dimanche 16 décembre 2012

Syrie : Le conflit syrien est entré dans une "nouvelle phase"

Des responsables de l’Union européenne et du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) ont estimé samedi que le "brutal" conflit syrien était entré dans une "nouvelle phase", réclamant des fonds supplémentaires pour les déplacés et les réfugiés. "Ce n’est pas un conflit comme les autres, c’est devenu un conflit brutal dans le contexte d’une tragédie humanitaire", a affirmé lors d’une conférence de presse à Beyrouth Antonio Guterres, le chef du HCR, qui a enregistré plus de 500 000 réfugiés syriens et table sur plus de 1 million en juin 2013.

La Commissaire européenne pour l’aide humanitaire, Kristalina Georgieva, a déploré le fait qu’apporter de l’aide en Syrie soit "de plus en plus difficile et même impossible dans certaines régions". Les deux responsables se sont rendus samedi dans la vallée de la Bekaa, dans l’est du Liban, pour rencontrer des réfugiés qui ont évoqué "des atrocités et des combats d’une telle intensité qu’ils les ont poussés à fuir", selon Kristalina Georgieva.

Les autorités syriennes ont autorisé l’ONU à ouvrir huit nouveaux bureaux pour aider les déplacés, en particulier à Idleb (nord-ouest), Deraa (sud), Homs (centre) et Deir Ezzor (est). Mais, dans le même temps, "pour la première fois depuis le début du conflit, le personnel humanitaire international à l’intérieur de la Syrie a diminué", a noté Kristalina Georgieva. "Nous comptons de plus en plus sur les employés locaux et sur les structures sociales syriennes et les organisations locales. Mais le problème est de faire parvenir l’aide. Cela devient très, très difficile", a-t-elle ajouté.

En plus des soucis logistiques, l’impact du conflit sur l’économie syrienne accentue également la crise humanitaire. "Il y avait une production de médicaments et de composants permettant de rendre l’eau potable. Tout cela est fini", a déploré la commissaire européenne, donnant l’exemple d’Alep, capitale économique désormais ravagée par des mois de guérilla urbaine. "Outre les nombreux morts et blessés, les hôpitaux sont détruits, et il n’y a plus de services médicaux pour la population dans de nombreux endroits", a-t-elle ajouté, signalant aussi que selon des réfugiés, dans certains endroits le prix du pain a été "multiplié par 12".

Dans le même temps, samedi, le colonel déserteur Abu Furat, un des dirigeants de Liwa al-Tawhid, l’une des principales brigades rebelles d’Alep (nord), est mort dans l’assaut d’une des plus grandes académies militaires de Syrie, a annoncé sa brigade sur sa page Facebook. Les rebelles ont pris samedi une grande partie de cette école d’infanterie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Commandant d’une brigade de blindés dans l’armée syrienne, Abu Furat avait déserté pour rejoindre la rébellion hostile au président Bashar al-Assad. Montant en première ligne avec ses hommes sur les fronts les plus dangereux d’Alep, notamment ceux de Salaheddine et de Seif al-Dawla, il était également en charge des opérations militaires au sein de cette importante brigade, liée aux Frères musulmans.

Avenant et friand de bons mots, ce colonel, qui avait accueilli plusieurs équipes de l’Agence France-Presse, était très apprécié par ses hommes. Sur la page Facebook, les commentaires élogieux se multipliaient : "Je demande que l’école d’infanterie soit renommée École du martyr Abu Furat", disait l’un d’eux. Un grand nombre de soldats et de rebelles ont péri dans les combats autour de l’école militaire, selon l’OSDH. Les troupes régulières avaient envoyé par hélicoptères des hommes de la garde républicaine pour faire face à l’assaut mené par les rebelles, qui assiégeaient l’école depuis trois semaines, a précisé cette ONG qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins.

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