Un Palestinien travaille dans sa vigne près du village de Beit Omar en Cisjordanie, le 26 février 2017 (Afp)
Trois mois après une résolution historique de l'ONU condamnant les
colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, les
experts redoutent que le texte n'ait aucun effet alors qu'Israël va
établir une nouvelle colonie pour la première fois en plus de 25 ans.
La résolution 2334, adoptée en décembre grâce à l’abstention des
Etats-Unis, n'a pas contribué à mettre fin à la construction dans les
colonies.
De nouveaux projets ont été annoncés par des responsables israéliens
dans les semaines qui ont suivi. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a
même été plus loin en annonçant jeudi la création d'une nouvelle
colonie en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans par
l'armée israélienne. Une décision qu'aucun gouvernement n'avait osé
prendre depuis 1991.
Le texte de l'ONU est également dans le collimateur de la nouvelle
administration américaine de Donald Trump qui y voit la preuve qu'Israël
serait injustement visé par l'ONU.
Pour certains diplomates, comme le formule l'un d'eux, cette résolution a été "une tempête dans un verre d'eau".
Le texte a été adopté dans les derniers jours de la présidence de Barack
Obama qui avait accepté de ne pas utiliser son droit de veto au Conseil
de sécurité, donnant le feu vert à la première résolution du Conseil
condamnant les colonies depuis 1979. M. Trump, lui, avait plaidé pour
opposer ce veto.
L'Etat hébreu a annoncé depuis janvier des plans pour la construction de
plus de 6.000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, partie
palestinienne de la Ville sainte, annexée par Israël.
Alors que les avertissements se multiplient sur le fait que l'expansion
des colonies érode les espoirs de créer un Etat palestinien,
l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley a estimé que "les jours où
l'on malmenait Israël sont terminés".
Pour la communauté internationale, les colonies, illégales, sont le
principal obstacle à la paix car elles sont construites sur les terres
même où les Palestiniens envisagent d'établir leur Etat.
Après avoir accordé un soutien public à Israël, Donald Trump a appelé le
gouvernement Netanyahu à la "retenue sur les colonies" pour permettre
aux Etats-Unis de tenter de relancer les négociations de paix au point
mort.
Depuis, ce gouvernement, considéré comme le plus à droite de l'histoire
d'Israël, négocie avec la Maison Blanche des arrangements qui
permettraient de poursuivre les constructions dans les colonies sans se
mettre à dos l'administration Trump.
Robert Serry, coordinateur spécial des Nations unies pour le processus
de paix jusqu'en 2014, a estimé que la résolution arrivait "trop tard", à
la fin du mandat d'Obama. Si son administration ne lui avait pas opposé
un veto en 2012, elle aurait permis alors de faire pression sur Israël,
a-t-il ajouté à l'AFP.
Alan Baker, ancien diplomate israélien de haut rang, estime que les
actions menées par Israël ôtent sa pertinence à la résolution. "Obama
était en fin de course et s'est dit qu'il pouvait se lâcher. Maintenant,
ce sont ceux qui critiquent Israël qui doivent se retenir",
affirme-t-il.
Le 24 mars, l'actuel envoyé de l'ONU au Moyen-Orient Nickolay Mladenov a
accusé Israël de n'avoir pris "aucune mesure" pour se conformer à la
résolution.
Mais l'annonce par Donald Trump de sa volonté de réduire la contribution
américaine aux Nations unies limite la marge de manœuvre du secrétaire
général de l'ONU Antonio Gutteres, estime M. Serry. "Cette situation
peut porter atteinte au fonctionnement même des Nations unies",
prévient-il.
Le vote de la résolution, même non appliquée, est malgré tout positif pour certains.
"Nous savions tous qu'elle n'aurait aucune conséquence concrète. Il
s'agissait avant tout de marquer le coup", estime un diplomate européen.
"Désormais, nous n'avons plus à nous référer à des résolutions des années 1980 mais à quelque chose datant de 2016".
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