Un martyr est tombé. Le jeune Majd Lahlouh (22 ans) a été assassiné
par les forces de l’occupation alors qu’il s’opposait à l’invasion du
camp et à la tentative d’arrestation de sheikh Bassam Saadi. Deux autres
Palestiniens Karim Sbeih et Alaa Abou Khalifé ont été blessés par les
balles tirées par l’occupant.
Cela s’est passé le mardi 20 août, à l’aube, lorsque des unités de
l’armée de l’occupation ont envahi le camp de Jénine, situé au nord de
la Cisjordanie, pour arrêter sheikh Bassam Saadi, cadre dirigeant du
mouvement du Jihad islamique en Palestine. A peine sont-elles entrées
dans le camp que les jeunes Palestiniens sont arrivés de tous côtés et
ont encerclé les forces de l’occupation, qui ont tiré aveuglément, avant
de s’enfuir. Le camp de Jénine reste toujours, aux yeux de l’occupant,
« le nid de guêpes », où son armée a subi une des plus cuisantes
défaites face à une poignée de combattants, sincères et unifiés dans la
lutte contre l’occupation.
Sheikh Bassam Saadi a été détenu par les forces de l’occupation
pendant douze ans et plus, entrecoupés de courts moments de liberté.
Libéré il y a quelques semaines, alors que son épouse Nawal Saadi est
détenue depuis des mois, sans charge (elle n’est toujours pas passée
devant un tribunal), sheikh Bassam Saadi est une des figures les plus
populaires du camp de Jénine, et un symbole de la résistance du camp de
Jénine et même de la Palestine, à l’occupation sioniste. Plusieurs
membres de sa famille, dont deux de ses fils, sont tombés en martyrs au
cours et avant la bataille du camp de Jénine en 2002, la première
bataille armée entre la résistance palestinienne et les forces de
l’occupation, depuis la Nakba en 1948, sur le sol de la Palestine
occupée. Sheikh Bassam Saadi a été plusieurs fois détenu en tant que
détenu administratif, c’est-à-dire à partir d’un dossier secret concocté
par les services du Shabak israélien, qui le jugent « dangereux » pour
l’occupation. Il est vrai qu’il refuse l’occupation et qu’il le déclare
bien haut et bien fort, et en tant que cadre dirigeant du mouvement du
Jihad islamique, qui refuse toute compromission avec l’occupation, il a
refusé et refuse jusqu’à présent tout contact avec l’occupant, même de
« courtoisie ».
Car c’est de cela qu’il s’agit, d’abord. Pour les sionistes qui
vivent encore avec le spectre de la résistance du camp de Jénine, malgré
tous les efforts de l’Autorité palestinienne de démanteler et d’effacer
ce souvenir « douloureux pour les Israéliens », en multipliant
associations caritatives, ONGs liées à l’étranger et initiatives
« pacifiques », les sionistes veulent éradiquer le souffle de la
résistance qui anime la jeunesse et la population du camp de Jénine.
L’éradiquer en frappant la notoriété d’un de ses symboles, sheikh Bassam
Saadi.
L’arrivée d’un nouveau commandant sioniste au poste de Salem, où
siège le « gouvernerat militaire » fut l’occasion pour les sionistes de
tenter de soumettre ce symbole. Ils le convoquent au poste « pour faire
connaissance ». Mais la réponse de Sheikh Saadi fut nette : « celui qui
veut me voir ou qui veut m’arrêter vient chez moi. Ce n’est pas ainsi
que nous avons l’habitude de nous comporter avec l’occupant », affirmant
son refus d’obéir aux ordres de l’occupation.
L’invasion du camp de Jénine à l’aube du 20 août fut lancée, pour
l’arrêter. Sa maison fut encerclée puis investie, mais il ne s’y
trouvait pas. Les jeunes du camp ont alors riposté en encerclant les
envahisseurs et en les chassant du camp. Les forces de l’occupation ont
signalé deux blessés dans leurs rangs.
Le mouvement du Jihad islamique en Palestine, qui a organisé la
marche funèbre du martyr Majd Lahloul, a affirmé dans son communiqué que
« notre peuple a démontré une fois de plus qu’il résiste dans le
valeureux camp de Jénine et qu’il refuse les négociations en cours,
négociations que l’ennemi sioniste utilise comme couverture pour
poursuivre les tueries et la rapine de la terre, l’extension coloniale
et la judaïsation des lieux saints. L’attitude ferme des citoyens
aujourd’hui et leur lutte et affrontement contre les forces de
l’occupation, en les empêchant d’arrêter sheikh Bassam Saadi est la
preuve que notre peuple défend ses symboles nationaux et montre son
insistance à s’opposer à toute agression. Nous réalisons que le choix de
la confrontation exige de payer un lourd prix, la poursuite,
l’arrestation et le martyre dans la voie de Dieu, mais sans cela, nous
n’arracherons pas notre terre ni ne libèrerons nos lieux saints
confisqués ».
Sheikh Khodr Adnan, cadre dirigeant du mouvement qui avait initié la
grève de la faim des prisonniers en 2012 a déclaré, suite à la tentative
d’arrêter sheikh Bassam Saadi et au martyre de Majd Lahlouh : « Les
forces de l’occupation ont mené plusieurs tentatives pour arrêter sheikh
Bassam Saadi, depuis sa dernière libération, pour l’empêcher d’animer
l’esprit de résistance en Palestine. La dernière opération de l’ennemi
est un message, aux résistants mais aussi à l’Autorité Palestinienne,
pour leur dire que l’occupation a l’intention de poursuivre ses crimes,
malgré les négociations ». Il a réclamé à l’Autorité Palestinienne de
cesser les négociations en cours et de ne pas se poser en obstacle à la
résistance.
Les arrestations de Palestiniens par les forces de l’occupation sont
quotidiennes. L’acharnement de l’occupant contre le peuple palestinien
est à son comble car il craint une révolte généralisée. Seul et
abandonné par sa propre direction et tous les frères (quand ils ne
complotent pas contre lui) le peuple palestinien et ses résistants ont
compris qu’une résistance quotidienne à l’occupation est en mesure de
créer les conditions objectives d’une nouvelle révolte. Non seulement il
faut s’opposer aux invasions de l’ennemi dans les camps, les villages
et les villes de la Cisjordanie, mais il faut également refuser d’obéir à
ses convocations et le considérer pour ce qu’il est : une entité
étrangère et indésirable, en Palestine et dans la région.
Fadwa Nassar
23 août 2013
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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