Voici les principaux points du projet de Constitution égyptienne,
adopté par 64 % des votants lors d’un référendum qui s’est tenu les 15
et 22 décembre, selon des résultats officieux contestés par l’opposition
qui parle de fraude.
Ses partisans assurent qu’il doit doter le pays d’un cadre
institutionnel stable reflétant les évolutions de l’Égypte, la
précédente loi fondamentale ayant été suspendue dans la foulée de la
chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011. Ses adversaires
l’accusent de faire place à des interprétations rigoristes de l’islam et
d’offrir peu de garanties en matière de protection de certains droits
et libertés.
Institutions :
Le président est élu pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois
(art. 133). La fonction de vice-président est supprimée. En cas
d’empêchement temporaire, le Premier ministre assure l’intérim. En cas
de vacance de la présidence, c’est le président de la Chambre des
députés qui l’assure.
Les dirigeants de l’ancien Parti national démocrate (PND, dissous) en
place au moment de la révolution, sont empêchés de se présenter aux
élections présidentielle et législatives pendant 10 ans (art. 232). Une
disposition qui répond à une demande des mouvements issus de la révolte
de 2011.
Le ministre de la Défense est choisi au sein de l’armée (art 195). Un
conseil présidé par le chef de l’État, comprenant plusieurs ministres et
les présidents des deux chambres, mais composé en majorité de
militaires, discute du budget de l’armée et des lois relatives aux
militaires (art. 197). Cet article, selon ses détracteurs, permet de
continuer à protéger les privilèges dont jouissait l’armée sous
Moubarak. Ses partisans assurent qu’il permet d’ébaucher un contrôle
civil sur les affaires militaires.
Religion :
Le projet (art. 2) reprend la formulation de l’ancien texte, devenue
consensuelle en Égypte, qui prévoit que "les principes de la charia" ou
loi islamique, sont "la principale source de la législation".
Implicitement elle n’est pas la source unique du droit. L’islam reste
"religion d’État".
Un article (219) prévoit toutefois que les diverses doctrines sunnites
sont considérées comme des sources d’interprétation pour la charia. Cet
article est très critiqué par les églises chrétiennes, qui y voient une
reconnaissance possible des visions les plus rigoristes de l’islam.
La "liberté de croyance est garantie" (art. 43), mais le projet de
Constitution ne fait référence qu’à l’islam, au christianisme et au
judaïsme en matière de garantie de la pratique du culte par l’État, ne
mentionnant pas des religions minoritaires comme le bahaïsme.
Droits :
Les civils ne peuvent être traduits devant la justice militaire, sauf en
cas de "crimes de nature à nuire aux forces armées" (art. 198).
L’opposition et les organisations de défense des droits de l’homme
demandaient l’interdiction de ce type de procès.
Le texte (art. 33) affirme "l’égalité des citoyens devant la loi sans
discriminations", mais sans faire mention explicite de l’égalité entre
les sexes, pourtant mentionnée dans le préambule. Une disposition qui
prévoyait que l’égalité des sexes soit conforme aux préceptes de la
charia a été écartée.
La liberté d’expression est protégée, mais les "insultes contre les
personnes humaines" sont interdites (art. 31), de même que "les insultes
envers les prophètes" (art. 44). Certains redoutent que cela ne
permette de justifier une censure.
"L’État protège la morale, les moeurs et l’ordre public." (art. 11)
Il est interdit (art. 145) de ratifier des conventions internationales
contraires à la Constitution. Le projet indique que l’Égypte respecte
ses engagements internationaux, mais les organisations de défense des
droits humains déplorent l’absence de référence explicite aux
conventions internationales en matière de droits de l’homme.
***
Référendum en Égypte : l’opposition annonce qu’elle fera appel du résultat
L’opposition égyptienne va faire appel du résultat du référendum sur un
projet de Constitution, estimant que la victoire annoncée résulte de la
fraude, a déclaré dimanche un des ses chefs de file. Le Front du salut
national, principale coalition de l’opposition, "va faire appel du
résultat de ce référendum" en raison de "la fraude et des violations"
des règles électorales, a déclaré lors d’une conférence de presse l’un
des principaux dirigeants du FSN, le nationaliste de gauche Hamdeen
Sabbahi.
Le FSN a affirmé dans un communiqué que la victoire du "oui" au
référendum sur un projet de Constitution, annoncée par les islamistes
qui soutiennent le texte et les médias gouvernementaux "est due à la
fraude, aux violations et aux irrégularités constatées". Les Frères
musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, et les médias
gouvernementaux ont affirmé tôt dimanche matin que le "oui" l’avait
emporté par 64 % des votants lors de ce référendum qui s’est tenu en
deux phases, les 15 et 22 décembre.
Les résultats officiels de ce référendum qui a profondément divisé le
pays et donné lieu à de nombreuses manifestations parfois violentes
doivent être proclamés lundi par la commission électorale, selon le
quotidien gouvernemental al-Ahram. Un autre dirigeant de l’opposition
laïque, Amr Hamzawy, a déclaré lors de cette conférence de presse que
"nous demandons à la commission (électorale) d’enquêter sur les
irrégularités avant d’annoncer les résultats officiels". "Notre combat
est pacifique, nous voulons faire tomber une Constitution invalide en
arguant des irrégularités et du faible taux de participation", - estimé
officieusement à 32 % environ -, a-t-il poursuivi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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