Des responsables de l’Union européenne et du Haut commissariat de l’ONU
pour les réfugiés (HCR) ont estimé samedi que le "brutal" conflit syrien
était entré dans une "nouvelle phase", réclamant des fonds
supplémentaires pour les déplacés et les réfugiés. "Ce n’est pas un
conflit comme les autres, c’est devenu un conflit brutal dans le
contexte d’une tragédie humanitaire", a affirmé lors d’une conférence de
presse à Beyrouth Antonio Guterres, le chef du HCR, qui a enregistré
plus de 500 000 réfugiés syriens et table sur plus de 1 million en juin
2013.
La Commissaire européenne pour l’aide humanitaire, Kristalina Georgieva,
a déploré le fait qu’apporter de l’aide en Syrie soit "de plus en plus
difficile et même impossible dans certaines régions". Les deux
responsables se sont rendus samedi dans la vallée de la Bekaa, dans
l’est du Liban, pour rencontrer des réfugiés qui ont évoqué "des
atrocités et des combats d’une telle intensité qu’ils les ont poussés à
fuir", selon Kristalina Georgieva.
Les autorités syriennes ont autorisé l’ONU à ouvrir huit nouveaux
bureaux pour aider les déplacés, en particulier à Idleb (nord-ouest),
Deraa (sud), Homs (centre) et Deir Ezzor (est). Mais, dans le même
temps, "pour la première fois depuis le début du conflit, le personnel
humanitaire international à l’intérieur de la Syrie a diminué", a noté
Kristalina Georgieva. "Nous comptons de plus en plus sur les employés
locaux et sur les structures sociales syriennes et les organisations
locales. Mais le problème est de faire parvenir l’aide. Cela devient
très, très difficile", a-t-elle ajouté.
En plus des soucis logistiques, l’impact du conflit sur l’économie
syrienne accentue également la crise humanitaire. "Il y avait une
production de médicaments et de composants permettant de rendre l’eau
potable. Tout cela est fini", a déploré la commissaire européenne,
donnant l’exemple d’Alep, capitale économique désormais ravagée par des
mois de guérilla urbaine. "Outre les nombreux morts et blessés, les
hôpitaux sont détruits, et il n’y a plus de services médicaux pour la
population dans de nombreux endroits", a-t-elle ajouté, signalant aussi
que selon des réfugiés, dans certains endroits le prix du pain a été
"multiplié par 12".
Dans le même temps, samedi, le colonel déserteur Abu Furat, un des
dirigeants de Liwa al-Tawhid, l’une des principales brigades rebelles
d’Alep (nord), est mort dans l’assaut d’une des plus grandes académies
militaires de Syrie, a annoncé sa brigade sur sa page Facebook. Les
rebelles ont pris samedi une grande partie de cette école d’infanterie,
selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Commandant
d’une brigade de blindés dans l’armée syrienne, Abu Furat avait
déserté pour rejoindre la rébellion hostile au président Bashar
al-Assad. Montant en première ligne avec ses hommes sur les fronts les
plus dangereux d’Alep, notamment ceux de Salaheddine et de Seif
al-Dawla, il était également en charge des opérations militaires au sein
de cette importante brigade, liée aux Frères musulmans.
Avenant et friand de bons mots, ce colonel, qui avait accueilli
plusieurs équipes de l’Agence France-Presse, était très apprécié par ses
hommes. Sur la page Facebook, les commentaires élogieux se
multipliaient : "Je demande que l’école d’infanterie soit renommée École
du martyr Abu Furat", disait l’un d’eux. Un grand nombre de soldats
et de rebelles ont péri dans les combats autour de l’école militaire,
selon l’OSDH. Les troupes régulières avaient envoyé par hélicoptères des
hommes de la garde républicaine pour faire face à l’assaut mené par les
rebelles, qui assiégeaient l’école depuis trois semaines, a précisé
cette ONG qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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