Près de 100.000 Palestiniens étaient rassemblés samedi sur la place
de la Katiba, dans la ville de Gaza, pour assister aux célébrations du
25ème anniversaire de la création du Hamas, en présence du chef en exil
du mouvement islamiste, Khaled Mechaal.
Le clou des cérémonies devait être un discours de M. Mechaal, arrivé
vendredi à Gaza pour sa première visite dans le territoire palestinien,
vers 14H00 (12H00 GMT).
Khaled Mechaal et la délégation du bureau politique en exil du Hamas,
dont son adjoint, Moussa Abou Marzouk, ont pris place vers 13H00 (11H00
GMT) en compagnie du chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl
Haniyeh sur la tribune officielle.
De part et d’autre étaient disposés les portraits géants du fondateur du
Hamas, cheikh Ahmad Yassine, assassiné par l’armée israélienne en 2004
et du chef militaire du Hamas, Ahmad Jaabari, tué par la première frappe
de l’opération israélienne "Pilier de défense" du 14 au 21 novembre.
Au milieu de l’estrade, devant une maquette de l’esplanade des Mosquées à
Jérusalem-Est, était posée une réplique de roquette M75 du Hamas,
utilisée pendant les affrontements, avec l’inscription en anglais "Made
in Gaza" et "Palestine".
"Nous ne vous avons combattus qu’avec 10 % de nos capacités", a déclaré
un porte-parole masqué des Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du
Hamas, à l’adresse d’Israël. "Si vous aviez fait plus, nous en aurions
fait autant. Nous couperons la main qui agresse notre peuple et nos
dirigeants", a-t-il assuré.
Les hostilités ont coûté la vie à 174 Palestiniens, dont plus d’une
centaine de civils, ainsi qu’à six Israéliens, quatre civils et deux
militaires, selon les bilans des deux camps.
L’armée israélienne a affirmé avoir tué dans l’opération sept hauts
responsables militaires et frappé 1.500 cibles, dont 19 centres de
commandement, 26 sites de fabrication et de stockage d’armes, et des
centaines de lance-missiles enterrés.
Parmi l’assistance, dont les rangs étaient clairsemés par la pluie
intermittente, se trouvaient de nombreuses femmes et des enfants
arborant les emblèmes du Hamas, drapeaux et casquettes de couleur verte,
sous un ciel gris et lourd.
Les forces de sécurité du gouvernement du Hamas ont été placées "en état
d’alerte pour assurer la sécurité des festivités", a déclaré à l’AFP le
porte-parole du ministère de l’Intérieur, Islam Chahwane. Des centaines
de policiers ainsi que des dizaines de membres armés et masqués des
Brigades Ezzedine al-Qassam, entouraient la place.
Aux alentours régnait une ambiance de kermesse, avec de nombreux étals
de nourriture et des vendeurs de boisson ambulants qui parcouraient la
foule.
Un père de famille portait une sculpture en bois peinte en vert avec le nombre 25 surmonté d’une roquette.
Le Hamas célèbre cette année avec quelques jours d’avance son 25ème
anniversaire, pour coïncider avec celui de la première Intifada
palestinienne, qui avait éclaté le 8 décembre 1987 dans la bande de
Gaza.
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Discours sans concession du chef du Hamas à Gaza
Le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël et revendiquera toujours la terre
de Palestine dans sa totalité, a affirmé samedi à Gaza le chef du
mouvement islamiste palestinien.
Au lendemain d’un accueil triomphal après 45 ans d’exil, Khaled Méchaal a
pris la parole lors d’un grand "rassemblement de la victoire" dans la
bande de Gaza, deux semaines après la fin des bombardements israéliens
dans l’enclave palestinienne.
"La Palestine est à nous, de la rivière (Jourdain) à la mer
(Méditerranée) et du sud au nord. Nous ne ferons aucune concession, nous
n’abandonnerons pas un seul pouce de notre terre", a-t-il dit lors des
cérémonies marquant le 25e anniversaire de la fondation du Hamas et le
début de la première intifada.
"Nous ne reconnaîtrons jamais la légitimité de l’occupation israélienne
(...) Israël n’a aucune légitimité et n’en aura jamais", a-t-il ajouté
au cours de cette réunion publique qui a duré quatre heures.
Devant une mer de drapeaux et une foule enthousiaste estimée à un
demi-million de personnes par le Hamas, Khaled Méchaal s’est engagé à
faire libérer les prisonniers palestiniens détenus en Israël, laissant
présager de nouvelles tentatives d’enlèvement de soldats de Tsahal
utilisés ensuite comme monnaie d’échange.
L’an dernier, Israël a libéré 1.027 détenus palestiniens en échange du
sergent Gilad Shalit, qui avait été enlevé en 2006 par un groupe armé de
la bande de Gaza.
"Nous n’aurons pas un instant de repos tant que nous n’aurons pas libéré
tous les détenus palestiniens. Et nous utiliserons les mêmes moyens que
par le passé", a lancé Khaled Méchaal.
Le chef du Hamas, né en 1956 près de Ramallah, en Cisjordanie, n’était
plus retourné en territoire palestinien depuis la guerre des Six-Jours
en 1967 et ne s’était jamais rendu jusqu’ici dans la bande de Gaza.
Des milliers de personnes, beaucoup brandissant le drapeau vert du
Hamas, avaient commencé à se rassembler dès le matin sur un terrain
vague au sol détrempé par la pluie, au son de chants patriotiques
diffusés par des haut-parleurs.
La vaste scène dressée pour ce "rassemblement de la victoire" était
surmontée d’une reproduction gigantesque d’un missile M75, dont
plusieurs exemplaires ont été tirés en direction de Tel Aviv et de
Jérusalem au plus fort des combats de novembre.
"Oh cher Méchaal, notre armée a frappé Tel Aviv", scandaient des
manifestants. "O Kassam, recommence, et frappe cette fois Haïfa !",
ont-ils ajouté, évoquant les Brigades Ezzedine al Kassam, la branche
armée du Hamas, et le port israélien de Haïfa.
"C’est un jour de victoire", s’est exclamé Ahmed Chahine, un Palestinien
de 60 ans assis avec ses jeunes enfants devant l’imposante estrade. "La
présence de Khaled Méchaal est un signe de cette victoire."
Khaled Méchaal est sorti largement renforcé des combats qui ont fait
rage pendant huit jours le mois dernier dans ce territoire palestinien,
dont le mouvement islamiste a pris le contrôle en juin 2007.
Les affrontements ont fait 170 morts dans les rangs palestiniens et six
côté israélien. L’Etat hébreu assure avoir considérablement entamé les
capacités militaires du Hamas, mais le mouvement islamiste a néanmoins
tiré parti du conflit, qui lui a valu des témoignages de solidarité de
la plupart des pays arabes et de l’Autorité palestinienne.
Des représentants du Qatar, de la Malaisie, de la Turquie, de l’Egypte et du Bahreïn ont ainsi assisté à la cérémonie de samedi.
Khaled Méchaal, qui a pris une part active aux négociations pendant les
combats, a lui-même raffermi sa légitimité à la tête de son mouvement,
même s’il assure vouloir passer la main à brève échéance. Il a qualifié
vendredi sa visite à Gaza de "troisième naissance", évoquant la
tentative d’empoisonnement du Mossad à laquelle il a échappé en 1997 à
Amman.
Depuis le cessez-le-feu, conclu sous l’égide d’une Egypte désormais
dirigée par des Frères musulmans proches du Hamas, Khaled Méchaal parle
plus que jamais de réconciliation avec le Fatah de Mahmoud Abbas,
président de l’Autorité palestinienne.
Dans son discours, il a rendu un hommage appuyé à l’Egypte, "notre
soutien". Il a en revanche pris ses distances avec le président syrien
Bachar al Assad, confronté depuis plus de vingt mois à une révolte
populaire. "Le Hamas ne peut soutenir les régimes ou les Etats qui
mènent une guerre sanglante contre leur propre peuple", a-t-il dit.
Pendant plusieurs années, le chef du Hamas a vécu en exil à Damas, la capitale syrienne qu’il a quittée au début de cette année.
Fait sans précédent depuis 2007, des représentants locaux du Fatah, que
le Hamas a évincé de la bande de Gaza, devaient assister au
rassemblement de samedi.
"Si Dieu le veut (...), la réconciliation aura lieu. L’unité nationale
est à portée de main", a déclaré Khaled Méchaal, vendredi, sur les
ruines d’une maison détruite par un raid israélien qui a coûté la vie à
12 civils.
"Après la victoire de Gaza, il est temps maintenant de refermer le
chapitre de la division et de construire l’unité palestinienne", a-t-il
lancé samedi.
(Assawra)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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