un des alliés les plus
fiables des Etats-Unis. Elle est la deuxième armée en effectifs de
l’OTAN après l’armée américaine.
Le Koweit sous domination britannique devient indépendant en 1961.
L’indépendance du Yémen
La partie septentrionale était sous domination ottomane jusqu’en
1918. La monarchie y fut abolie le 27 septembre 1962, date à laquelle le
pays prit le nom de République arabe du Yémen « Yémen du Nord » où une
guerre civile se déroula jusqu’en 1970 soutenue côté républicain par
l’Egypte de Nasser et côté royaliste par l’Arabie Saoudite.
La partie méridionale correspond à l’ancien hinterland britannique,
formé progressivement à partir de 1839 autour du port d’Aden. Après le
départ des troupes britanniques, la Fédération d’Arabie du Sud et le
protectorat d’Arabie du Sud se regroupèrent le 30 novembre 1967 pour
former un nouvel État indépendant, la République populaire du Yémen du
Sud prosoviétique, qui, trois ans plus tard, adopta le nom de République
démocratique populaire du Yémen.
Le 22 mai 1990, la République arabe du Yémen (Yémen du Nord) et la
République démocratique populaire du Yémen (Yémen du Sud) ont fusionné
pour former un seul État, la République du Yémen.
Le Qatar sous domination britannique devient indépendant en septembre 1971.
L’indépendance de Oman
Le sultanat fut placé de fait sous protectorat britannique de 1891 à
1971. De 1965 à 1976, le pays fut le théâtre d’une violente insurrection
communiste, dite guerre du Dhofar, provoquée par les mauvaises
conditions socio-économiques d’une partie de la population : ce
soulèvement fut réprimé par les forces britanniques et iraniennes.
En 1980, un accord est signé pour accueillir une base militaire des
États-Unis sur l’île Masirah, utilisée ensuite pour des opérations dans
le golfe Arabo-Persique.
Si les pays arabes obtiennent finalement leur indépendance, seule la
Palestine reste occupée par l’entité sioniste dont la fonction est de
diviser le monde arabe et de concentrer la force impérialiste contre le
Moyen-Orient et c’est pour cela qu’elle est la cause première et
principale de la région.
Août 1990 : Sadam occupe le Koweit parce que les Monarchies du Golfe
lui ont refusé un dédommagement financier après la guerre qu’il a mené
pour eux et les puissances occidentales contre l’Iran.
1991 : une alliance militaire dont fera partie la Syrie se déploiera dans le Golfe pour chasser les troupes irakiennes.
Les dirigeants américains rêvaient depuis des dizaines d’années de
déployer des bases militaires dans la région et surtout en Arabie
Saoudite. Cette dernière demandera aux troupes américaines de quitter
son territoire après les attaques de Dahrane et c’est le Qatar qui
accueillera finalement les plus grandes bases militaires américaines au
Moyen-Orient. La coalition occupera finalement une partie de l’Irak.
2003 : nouvelle guerre du Golfe contre le régime de Sadam qui est
finalement renversé et exécuté. L’Irak est cette fois-ci entièrement
occupée par les forces de la coalition et un gouvernement collaborateur
se met en place. L’Iran soutient la nouvelle constitution irakienne qui
de fait donne le pouvoir aux Chiites.
Dans ce cadre
Historiquement, les grandes puissances – Empire Ottoman, Allemagne,
Angleterre, France, Russie, USA – ont toujours été concurrentes pour le
contrôle de la région. Elles le sont toujours aujourd’hui, voulant
affirmer et maintenir leur présence au niveau politique, économique et
surtout militaire. Leur expression favorite étant "l’équilibre des
forces" avec livraisons d’armes diverses, tout cela sans tenir compte
des intérêts des populations.
Historiquement, l’Union Soviétique était présente en force au Moyen
Orient en Egypte, en Irak, en Syrie, au Yémen. Mais au fil des années,
elle perd ses alliés et pour comprendre l’acharnement actuel du soutien
russe au régime syrien, il faut savoir que la seule présence russe
aujourd’hui dans tout le MO se réduit au seul port de Tartous en Syrie.
C’est leur unique débouché sur la mer Méditerranée qui de bien entendu
est vital pour toutes les raisons évoquées. Tandis que les Américains
ont des bases en Israël, au Qatar, en Jordanie, à Oman, au Koweit,….
Même la France possède une base militaire aux Émirats arabes unis.
Les visées impérialistes au Moyen-Orient
On le voit donc, les puissances impérialistes et leurs alliés n’ont
jamais abandonnés leur volonté de contrôler la région, mais aussi et
surtout de contrôler d’une main de fer les populations. Comme on le voit
dans le bref historique, certains Etats de la région ont toujours ou
presque toujours été sous contrôle ou alliés des impérialistes pour les
matières premières, le canal de Suez, la protection d’Israël et le
contrôle de la région. Les guerres coloniales menées par les puissances
impérialistes au MO ont créé les conditions de l’émergence de forces
nationalistes, islamistes, communistes qui combattront ces puissances.
Mais l’héritage du colonialisme est toujours là, par exemple le
Liban, dont la constitution forgée par l’occupation française, octroie
les différents pouvoirs institutionnels selon l’appartenance religieuse.
Cet héritage colonial a favorisé la guerre interlibanaise ainsi que les
interventions étrangères.
Aussi, les rivalités économiques et idéologiques sont utilisées par
les puissances impérialistes. Ainsi, l’Arabie séoudite, dont le régime a
conquis la Péninsule arabique (de 1901 à 1932 au prix de dizaines de
milliers de morts) par l’épée pour implanter le wahabisme sunnite, est
utilisé par les USA, l’Europe et donc dans l’intérêt d’Israël,en tant
qu’adversaire historique des Chiites, de l’Iran et de régimes non
religieux-progressistes comme l’Egypte de Nasser ou l’Irak ou contre
toute avancée démocratique dans la région.
Il y a donc un ordre déterminé au MO qui reste pour sa plus grande
part une chasse gardée pour les intérêts des USA, de l’Europe et la
sacro-sainte sécurité d’Israël. La seule évolution perceptible depuis
l’an 2000, c’est l’avancée de l’Iran et de ses alliés (Hezbollah, Hamas,
Syrie, Russie, Chine, Irak) sur l’échiquier régional en termes
économiques et militaires.
En 2000, la résistance chasse Israël du Sud Liban, ce qui constitue
une grande première au MO. En 2006, le Hezbollah empêche Israël
d’avancer au Sud Liban et l’oblige finalement à se retirer battue
militairement et politiquement. C’est le deuxième grand événement dans
la région. Le troisième grand événement, c’est la résistance à Gaza
pendant la guerre de 2008/2009 et celle de novembre 2012 qui grâce aux
missiles de la résistance qui atteignent Tel Aviv et Jérusalem, Israël
arrête son agression. Le quatrième grand événement, c’est la volonté
iranienne d’obtenir la capacité nucléaire – devenue aujourd’hui réalité.
Il est un fait que la donne a changé au MO au niveau des capacités de
certains régimes – surtout de l’Iran - comme décrit ci-dessus. Il est
un fait que l’Iran et l’axe Syrie – Irak - Hezbollah – Hamas, ont pour
les impérialistes et Israël dépassé les lignes rouges, surtout celles de
la sécurité d’Israël. Surtout que ces régimes ont un appui de la Russie
et de la Chine.
Mais il est aussi un fait que la seule chose qui n’ait pas changé,
c’est la situation non démocratique de régimes – au Magheb et au Mashrek
dont la Syrie, qui pour une raison ou une autre, ont continué à
réprimer leur population.
Aujourd’hui, mis à part la nature du régime syrien (que l’on aime ou
non ce régime), il y a une coalition non déclarée d’états contre ce
régime, qui comprend le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Turquie, Israël,
les USA, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la Jordanie,… qui veulent
dépecer la Syrie et atteindre par la même le Hezbollah, le Hamas,
l’Iran et l’Irak qui est passé dans le giron de l’Iran après le départ
des USA. Et même selon Vedomosti (Quotidien russe) ils veulent aller
plus loin : « Mais pourquoi la Syrie est-elle le lieu de cette
confrontation des intérêts occidentaux avec ceux de la Russie et de la
Chine ? Moscou et Pékin considèrent probablement les actions américaines
en Syrie comme une composante importante d’un plan stratégique de
Washington, qu’il faut torpiller à tout prix. »
Il y a sans aucun doute et ce n’est pas nouveau, des plans
impérialistes et sionistes pour briser la résistance à leurs projets
dans la région et refonder "le nouveau Moyen-Orient" décrit par Bush sur
la base des appartenances ethniques ou religieuses. Ainsi, la Syrie et
devenue à l’évidence le théâtre de la confrontation entre les
superpuissances de la planète et entre les puissances régionales. USA et
Europe, Israël et certains régimes arabes d’un côté et Russie, Chine,
Iran et autres pays d’un autre coté dans leur concurrence économique et
stratégique pour le contrôle de la région. D’où l’aide colossale des
alliés de Damas - Vedomosti (Quotidien russe) : « Fin juin 2013, le
vice-premier ministre syrien Qadri Jamil expliquait au Financial Times
le mécanisme de survie de l’économie et de l’Etat syriens dans le
contexte de guerre. Il a notamment indiqué que la Russie, la Chine et
l’Iran mettaient en œuvre un programme d’aide à l’économie syrienne et
fournissaient au pays tout le nécessaire pour poursuivre la guerre : des
produits pétroliers, des aliments et des fonds financiers. Les échanges
avec ces pays s’effectuent avec leurs devises nationales, ce qui permet
d’éviter d’éventuelles sanctions de la part des Etats-Unis…
Ces livraisons sont assurées par les navires russes, ce qui explique
la nécessité d’une présence continue de la marine russe près des côtes
syriennes, aussi bien que le sens réel des déclarations des chefs
militaires russes concernant une présence permanente des bâtiments de
guerre russes en Méditerranée. Les fournitures de pétrole, à elles
seules, atteignent 500 millions de dollars par mois.
Si les actions de l’Iran dans le conflit syrien - ce dernier a
octroyé à Damas un crédit illimité - sont tout à fait compréhensibles,
l’attitude de la Russie et de la Chine pourrait révéler le début d’une
nouvelle étape de leur coopération internationale.
Face à une nouvelle tentative américaine de faire chuter un régime
ami, Moscou et Pékin n’ont aucune envie de se limiter comme jadis à des
protestations à l’Onu. Ils ont mis en œuvre un programme coordonné à
long terme –visiblement- visant à octroyer à la Syrie une aide
économique, politique, militaire et technique. Le tout malgré une
pression montante de la part des Etats-Unis. La Russie a donc envoyé ses
navires vers la zone de conflit afin de garantir la réalisation de ce
programme et il est possible que la Chine ait joué un rôle plus
important dans les efforts économiques visant à épauler la Syrie. »
Le prétexte et l’opposition
Il est évident que le prétexte d’intervention pour les puissances
impérialistes et leurs alliés fût la mobilisation populaire en Syrie
pour avancer leurs pions sur le terrain de "l’opposition". Le fait que
le régime syrien soit une dictature importe peu. Ce même régime était
allié de Washington quand ce dernier menait sa guerre contre l’Irak en
1991 et ça ne les embarrassait pas. Il est un fait que ces puissances
cherchaient un prétexte à tout prix.
Concernant l’opposition, il faut savoir qu’il y a une myriade
d’organisations plus ou moins importantes, historiquement opposées au
régime à l’intérieur de la Syrie. Cela va des Frères musulmans aux
communistes de toutes tendances, en passant par les nationalistes... Il
est un fait qu’au début de la mobilisation en Syrie, un grand nombre de
ces opposants sont inorganisés, sans moyens et n’ont pas de relations
avec le déclenchement de la mobilisation populaire qui reste jusqu’à
aujourd’hui sans maître.
Ce qui s’est passé en Syrie dès le déclenchement des manifestations,
c’est la création et la coordination de groupes locaux qui continuent à
agir dans leur grande majorité pacifiquement contre le régime. Ce sont
les groupes de coordination.
On retrouve dans l’opposition syrienne des soldats qui ont fui
l’armée et qui pour certains ont constitué des groupes armés avec plus
ou moins de moyens et de coordination (soutenus parfois par différents
pays) et qui combattent les forces du régime. C’est l’armée syrienne
libre, dont le nombre est estimé à environ 100 000 membres.
Puis il y a les interventions introduites et téléguidées de
l’étranger. Par exemple par l’émir du Qatar ou le roi d’Arabie Saoudite
qui se prennent pour les commandeurs des croyants et qui arment,
entraînent et envoient des groupes en Syrie comme aussi la Turquie ou
les USA, la Jordanie…. Ceci, avec des centaines de millions de dollars
pour acheter les uns et les autres. Ces groupes qui commettent des
massacres contre la population civile syrienne ne sont pas syriens et ne
sont pas coordonnés avec les groupes de coordination et l’armée
syrienne libre. Même parfois, ils se combattent.
Il faut savoir aussi que plusieurs mois après le déclenchement de la
mobilisation populaire, des puissances comme la France, l’Angleterre,
les USA ont soutenu la création du conseil national syrien qui ne
représente que les Frères musulmans syriens avec certaines personnalités
indépendantes sans influence, mais qui a été vendu à l’opinion publique
comme LE représentant du peuple syrien.
Aujourd’hui, le conseil national syrien fait partie de la coalition
syrienne qui a été déclarée « seule et légitime » représentant du peuple
syrien alors qu’elle a été désavouée par les groupes de coordination et
l’armée syrienne libre à l’intérieur de la Syrie. Il faut savoir que
les membres de cette coalition, les uns liés à la Turquie, au Qatar, à
la France, aux USA, à l’Arabie Saoudite, s’écharpent pour des postes qui
finalement ne représentent rien de concret mais en profitent pour
s’enrichir au passage.
On retrouve même en soutien à une certaine opposition syrienne, les
forces libanaises alliées des Américains et d’Israël ainsi que le clan
Hariri à la solde de l’Arabie Saoudite et même Bernard Henry Levy qui,
travaillant ouvertement au profit de l’entité sioniste, s’est réuni à
Paris avec les Frères musulmans syriens, les encourageant à demander une
intervention étrangère, et qui s’est même rendu en Jordanie pour
rencontrer les Frères musulmans jordaniens.
On le voit, l’opposition syrienne est une mosaïque qui n’a pas de
projet politique unifié crédible qui garantisse la souveraineté du
territoire syrien, qui propose une alternative politique garantissant
les intérêts et les droits fondamentaux du peuple syrien qui paye le
prix du sang pour cela, et surtout, qui ne garantit pas les droits
d’environ 35 groupes ethniques et religieux en Syrie. Il faut savoir
qu’en Syrie il y a des musulmans sunnites, chiites, alaouites, des
chrétiens de diverses tendances, des Kurdes, etc… Et son organe soit
disant représentatif n’est pas démocratique dans sa composition ni dans
son projet.
Il est un fait que cette « opposition » n’a pas su, pour les raisons
évoquées, rassembler la majorité de la population syrienne derrière elle
et ne peut dans ces conditions constituer une alternative crédible et
démocratique pour le pays.
Mais pour aller dans le détail, c’est l’organisation des Frères
musulmans de Syrie qui est majoritairement représentée dans cette
coalition et comme tous les Frères musulmans, ils ne veulent pas
travailler politiquement avec les autres composantes politiques
syriennes et constituer démocratiquement une représentation nationale,
ce qui serait salutaire pour tout le peuple syrien. En plus des
interventions qataries, saoudiennes, turques et autres qui non seulement
bloquent toutes tentatives d’unification de l’opposition, mais veulent
absolument empêcher l’apparition de la démocratie.
Le régime syrien lui en rit et agite le spectre de l’intégrisme pour
embrigader la population syrienne derrière lui. Il a ces derniers temps
brandi la menace du groupe Al Nosra qui « allait contrôler le territoire
syrien », ce qui est totalement faux même si ces groupes restent
dangereux. C’est en fait l’arbre qui cache la forêt de la répression que
subit le peuple syrien.
Et là il faut un minimum d’honnêteté pour arrêter de justifier le
bombardement de la population syrienne et les crimes commis par le
régime derrière l’expression ; « ce sont des terroristes qui s’attaquent
au régime syrien qui défend la résistance » même si certains groupes
comme Al Nosra ou l’Armée d’Irak…… commettent des massacres.
Il faut rappeler ici un principe fondamental, qui est que même quand
on est engagé dans la résistance, on ne peut réprimer une population
civile désarmée.
Il faut rappeler aussi que la nature répressive de ce régime n’a pas commencée en mars 2011.
Il faut aussi rappeler que ce n’est pas parce que certains du camp
adverse sont barbares et condamnables que cela justifie l’action du
régime contre sa population.
Certains diront que le conflit armé a été imposé au régime. C’est
faux, au début il n’y avait pas de conflit armé, le régime pouvait
arrêter le processus, mais se sentant rempli d’un sentiment de
puissance, certains disaient « Oh, en quelques semaines, ces
manifestations s’arrêteront », et même Buthaïna Chabane, la conseillère
de Bachar al Assad avait déclaré : « Regardez, se sont encore les
Palestiniens qui fomentent ces troubles » ne voulant pas voir en face
comme son régime qu’il y avait un mouvement populaire sans précédent et
sans aucune relation avec une organisation syrienne ou étrangère qui
réclamait la liberté et la démocratie pour le peuple syrien, mouvement
qui est devenu l’acte fondateur d’un processus politique révolutionnaire
qui tend à faire tomber un régime dictatorial.
Il n’empêche qu’au mois de février 2012, soit 11 mois après le début
des manifestations, ces dernières continuaient et c’est grâce à elles
que le régime a supprimé le paragraphe n°8 de la constitution qui
maintenait le monopole du parti Baath sur la société syrienne. Le voilà
le problème essentiel. Mais comme tous les régimes dictatoriaux qui sont
aveuglés par leur sentiment de puissance, il ne voulait pas le
reconnaître, et quand il a fait cette modification, c’était trop tard,
la mobilisation et la répression prenaient une autre dimension avec
l’intervention des forces réactionnaires et impérialistes.
Pour ma part je soutiens le camp de la résistance et je suis contre
toute intervention étrangère mais je ne soutiens pas la nature de ce
régime. Là, je m’adresse à ceux qui parlent de sauver « le seul régime
de la résistance contre Israël » que ce n’est pas rendre service à la
résistance, si c’est cela le but ultime ; car comment concevoir une
Syrie forte pouvant résister aux plans impérialo-sionistes de la région
en détruisant ses villes et ses villages, en massacrant sa propre
population, en détruisant ses propres infrastructures ? N’est-ce pas
Israël le seul bénéficiaire de tout cela ?
Certains rediront que le conflit armé a été imposé au régime. C’est
faux, et en précisant que les chars et les avions de combats sont du
côté du régime et encore une fois le régime avait l’opportunité comme
l’avait entreprit le vice président Farouk Al Chareh de dégonfler
politiquement et militairement l’opposition en prenant les devants et en
organisant une conférence nationale pour le dialogue politique. Jusqu’à
très récemment, il a déclaré qu’il n’y aura pas de vainqueur militaire
et qu’il fallait que le régime engage des discussions pour une phase
transitoire.
Mais c’était trop tard, le régime veut en finir coûte que coûte et
les puissances étrangères font tout pour qu’il n’y ait aucune solution
politique. Mais il n’empêche que le problème essentiel est toujours là,
c’est-à-dire que le peuple syrien est devenu en partie réfugié en dehors
et dans la Syrie (6 millions) avec environ 100 000 morts, des milliers
de blessés, de disparus et d’emprisonnés.
Concernant la résistance, et plus particulièrement au Liban ; qui
peut garantir que le conflit ne s’y propagera pas ? Certains du clan
Hariri (et l’Arabie Séoudite) et d’autres s’y préparent. Le 15 et le 23
août, trois attentats ont fait plus de 70 morts au Liban.
Certains disent : mais s’il faut choisir entre le régime syrien et
les chiens de Qatarie, Saoudiens, je choisis le régime syrien.
Sommes-nous devenus si aveugles pour ne pas voir la nature de tous
ces régimes qui ne sont ni plus ni moins que des dictatures familiales
Saoude, Al Thani, Moubarak, Ben Ali, Abdallah Saleh, Kadafi, Al Bachir,
les Hashémites de Jordanie, Assad… qui confondent leurs propres intérêts
avec ceux de leurs états respectifs, tout cela sous couvert de
résistance ou autre, mais dans les faits ils utilisent les populations
dans leurs intérêts.
Sur un autre plan, la Russie et la Chine jouent un rôle important
dans la région en soutenant de tels régimes. Personnes n’est dupes. Leur
soutien au régime entre dans le cadre des intérêts de chaque nation. La
Russie et la Chine connaissent très bien la nature du régime syrien et
peuvent en faisant pression changer sa nature. Mais qu’importe, tant
qu’elles tirent bénéfice de la situation. Certains diront, mais ce n’est
pas la Russie ou la Chine qui envahissent la Syrie, mais le fait est
que les chars, les missiles, les avions et les hélicoptères sont Russe
et les finances chinoises. C’est vrai que le régime résiste à la pire
des coalitions mais en même temps il réprime son peuple.
S’il est vrai qu’une coalition impérialiste attaque la Syrie, la
Russie et la Chine peuvent définitivement faire basculer la balance en
faveur des intérêts des populations, par exemple en livrant des missiles
S300. Mais ils ne le font pas.
Donc, il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un jeu d’intérêts,
d’influences et d’équilibre des forces militaires qui implique les plus
grandes puissances mondiales. L’obtention par la Syrie, le Hezbollah ou
une organisation palestinienne de ces missiles antiaériens aurait évité
depuis des années les incursions et les attaques israéliennes au Liban
(guerre de 2006), en Syrie ou à Gaza. Si la Russie n’a jamais livré ces
armes, c’est que fondamentalement elle ne veut pas nuire à Israël pour
ne pas subir directement le feu des impérialistes et le simple fait de
menacer d’en livrer rappelle les règles du jeu de l’équilibre des forces
dans la région entre les USA et la Russie et des forces sur le terrain.
Le message de la Russie est « Vous gardez Israël et nous la Syrie et
l’Iran. »
Dans ce cadre de jeu, les Américains ont répondu aux Russes et ont
accepté après avoir reconnu que la Syrie n’était pas la Lybie qu’ils
n’allaient pas fournir d’armes lourdes à l’opposition. Même s’ils ont
applaudi l’Union européenne qui a levé l’embargo sur les armes en Syrie,
« ils n’ont aucune envie d’armer une rébellion éclatée entre modérés et
jihadistes, de peur d’être embrigadés dans une "guerre par procuration"
contre l’Iran et la Russie, notent des experts. »
Au contraire, il faut tenir la conférence de Genève. Mais dans les
rangs des supporters de certains opposants, comme l’émir du Qatar ou
l’Arabie Saoudite, ils ne veulent rien entendre. Qu’à cela ne tienne, la
menace russe est trop forte, et l’émir du Qatar avec son premier
ministre ont été changés.
Dans cette situation, les sionistes relèvent dans un rapport
militaire : « qu’avec le soutien de deux superpuissances, la Russie et
la Chine, la certitude que l’Otan comme les régimes arabes
n’interviendront pas militairement pour faire tomber le régime, avec une
situation économique désastreuse, avec la volonté de la communauté
Alaouite de garder le pouvoir, avec une opposition dont le slogan et le
déchirement, tout ceci octroie au président syrien une occasion en or de
rester au pouvoir… »
La conclusion de tout cela est le statu quo. Il ne s’agit plus de
résistance et de libération, il s’agit d’équilibre des forces.
C’est-à-dire que la Syrie est détruite et le peuple syrien meurt pour
les intérêts quataris, saoudiens, américains, européens, russes et
chinois dans la région. L’important est de ne pas toucher à Israël. Le
régime syrien est utilisé par la Russie et la Chine pour l’équilibre des
forces dans la région et l’Iran l’utilise comme l’Irak comme un rempart
pour sa sécurité nationale. Il y a un fameux proverbe qui dit : « ta
propre sécurité commence chez ton voisin. »
Il faut sauver le soldat Assad : « Après moi le chaos… »
Quand au président Bashar Al Assad, il déclare dans un entretien au
Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) publié mardi 18 juin 2013 dans son
intégralité par l’agence officielle Sana, que le conflit va durer
"longtemps" en accusant les pays soutenant l’opposition d’entraver les
efforts de paix. Et d’ajouter "Si je décide de quitter le pouvoir dans
les circonstances (actuelles), ce serait une trahison nationale. Mais
c’est une autre question si le peuple le réclame". "C’est par les
élections ou le référendum que l’on sait que le peuple veut que vous
quittiez votre poste", a-t-il assuré. "Le mandat du président (syrien)
s’achève en 2014. En temps de crise (...) il est normal de ne pas
quitter le pays".
Il est aberrant de constater qu’après 43 ans de règne de la famille
Assad avec tous les faits rappelés, que le président Assad et le régime
ne supportent aucune responsabilité de ce qui se passe en Syrie. Nous
devons comprendre que s’il part maintenant, ce sera le chaos pour le
peuple syrien et les peuples du Maghreb et du MO. Mais aujourd’hui c’est
déjà le chaos et c’est le régime qui est responsable de cette
situation. C’est le régime qui, en prenant le pouvoir et en prenant les
pires mesures contre son peuple, a créé cette situation.
Au bout de 43 ans de dictature, d’abandon en 1970 de la résistance
palestinienne en Jordanie, d’alliance en 1976 avec les fascistes
libanais, de massacre et de destruction à Tel El Zaatar, d’abandon du
Golan aux mains de l’occupant sioniste, d’abandon de l’armée syrienne
qui se fait massacrer en 1982 par les sionistes au Liban, de soutien à
une guerre de 1981 à 1988 avec l’Iran contre un peuple frère l’Irak,
d’une guerre avec le mouvement Amal contre les camps de réfugiés
palestiniens au Liban, d’alliance avec les impérialistes dans leur
guerre contre le peuple frère d’Irak en 1991, de n’avoir rien fait pour
aider le peuple frère d’Irak en 2003 lors de la deuxième guerre qui a
été livré aux forces d’occupation des forces impérialistes et à l’Iran.
Ce n’est pas ça le nationalisme arabe. Ça c’est de la barbarie et le
fait de vouloir rester au pouvoir face à ce que vit le peuple syrien,
est dérisoire et vil et c’est surtout considérer que le peuple syrien et
les autres peuples de la région n’ont aucune intelligence et aucun sens
patriotique.
Dernière nouvelle : selon le quotidien britannique The Independant (juillet 2013) :
« La Grande-Bretagne a autorisé ses entreprises à fournir à Damas et
Téhéran du matériel militaire et d’intelligence malgré les déclarations
de Londres sur le caractère « répressif » de ces régimes.
Une enquête menée par la Commission chargée de contrôle des
exportations d’armes du Parlement britannique fait ressortir que ces
dernières années, le gouvernement britannique a octroyé plus de 3000
licences d’exportation, pour une somme équivalent à environ 15 milliards
d’euros, pour l’exportation de marchandises stratégiques, notamment
militaire et d’intelligence, à des régimes que le Foreign Office
considère par ailleurs comme responsable de violations des droits de
l’homme.
Dans un contexte où Londres déclare vouloir approvisionner
l’opposition syrienne en armements et en équipements de protection, au
moins trois contrats visant à fournir Damas en composants de véhicules
blindés et en équipement acoustique ont été conclus par les entreprises
britanniques. »
Il est important de donner cette information pour tous ceux qui ne
connaissent pas la situation et ces régimes qui d’un coté font de beau
discours sur les principes et insultent les puissances occidentales et
d’un autre commercent tranquillement avec elles pour des armes ou
d’autres choses.
Si le régime syrien avait utilisé son arsenal contre Israël, c’eût
été une autre histoire. Mais quand il a commencé à réprimer son propre
peuple et les Palestiniens dans les camps en Syrie ça a révélé sa
véritable nature.
Si, comme on l’a vu la question de la présence d’Israël dans le
conflit est présente en Syrie d’une façon incontournable, on peut
relever que peu d’opposants syriens relèvent ce point, comme en Egypte
d’ailleurs.
Pourquoi est-il indispensable de relever ce point et de l’inscrire au
centre de l’analyse et du processus révolutionnaire au MO ? C’est parce
qu’Israël joue un énorme rôle avec ses alliés. Un exemple parfait qui
illustre cette influence, ce sont les derniers évènements en Egypte. Qui
aurait cru que l’armée égyptienne, qui est le bras des USA, aurait
organisé un coup d’État contre les Frères musulmans qui pourtant
n’avaient pas remis en cause les accords de camp David avec l’entité
sioniste et ne constituaient donc aucun danger pour les intérêts
américains et sionistes dans la région ?
C’est le fait que Morsi ne voulait pas fermer définitivement les
points de passages avec Gaza et qu’il ait maintenu des relations avec le
Hamas ainsi que les jeux d’alliances et de concurrence qui ont joué en
Egypte. L’axe Qatar-Turquie-Frères musulmans d’Egypte voulait supplanter
l’Arabie Saoudite sur la scène régionale. Cette dernière avec les beaux
restes du régime de Moubarak et la volonté d’Israël, sont venus à bout
des frères musulmans.
Si ces derniers ne sont pas un danger pour Israël, les groupes armés
présents au Sinaï ne le sont pas forcément tous. ils est clair qu’ils
servent d’alibi pour Israël pour demander avec le général Sissi la
fermeture des tunnels qui alimentent Gaza entre autre en armes ainsi que
le point de passage de Rafah entre l’Egypte et Gaza. Et c’est pour
cette raison qu’Israël avait autorisé la présence de forces égyptiennes
au Sinaï, "pour faire le ménage".
Aujourd’hui Israël est ravie, son généralissime SISSI a non seulement
fermé Rafah, mais il a rompu avec le Hamas et il mène avec ses chiens
de gardes une campagne haineuse contre le peuple palestinien et le Hamas
en particulier qu’il a dernièrement accusé de vouloir "envahir" la
péninsule du Sinaï… Israël en rigole encore…
Si je n’approuve en aucune façon le coup d’Etat du Généralissime
SISSI, je n’approuve pas le bilan des frères musulmans en Egypte, qui
ont fait beaucoup d’erreurs notamment en tuant des manifestants à
Alexandrie, à Port Saïd et à Maspero, ce qui à retourné la population
contre eux, en plus du bilan économique désastreux…..
Ceci prouve que le régime de Moubarak qui s’appuyait essentiellement
sur l’armée est encore fortement présent en Egypte et ce qui s’est passé
prouve que même Israël a joué un rôle à distance dans le coup d’Etat en
Egypte.
A ceux qui doutent de la puissance de l’ordre impérialiste et
d’Israël au MO, on peut leur dire de bien suivre l’actualité et de bien
analyser la situation et de bien comprendre qu’il y a une force
colossale à la mesure des richesses présentes dans cette région.
Une autre composante de cet ordre impérialiste, ce sont les régimes
alliés directs des USA et d’Israël : l’Arabie Saoudite et le Qatar (tous
les deux Wahabite) au premier degré qui, avec leurs richesses
considérables, peuvent contrôler en partie certains États de la région
ou des organisations ou des mouvements ou des personnalités comme par
exemple Khaled Mechaal secrétaire général du Hamas où les divergences
ont éclaté au grand jour après qu’un des courants du mouvement a exprimé
son souhait de se réconcilier avec le Hezbollah et l’Iran et de rompre
son alliance avec le Qatar (source : Al Jarida - quotidien koweitien).
Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite, 1er ennemi de la démocratie dans le
monde, à fait savoir à Washington qu’elle était prête à reconnaître
Israël et à l’admettre au sein de l’organisation des Etats du Golfe en
échange de l’attaque par Washington sur le régime syrien. Le chef des
services de renseignements saoudiens, le prince Bandar Ben Sultan est
décrit par The Wall Street Journal (Quotidien américain - Adam Entous,
Nour Malas, Margaret Coker – 28 août 2013) "comme le vétéran de
l’intrigue diplomatique à Washington et au Moyen-Orient", et il "a
expliqué aux Américains qu’il ne s’attendait pas à une victoire des
rebelles sur le terrain dans l’immédiat.
Le prince Bandar a confié à son demi-frère Salman de superviser l’entraînement des rebelles syriens en Jordanie.
Les Saoudiens ont commencé en hiver à déployer des efforts
considérables pour convaincre les Américains et les puissances
occidentales que le régime de Bachar Al-Assad a franchi la ligne rouge
en utilisant des armes chimiques. Les services secrets saoudiens
affirmaient en février que le régime a utilisé des armes chimiques en
faisant parvenir des « preuves » aux Américains.
Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a transmis un message au président
Barack Obama en avril lui disant que la crédibilité des États-Unis
serait écornée si le régime syrien et son allié iranien gagnaient la
bataille.
Parallèlement à ce message, le prince Bandar et l’ambassadeur
saoudien à Washington ont travaillé intensément pour convaincre la
Maison-Blanche et le Sénat de la nécessité de frapper la Syrie.
Par la suite, le prince s’est entretenu à Paris avec des responsables
français et en juillet, il s’est rendu à Moscou, où il a expliqué,
selon des diplomates, à Vladimir Poutine, que le royaume saoudien
détient de fortes sommes d’argent qu’il va utiliser pour gagner la
bataille en Syrie.
Il y a un quart de siècle, c’est le même Bandar ben Sultan qui a armé les moudjahidines afghans contre les troupes soviétiques.
Le week-end dernier, l’Arabie saoudite a accentué la pression sur
Washington pour attaquer la Syrie en réponse aux « attaques chimiques ».
« Vous ne pouvez pas comme président tracer une ligne et ne pas la
respecter », aurait dit le message saoudien au président Obama, selon un
diplomate."
Ce même Bandar Ben Sultan, a proposé à Vladimir Poutine (selon des
extraits du compte rendu de leur rencontre en juillet dernier publié
dans le journal libanais Al Safir) des contrats d’une richesse
incroyable en échange de l’abandon du régime syrien. Mais Poutine a
refusé et le Prince a déclaré qu’il contrôlait des groupes de
Tchétchènes et qu’il pouvait menacer le déroulement des jeux olympiques
de Sotchi en Russie.
Dans le même cadre, l’Arabie Saoudite et le même prince Bandar
organisent la vague d’attentats qui se déroulent actuellement en Irak
qui est rangé derrière la Syrie ainsi qu’au Liban, dans lequel elle veut
provoquer une guerre interne afin d’obliger le Hezballah à se retirer
de Syrie.
Il est un fait que la guerre que mènes les groupes étrangers avec
l’aide des puissances citées se poursuivra contre la Syrie et son régime
ainsi que la lutte du peuple syrien pour sa liberté. Mais l’ambition
impérialiste et sioniste ne s’arrêtera pas là. Une guerre non déclarée
est menée contre l’Irak (plus de 1000 morts en juillet 2013), une
agression est menée au Liban actuellement et qui sait une guerre sera
menée demain contre l’Iran…
Voilà la situation aujourd’hui des peuples au Maghreb ou au M-O. Le
moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne sont pas maître de leur
destin et qu’ils payent le prix de la mort, les désirs des régimes
dictatoriaux qui mènent la barque du pouvoir.
Pour terminer cet article, il est à noter que face aux régimes
d’inspiration nationaliste qui tirent leur légitimité historique de la
lutte contre les occupations présentes dans ces régions allant du
Maghreb au Machrek, se sont développées des oppositions d’inspirations
idéologiques diverses, les unes islamistes, les autres communistes.
On peut dire aujourd’hui avec certitude :
. Que les projets politiques communiste, nationaliste,
islamiste ont échoué dans la région parce qu’ils n’étaient pas
démocratiques dans leur essence et leur organisation, même s’ils ont
obtenus des victoires importantes contre le colonialisme et pour la
liberté des peuples ainsi que certains droits. Un des cas d’échecs des
nationalistes par exemple est d’avoir méprisé – cas de l’Algérie – les
populations berbères non arabes, ou les Kurdes au Machrek…..
. Que les femmes sont méprisées et exploitées ainsi que les enfants dans tous ces pays.
. Que la corruption est le système de fonctionnement présent
dans ces pays ainsi que l’absence, le manque ou la faiblesse de
services publics comme la santé, l’éducation, …..
Et que la répression est la règle d’or de ces régimes.
Seulement, les hommes, les femmes et les enfants ne veulent pas vivre
éternellement l’échine courbée, sans droits et sans liberté.
Pour conclure, le seul véritable enjeu et la seule véritable
solution, c’est la démocratie et la justice sociale dans des États de
droit. En Syrie comme ailleurs, la solution tient en trois mots ;
TRANSFERT DEMOCRATIQUE DU POUVOIR. Tant que la question du transfert du
pouvoir n’aura pas été réglée, les populations se soulèveront, les
régimes réprimeront, certains Etats ou organisations interviendront,
etc…..
Walid Atallah
Le 29 août 2013
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