Des
combattants de la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques
syriennes (FDS) près du village de Bir Fawaz, à 20 km au nord de Raqa,
le 8 février 2017 (Afp)
Les 68 pays qui se battent en Irak et en Syrie contre Daesh se réunissent mercredi à Washington, Donald Trump ayant
promis de "démolir" les jihadistes malgré une coalition affaiblie par
des désaccords stratégiques.
Il s'agira d'un baptême du feu pour le très discret secrétaire d'Etat
Rex Tillerson qui accueillera des dizaines de ses homologues étrangers,
certains s'inquiétant du risque d'unilatéralisme de l'administration
Trump.
Le nouveau président américain a été élu sur un programme nationaliste
et isolationniste et veut doper le budget de la défense de 10%, contre
une baisse de 28% des ressources de la diplomatie.
Dans ce contexte, il avait demandé au Pentagone de lui fournir un plan
complet visant à "démolir" le groupe EI, à "éradiquer de la planète cet
ennemi abominable".
En recevant lundi à la Maison Blanche le Premier ministre irakien Haider
al-Abadi, Donald Trump a réaffirmé sa détermination à "se débarrasser"
de cette organisation sunnite armée ultra-radicale, se félicitant des
progrès des forces de Bagdad pour reprendre Mossoul, la deuxième ville
d'Irak. M. Abadi a plaidé pour que l'aide américaine s'"accélère".
Les forces irakiennes, soutenues par la coalition internationale
anti-jihadistes sous commandement américain, ont lancé le 17 octobre
l'offensive pour reprendre Mossoul, dernier grand bastion de Daesh en
Irak. Après en avoir conquis fin janvier les quartiers orientaux, les
forces irakiennes mènent depuis le 19 février une opération sur l'ouest
de la cité.
Au Pentagone, on estime que la victoire à Mossoul est inéluctable, même
si des combats très durs sont encore à attendre dans la vieille ville.
Quant à la Syrie, Raqa, capitale de facto des jihadistes, est désormais
quasiment isolée du monde, les principales voies de communications ayant
été coupées par les forces kurdo-arabes alliées de la coalition.
Les militaires américains envisagent que les jihadistes puissent bientôt
ne plus contrôler qu'un ultime bastion dans la vallée de l'Euphrate,
Deir Ezzor (est).
Au total, le Pentagone estime que l'EI a perdu 65% des territoires qu'il détenait à son apogée en 2014.
Reste que la coalition est affaiblie par des désaccords entre certains
pays membres sur la stratégie à suivre tant à Raqa qu'à Mossoul.
Les Etats-Unis et la Turquie s'opposent sur la force qui doit conduire
l'assaut final vers Raqa. La Turquie ne veut pas que les milices kurdes
YPG, qu'elle considère comme un groupe "terroriste", y participent. Or,
ces milices sont le fer de lance de la coalition arabo-kurde des Forces
démocratiques syriennes (FDS), que le Pentagone juge être les plus à
même de reprendre Raqa rapidement.
L'une des options serait d'équiper les FDS en armes lourdes. Une autre
option plus acceptable pour Ankara serait de dépêcher des renforts
américains pour les épauler.
Le Pentagone envisage ainsi d'envoyer un millier de soldats
supplémentaires en Syrie, ce qui doublerait l'effectif de quelque 850
militaires américains déployés dans ce pays ravagé par la guerre depuis
mars 2011.
En outre, la coalition doit répondre à la question du futur statut des
territoires libérés en Syrie: autonomie sous une forme ou une autre, ou
retour dans le giron du régime syrien.
Revitalisées par le soutien militaire russe depuis septembre 2015, les
forces syriennes ont progressé dans le nord du pays et sont désormais
tout près de Minbej, une ville libérée par les FDS.
Côté français aussi, une source diplomatique dit "attendre des réponses"
de Washington sur "comment et avec qui" Raqa sera reconquise.
L'offensive sur Mossoul, qui pourrait se conclure à l'été, crée aussi des dissensions entre alliés.
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