Le patron de l’UNRWA Filippo Grandi a appelé les réfugiés
palestiniens en Syrie, dont certains ont pris part aux combats entre
rebelles et soldats, à ne pas s’impliquer dans le conflit qui déchire le
pays depuis 20 mois, dans un entretien à l’AFP.
"Les Palestiniens doivent rester neutres et toutes les parties doivent
respecter cela. Personne ne doit les impliquer dans la crise", a déclaré
jeudi le commissaire général de l’Office de l’ONU de secours et de
travaux pour les réfugiés de Palestine.
Selon des militants, des membres du Front populaire de libération de la
Palestine-Commandement général (FPLP-CG) combattent au côté des troupes
du régime de Bashar al-Assad tandis que des membres du Hamas ont rejoint
les rangs rebelles à Damas et dans sa région.
Autrefois allié du pouvoir à Damas qui l’hébergeait, le Hamas est en
brouille avec le régime Assad qui réprime depuis 20 mois une révolte
portée notamment par les Frères musulmans dont est issu le mouvement
islamiste palestinien.
M. Grandi a rencontré mercredi et jeudi à Damas plusieurs responsables
dont le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem qui avait appelé
les Palestiniens à rester éloignés des "terroristes", terme par lequel
le régime désigne les rebelles.
"Les dirigeants (syriens) se sont engagés à ne pas avoir recours aux
groupes armés (palestiniens) et nous serons vigilants à cet égard",
a-t-il dit.
M. Grandi, qui a aussi visité le camp de réfugiés de Yarmouk dans le sud
de Damas, a affirmé : "Il n’y a pas de combat et les Palestiniens ne
sont pas visés en tant que tels". Mais le bruit des bombardements est
permanent.
La bataille qui fait rage dans les quartiers alentour se rapproche du
camp. De fait, plusieurs personnes ont été tuées par des obus tombés
dans le camp, les combats entre rebelles et soldats se concentrant
désormais à Damas et dans sa périphérie, notamment sud.
"Chaque jour, des Palestiniens sont tués en Syrie", a affirmé M. Grandi,
se refusant à fournir un bilan précis. "L’émissaire international
Lakhdar Brahimi a évoqué des centaines de morts", a-t-il dit.
A Yarmouk, qui abrite 150.000 réfugiés, "j’ai assisté à un cours. Nous
ne nous entendions pas à cause des bombardements, mais les élèves
répondaient aux questions de leur professeur", a raconté le responsable
de l’ONU.
A cause des violences, "600 déplacés, en majorité des Syriens, vivent
dans une école du camp. Ils viennent des quartiers voisins de Tadamon
et de Hajar al-Aswad", selon lui.
Selon les chiffres de l’UNRWA, quelque 520.000 Palestiniens vivent en
Syrie, dont 400.000 dans Damas et sa région. L’Agence accueille 66.000
enfants dans des écoles en Syrie et 70% de ces établissements
fonctionnent.
A travers la Syrie, "quelque 90.000 familles, soit environ 450.000
personnes ont réclamé une aide d’urgence (en novembre), cela signifie
que 80% des Palestiniens en Syrie ont besoin d’aide", a dit M. Grandi.
En octobre, 60.000 familles avaient demandé une aide.
"Il y a une grave crise humanitaire et les besoins s’accroissent en
nourriture, en médicaments et en carburant pour le chauffage à
l’approche de l’hiver", a-t-il noté.
Appelant à "ne pas oublier les Palestiniens", il a estimé que "la
communauté internationale, incapable de prendre une décision commune et
de résoudre politiquement la crise en Syrie, doit au moins fournir des
fonds".
Après la décision des Nations unies de retirer leur personnel
international "non essentiel", M. Grandi a estimé que "l’ONU peut et
doit rester en Syrie".
Et ce, en dépit de la "confiscation de convois d’aide par des groupes
qui échappent à tout contrôle, comme on l’a vu en Somalie ou en
Afghanistan", et la mort de cinq membres de l’UNRWA tués dans les
violences en Syrie.
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Ban Ki-moon attendu en Turquie pour rendre visite aux réfugiés syriens
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon est attendu vendredi
matin à Islahiye (sud-est) pour une visite de 24 heures en Turquie
consacrée pour l’essentiel au conflit syrien. M. Ban doit consacrer sa
matinée à une visite du camp de réfugiés d’Islahiye, un des nombreux
camps ouverts par les autorités turques pour accueillir les plus de 135
000 Syriens officiellement recensés qui ont franchi la frontière pour
échapper aux combats qui déchirent leur pays depuis plus de 20 mois.
Le patron de l’ONU doit s’exprimer devant la presse à l’issue de cette
visite, avant de rallier la capitale turque Ankara pour des entretiens
avec le chef de l’État Abdullah Gül, le Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan et le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. M. Ban
doit quitter la Turquie samedi. Lors de la précédente étape de sa
tournée dans la région, jeudi, à Bagdad, le secrétaire général de l’ONU a
mis en garde le président syrien Bashar el-Assad contre toute tentation
de recourir aux armes chimiques en sa possession contre la rébellion.
"Quiconque utilisera des armes chimiques devra être traduit en justice"
"J’ai prévenu que, quoi qu’il arrive, quiconque utilisera des armes
chimiques devra être traduit en justice", a indiqué M. Ban devant la
presse, soulignant qu’un tel scénario aurait "de très graves
conséquences sur la population". Lundi, le président américain Barack
Obama a accusé le régime syrien de se préparer à utiliser des armes
chimiques en sa possession contre les rebelles et l’a menacé de
"conséquences" s’il passait à l’acte. Les autorités syriennes ont assuré
qu’elles ne feraient pas usage de telles armes.
À la demande des autorités turques, l’Otan a donné son feu vert mardi au
déploiement de batteries de missiles sol-air Patriot près de la
frontière syro-turque. Ces armes, susceptibles d’intercepter des
missiles sol-sol syriens, devraient être opérationnelles d’ici plusieurs
semaines. Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a estimé à
environ 700 le nombre de missiles sol-sol dont dispose l’armée fidèle au
président Assad. Longtemps proche du régime en place à Damas, la
Turquie a désormais pris fait et cause pour la rébellion. L’armée turque
a considérablement renforcé ses effectifs le long de sa frontière avec
la Syrie après une série d’incidents au cours desquels des villages
turcs ont été touchés par des obus syriens.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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