Le Premier ministre israélien préfère les extrémistes de Gaza aux
modérés de l’Autorité palestinienne. Cela lui évite de faire la moindre
concession.
"La Palestine est notre terre, de la mer Méditerranée au Jourdain.
Nous ne pouvons reconnaître de légitimité ni à l’occupation de la
Palestine ni à Israël." Ainsi parla Khaled Mechaal lors d’un grand
discours prononcé samedi 8 décembre à l’occasion du vingt-cinquième
anniversaire de la création du Hamas. Mechaal, leader en exil du
mouvement, s’exprimait devant une foule énorme à Gaza, où il mettait
d’ailleurs les pieds pour la première fois, étant lui-même originaire de
Cisjordanie.
Les Israéliens avaient tous les moyens, s’ils l’avaient voulu,
d’empêcher cette démonstration. Ils tiennent toute la bande de Gaza sous
le feu de leur artillerie, de leurs drones, de leur aviation, de leur
marine. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est bien gardé de la
moindre initiative visant à perturber cette prestation.
Et pour cause : à quelques semaines des prochaines élections
législatives, en janvier, le Hamas est le meilleur ennemi du Premier
ministre, archi-favori dans les sondages. Plus les Palestiniens tiennent
des propos extrémistes, plus il est facile de démontrer que tout
dialogue est impossible avec eux. Netanyahou veut aussi faire payer à
l’Autorité palestinienne du modéré Mahmoud Abbas son succès diplomatique
à l’ONU où la Palestine siège désormais en tant qu’État non membre.
Déjà, le gouvernement israélien avait donné son feu vert à la visite à
Gaza le 23 octobre dernier du cheikh Hamad al-Thani, émir du Qatar,
flanqué de sa très belle et élégante épouse la cheikha Mozah. Un
impressionnant convoi de Mercedes étincelantes avait sillonné les rues
de Gaza, une bande de terre (41 kilomètres de long, 6 à 12 de large) où
s’entassent 1,6 million de Palestiniens, dont beaucoup vivent dans des
conditions misérables.
Le Qatar, où l’on pratique un islam de rite wahhabite (comme en Arabie
saoudite), s’est érigé en protecteur du Hamas islamiste. Au grand dam de
l’Autorité palestinienne, issue de l’OLP et du Fatah qui se veut plus
ou moins laïque. Et c’est à Doha, la capitale de l’émirat, que réside
désormais le plus souvent Khaled Mechaal. Il avait naguère encore sa
base arrière à Damas, mais a préféré prendre le large, les Palestiniens
sunnites se sentant davantage solidaires des insurgés syriens que du
régime alaouite - une secte issue du chiisme - de Bachar el-Assad.
S’établit ainsi un curieux triangle entre Israël, le Hamas et le Qatar.
Objectif de Netanyahou : morceler politiquement la Palestine en
renforçant le Hamas, et territorialement en multipliant les colonies de
peuplement dans les territoires. L’État palestinien, s’il voit le jour,
serait ainsi réduit à une série d’entités sans aucune continuité. Une
stratégie qui peut marcher à court terme, mais qui est lourde de menaces
pour l’avenir de la région tout entière.
(11 Décembre 2012 - Pierre Beylau)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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