Un homme passe à moto devant des immeubles détruits dans une rue de Deraa, le 16 mars 2017 en Syrie (Afp)
Les militaires américains ont reconnu jeudi avoir effectué une frappe
dans le nord de la Syrie, contre Al-Qaïda, mais nié avoir délibérément
visé la mosquée où au moins 42 personnes ont péri selon une ONG locale.
"Nous n'avons pas visé une mosquée, mais le bâtiment que nous avons
ciblé, là où avait lieu le rassemblement (d'Al-Qaïda), se trouve à
environ 15 mètres d'une mosquée qui est toujours debout", a plaidé jeudi
soir le colonel John J. Thomas, porte-parole du Centcom, le
commandement des forces américaines au Moyen-Orient.
Dans un communiqué préalable, le Centcom avait annoncé que "les forces
américaines (avaient) effectué une frappe aérienne sur un rassemblement
d'Al-Qaïda en Syrie, le 16 mars, dans la province d'Idlib, tuant
plusieurs terroristes".
Plus tard dans la journée de jeudi le porte-parole du Centcom avait
cependant reconnu que la location précise de cette frappe n'était pas
claire, mais qu'il s'agissait bien de la même que celle qui avait touché
la mosquée du village d'Al-Jineh, dans la province voisine d'Alep.
"Nous allons enquêter sur les allégations selon lesquelles cette frappe
aurait fait des victimes civiles", a ensuite déclaré le colonel Thomas,
interrogé sur le chiffre de 42 victimes, civiles pour la plupart, avancé
par l'OSDH, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, une ONG locale
généralement bien informée.
Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, une centaine de personnes
ont également été blessées dans ces raids aériens sur ce village sous
contrôle des groupes rebelles.
Selon des images diffusées par des militants antirégime et présentées
comme celles du drame, le bâtiment semblait par contre entièrement
détruit et non plus debout comme avancé par le Centcom.
Entrée dans sa septième année de guerre mercredi, la Syrie n'en finit donc pas de compter ses morts.
Sur place, dans ce village d'al-Jineh, à 30 km à l'ouest de la ville
d'Alep, les secours tentaient encore vendredi matin d'extraire des
personnes coincées sous les décombres de la mosquée, selon l'ONG. Et
plusieurs personnes étaient encore portées disparues.
"Nous avons entendu des explosions quand la mosquée a été frappée.
C'était juste après la prière, à un moment où en général il y a des
cours de religion pour les hommes", a témoigné Abu Muhammed, un
habitant, auprès de l'AFP: "Quand je suis arrivé, j'ai vu 15 cadavres,
et beaucoup de morceaux de corps, parmi les débris. Certains corps
n'étaient même pas reconnaissables".
Un cessez-le-feu parrainé par la Russie, alliée du régime de Bashar, et la
Turquie, soutien des rebelles, est certes entré en vigueur en décembre
2016, mais les violences ont continué dans le pays.
Le ciel syrien est encombré par les avions du régime syrien, ceux de la
Russie, ceux de la Turquie et ceux de la coalition internationale
dirigée par les Etats-Unis.
La Russie est intervenue militairement au côté du régime en septembre
2015. Mais elle a toujours démenti les accusations selon lesquelles ses
raids ont tué des civils en Syrie.
La coalition internationale concentre normalement ses frappes sur les
jihadistes de Daesh et ceux de Fateh al-Cham,
l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, qui occupent des régions en Syrie.
Mercredi, au moins 25 civils, dont 14 enfants, avaient péri dans des
raids sur la ville d'Idleb, tenue par des rebelles et les jihadistes,
avait indiqué l'OSDH, en parlant de frappes "vraisemblablement russes".
Quant aux auteurs du double attentat qui a fait 32 morts mercredi à
Damas, ils ne sont toujours pas connus. Fateh al-Cham, l'ex-branche
d'Al-Qaïda, a en tout cas "nié toute relation avec ces attentats", tout
comme le groupe rebelle Jaïch al-Islam.
Au total, en six ans, la guerre en Syrie a déjà fait plus de 320.000 morts.
Déclenché par la répression de manifestations pro-démocratie, ce conflit
est devenu très complexe avec la montée en puissance de groupes
jihadistes, l'implication de forces régionales et de puissances
internationales, sur un territoire très morcelé.
Un exemple concret de ces divisions et de ces haines qui traversent
chaque camp a encore été montré jeudi avec la fermeture par les
autorités kurdes dans le nord du pays des bureaux de leur principal
rival politique.
Le Conseil national kurde (CNK), principale coalition opposée au Parti
de l'Union Démocratique (PYD), qui domine les régions kurdes, figure
notamment parmi les différentes formations qui ont vu leurs bureaux
fermés.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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