Le président islamiste destitué Mohamed Morsi a comparu samedi de
nouveau devant les juges dans un procès lié à la mort de manifestants
lors de violences sous sa présidence à laquelle l’armée a brutalement
mis fin il y a sept mois en Egypte.
Jugé dans quatre affaires différentes, le président renversé le 3
juillet refuse de reconnaître la légitimité des nouvelles autorités
dirigées de facto par l’armée qui répriment dans le sang ses partisans,
surtout les membres de sa confrérie des Frères musulmans, déclarée
"terroriste".
Le procès de samedi a été reporté au 4 février. Quinze personnes dont
M. Morsi doivent répondre de la mort d’au moins sept manifestants lors
de heurts en décembre 2012 devant le palais présidentiel et encourent la
peine de mort. Sept d’entre eux sont en fuite.
M. Morsi a été amené depuis sa prison d’Alexandrie (nord) au tribunal
installé dans une académie de police du Caire où il comparaissait avec
d’ex-collaborateurs.
Il a été placé dans le box grillagé des accusés, doublé d’une paroi de
verre, de même que ses sept co-accusés présents, installés dans un box
séparé. Aucun son ne filtrait des cages où les huit hommes, vêtus de la
traditionnelle tenue blanche des prisonniers, ont brandi la main, quatre
doigts en l’air, reprenant le signe de ralliement des pro-Morsi.
Les co-accusés de M. Morsi ont ostensiblement tourné le dos à la cour durant l’audience.
L’un des avocats de la défense, Selim al-Awa, a affirmé que "le tribunal
n’a pas compétence pour juger cette affaire", affirmant que "Mohamed
Morsi est encore le président", alors que les nouvelles autorités ont
engagé une transition qui doit s’achever en 2014 avec une présidentielle
et des législatives.
La Cour a visionné des vidéos "montrant les partisans de l’accusé",
selon le procureur, brandissant des bâtons et démantelant les tentes des
protestataires anti-Morsi. Des témoignages de manifestants accusant les
Frères musulmans de les avoir attaqués ont aussi été diffusés.
Les avocats de la défense ont contesté ces images, mais la cour a nommé
une commission chargée de les authentifier et la prochaine audience
devrait être consacrée à la prestation de serment de ses membres, selon
un journaliste de l’AFP présent au tribunal.
Au même moment, la justice ajournait un autre procès, celui du Guide
suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et d’une cinquantaine
d’islamistes pour "incitation à la violence", après la mort de deux
personnes dans le Delta du Nil à la suite de la destitution de M. Morsi.
La télévision d’Etat a indiqué que ce procès avait été aussitôt ajourné
au 3 février en raison de l’absence d’accusés sans préciser lesquels. Il
s’agit du troisième procès dans lequel M. Badie, qui encoure la peine
de mort, comparaît.
"Pour soutenir le président légitime élu", le premier issu d’un scrutin
démocratique en Egypte, l’Alliance contre le coup d’Etat, une coalition
pro-Morsi chapeautée par les Frères musulmans, a appelé à des
manifestations samedi.
Mais aucun défilé n’avait été signalé dans l’après-midi.
Les islamistes peinent à mobiliser après l’implacable répression des
autorités qui a fait en sept mois au moins 1.400 morts selon Amnesty
International et abouti à l’arrestation de plusieurs milliers dans leurs
rangs.
Détenu depuis sa destitution après une année de présidence marquée par
des crises à répétition et des violences, M. Morsi sera jugé à partir du
16 février pour "espionnage" en vue de mener des "actions terroristes"
avec 35 autres personnes.
Le 22 février, reprendra son procès pour évasion de prison début 2011, lors de la révolte qui chassa du pouvoir Hosni Moubarak.
Il est également cité dans une quatrième affaire pour "outrage à magistrat", pour laquelle aucune date n’a été fixée.
Outre la répression des pro-Morsi, les attentats meurtriers contre les
forces de l’ordre se sont multipliés ces derniers mois, gagnant jusqu’au
centre du Caire.
Dans le pays déserté par les touristes et à l’économie exsangue, une
large partie de la population soutient le maréchal Abdel Fattah
al-Sissi, chef de l’armée et nouvel homme fort du pays qui incarne un
possible retour à la stabilité. L’armée l’a appelé a être candidat à la
présidentielle prévue sous trois mois.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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