Le président égyptien Abdelfattah al-Sissi, au Caire, le 17 avril 2016 (Afp)
Le président américain Donald Trump accueille lundi son homologue
égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avec la volonté affichée de
renforcer les liens et de mettre en sourdine les critiques sur les
droits de l'homme de l'administration Obama.
Pour l'homme fort de l'Egypte, qui fut l'un des premiers à féliciter
chaleureusement le républicain lors de sa victoire surprise, le
tête-à-tête dans le Bureau ovale aura une saveur particulière; il
n'avait jamais été invité à la Maison Blanche par son prédécesseur
démocrate.
Le magnat de l'immobilier et l'ancien général, qui n'ont pas prévu
de conférence de presse commune, s'étaient déjà rencontrés à New
York en septembre, lorsque la campagne battait son plein.
Donald Trump n'avait alors pas tari d'éloges sur son interlocuteur:
"C'est un type fantastique. Il a pris le contrôle de l'Egypte,
vraiment pris le contrôle".
L'administration Trump loue aujourd'hui avec force celui qui dirige
l'Egypte d'une main de fer, saluant ses "mesures courageuses" dans
le domaine économique et dans la lutte contre le terrorisme.
La lutte contre Daesh, le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI), mais aussi
la façon dont la Maison Blanche entend esquisser des propositions
sur le conflit israélo-palestinien, devraient être au coeur des
discussions.
Mais la rencontre donnera aussi de précieuses indications sur la
façon dont le nouveau occupant de la Maison Blanche entend aborder
la question des droits de l'homme avec des dirigeants montrés du
doigt sur ce thème.
Son équipe a déjà donné une indication: ce sera de façon "privée et
discrète". "Nous pensons que c'est la façon la plus efficace
d'aborder ces sujets", a indiqué un responsable américain.
Cette approche a provoqué l'indignation des ONG de défense des
droits de l'homme.
"Inviter M. Sissi pour une visite officielle à Washington au moment
où des dizaines de milliers d'Egyptiens croupissent en prison et où
la torture est de nouveau à l'ordre du jour est une étrange façon de
bâtir une relation stratégique stable", a estimé Sarah Margon,
responsable de Human Rights Watch dans la capitale fédérale
américaine.
L'administration Obama avait gelé son aide militaire à l'Egypte en
2013 après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi et la
répression sanglante de ses partisans.
Mais le rôle incontournable de l'Egypte, le plus peuplé et le mieux
armé des pays arabes, avait poussé la Maison Blanche à infléchir sa
position et à reprendre les livraisons d'armes lourdes en 2015.
Les Etats-Unis allouent chaque année environ 1,5 milliard de dollars
d'aide à l'Egypte, dont 1,3 milliard dans le domaine militaire.
La Maison Blanche, qui vient de lancer un débat budgétaire qui
s'annonce houleux sur fond de réduction drastique de l'aide
internationale, a promis de maintenir un niveau d'aide "fort" à
l'Egypte. Mais ne s'est engagée sur aucun chiffre.
La nouvelle administration républicaine serait-elle prête à désigne
la confrérie des Frères musulmans de Mohamed Morsi comme une
"organisation terroriste" ?
"Le président souhaite entendre la position du président Sissi sur
le sujet", a répondu, prudent, un haut responsable américain avant
la visite. "Comme d'autres pays, nous avons des inquiétudes
concernant diverses activités des Frères musulmans dans la région".
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