L’aviation syrienne a bombardé pour la première fois en 21 mois de
conflit le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk à Damas,
franchissant une nouvelle étape dans sa guerre pour chasser les rebelles
de la capitale. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme
(OSDH), au moins huit civils ont été tués dans le raid qui a visé,
d’après des habitants, une mosquée où quelque 600 déplacés avaient
trouvé refuge. Sur une vidéo mise en ligne par des militants, on voit
plusieurs corps ensanglantés et déchiquetés devant l’entrée de cette
mosquée. L’aviation a également bombardé plusieurs quartiers du sud de
Damas, le régime menant une vaste campagne militaire pour chasser les
rebelles de la capitale et écraser leurs bases arrière dans la ceinture
de la métropole. À Yarmouk, le plus grand camp palestinien de Syrie,
longtemps considéré comme une zone sûre pour les déplacés, "c’est
vraiment la guerre maintenant", a affirmé un militant sur place joint
par l’AFP via internet.
Il a estimé que "le raid aérien (avait) eu lieu parce que l’Armée
syrienne libre (ASL, rebelles) progressait dans le camp", faisant état
de violents affrontements entre rebelles et combattants palestiniens du
Front populaire de Libération de la Palestine d’Ahmad Jibril (FPLP-CG,
pro-régime syrien). Yarmouk est situé à la lisière de la banlieue sud,
depuis laquelle les rebelles tentent de progresser dans la capitale.
Plus tôt dans la matinée, une fillette et une femme avaient été tuées et
plusieurs personnes blessées par le tir d’un obus sur le camp, selon
l’OSDH. Les 500 000 Palestiniens de Syrie, restés un temps en dehors des
affrontements entre rebelles et forces pro-régime qui déchirent le pays
depuis 21 mois, sont désormais entrés dans le conflit, malgré les
appels du régime et d’organisations internationales à rester neutres.
Mais ils sont divisés sur la question, certains ayant même pris les
armes dans les deux camps opposés : selon des militants, des membres du
FPLP-CG combattent aux côtés des troupes du régime de Bashar el-Assad,
tandis que des membres du mouvement islamiste Hamas ont rejoint les
rebelles à Damas et dans sa région.
Alors que le quotidien El Watan, proche du pouvoir, dénonçait dimanche
"une escalade terroriste aux abords de la capitale", le Premier ministre
Waël al-Halaqi a affirmé que son pays avançait "avec volonté et
optimisme pour enfin (...) anéantir les bandes terroristes armées",
selon l’agence officielle Sana. "Dans le même temps, nous sommes ouverts
à toutes les initiatives qui pourraient mettre fin à la crise, par le
dialogue et les moyens politiques et pacifiques", a-t-il toutefois
ajouté. Le régime assimile rebelles et opposants à des "terroristes" et
appelle régulièrement au dialogue, une option rejetée par l’opposition
qui réclame avant toute négociation le départ du président Assad. Sur le
terrain, 52 personnes ont péri à travers le pays, selon un bilan
provisoire de l’OSDH. Parmi elles, 24 civils et huit rebelles ont trouvé
la mort dans la seule région de Hama (centre), en proie aux combats et
aux bombardements.
Samedi, 158 personnes avaient été tuées, selon l’OSDH, qui a recensé
plus de 43 000 morts depuis le début, le 15 mars 2011, d’une révolte
populaire contre le régime devenue conflit armé. Alors qu’Ankara dit
redouter un débordement du conflit sur son territoire, le général Hassan
Firouzabadi, chef d’état-major des forces armées iraniennes, a estimé
que les pays occidentaux "ourdissent des plans pour une guerre mondiale"
en prévoyant de déployer des batteries de missiles Patriot en Turquie.
Les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas, seuls pays de l’Otan à
posséder des Patriot, vont déployer prochainement, dans le cadre de
l’Alliance, six batteries de missiles et plus d’un millier de soldats
sur le territoire turc.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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