L’armée syrienne est entrée vendredi pour la première fois depuis plus
de deux ans dans la vieille ville de Homs, après le retrait des derniers
rebelles en vertu d’un accord inédit entre protagonistes. Avec ce
départ des insurgés du centre historique de la troisième ville de Syrie,
épuisée par deux ans de siège, de bombardements intenses et de disette,
le régime renforce sa position dans sa guerre contre les insurgés.
C’est la première fois depuis fin 2011 que l’armée pénètre dans la
vieille ville de Homs (centre), cité surnommée la "capitale de la
révolution", d’où avait été lancée l’insurrection armée après la
répression par le régime de la contestation populaire pacifique. Les
équipes d’ingénierie et de déminage de l’armée ont entamé les travaux de
ratissage et de démantèlement des bombes, a indiqué le gouverneur de
Homs, Talal al-Barazi.
Aussitôt après l’entrée des militaires, des civils ont suivi par
centaines, selon une journaliste sur place. Émus, les larmes aux yeux,
hommes, femmes et enfants ont regagné leur quartier pour inspecter leurs
maisons. Certains étaient sous le choc en raison des destructions et la
plupart enjambaient les gravats pour découvrir les ruines de leurs
maisons. "Tout est détruit chez moi. Je suis allée à la maison de mes
beaux-parents et elle est détruite aussi, il ne reste que quelques
objets intacts", affirme Wafa, une habitante du quartier de Hamidiyé.
Ce quartier, un des secteurs - à majorité chrétienne - de la vieille
ville, aujourd’hui désert est dévasté : vitrines éclatées des magasins,
volets et murs des immeubles criblés de balles ainsi que d’énormes
remblais sur une place. Sur les trottoirs, deux tanks incendiés, de la
ferraille rouillée ainsi que des pancartes détruites. "Nous avons
terminé l’opération d’évacuation des hommes armés de la vieille ville de
Homs", a indiqué M. Barazi en précisant qu’au total près de 2 000
personnes, dont 1 800 rebelles, avaient été évacuées depuis mercredi.
C’est la première fois qu’un accord entre régime et rebelles permet le
retrait des insurgés d’une grande ville du pays depuis le début de la
guerre qui a dévasté le pays et fait plus de 150 000 morts. Selon
l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), conformément à
l’accord, l’approvisionnement est arrivé vendredi à deux villes chiites
encerclées par les insurgés dans la région d’Alep (nord), ce qui a
permis l’évacuation des derniers rebelles.
L’accord s’est également traduit par la libération de 40 alaouites -
communauté à laquelle appartient le président Bachar el-Assad -, une
Iranienne et 30 soldats syriens, selon la rébellion. Homs est la ville
où les rebelles ont subi leur plus long siège, accompagné de raids
aériens intenses, une tactique utilisée par le régime pour les mettre à
genoux. Près 2 200 personnes y ont péri en deux ans, selon l’OSDH. Il ne
reste plus de rebelles dans la cité de Homs que dans le quartier de
Waer (nord-ouest) où vivent plusieurs centaines de milliers de
personnes, mais des négociations sont en cours pour leur départ.
La prise de cette ville est cruciale dans la mesure où elle relie la
capitale Damas au littoral ouest de même que le nord au sud du pays, ce
qui facilite les déplacements des renforts notamment. "Le grand
événement aujourd’hui, c’est que Homs a été vidée des hommes armés et
des armes et c’est une victoire pour le peuple et l’armée", a indiqué
une source militaire à Damas.
Ce succès pour le régime intervient à trois semaines de l’élection
présidentielle organisée le 3 juin par le pouvoir dans les secteurs sous
contrôle du régime. Ce scrutin, que Assad devra remporter, a été
dénoncé comme une "farce" par l’opposition et ses alliés occidentaux. Si
la rébellion est en perte de vitesse dans le centre du pays et près de
Damas, elle maintient ses positions sur les fronts sud et nord,
notamment à Alep.
Le chef de l’opposition syrienne Ahmad Jarba a de nouveau réclamé, mais
en vain, des armes à l’allié américain, lors d’une visite à Washington
où il a rencontré le secrétaire d’État John Kerry. L’administration
Obama, très réticente à tout engagement militaire direct, redoute que
des armes de guerre ne tombent finalement entre les mains
d’organisations rebelles djihadistes qui combattent l’armée syrienne.
Enfin, une mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes
chimiques (OIAC) est arrivée à Damas pour enquêter sur une éventuelle
attaque au chlore après des accusations de Paris et de Washington contre
le régime.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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