La Russie a prévenu mercredi qu’elle opposerait son veto à une résolution de l’Onu exhortant Bashar al Assad à démissionner, si le texte n’était pas assorti d’un rejet explicite d’une intervention militaire dans le pays.
La répression des manifestations antigouvernementales, qui a fait selon l’Onu plus de 5 000 morts depuis mi-mars 2011, s’est intensifiée ces derniers jours selon l’opposition, les forces syriennes multipliant les offensives pour reprendre le contrôle de quartiers tombés aux mains des insurgés.
Face à l’escalade de la violence, la Ligue arabe, l’Europe et les Etats-Unis ont exhorté mardi le Conseil de sécurité des Nations unies à appuyer le plan de sortie de crise qui prévoit la mise à l’écart du président Assad.
La résolution préparée par la France et la Grande-Bretagne avec l’appui du Qatar, du Maroc, des Etats-Unis, de l’Allemagne et du Portugal, s’inspire d’un plan de la Ligue arabe en appelant à la mise à l’écart du président Assad et à la création d’un gouvernement d’union nationale. Le texte ajoute que le Conseil de sécurité pourrait prendre des mesures supplémentaires non spécifiées si Damas n’accepte pas ses conditions.
Réagissant au lendemain de cette offensive diplomatique à New York, l’ambassadeur de Russie auprès de l’Union européenne, Vladimir Tchijov, a déclaré que le projet de résolution sur la Syrie ne serait pas approuvé en l’état.
"Une chose importante manque (dans le projet) : un clause claire écartant la possibilité que cette résolution puisse être utilisée pour justifier une intervention militaire dans les affaires de la Syrie. Pour cette raison, je ne vois pas comment le projet pourrait être adopté", a déclaré Vladimir Tchijov, cité par l’agence Interfax.
La Chine a pour sa part réitéré son opposition au recours à la force pour résoudre la crise en Syrie, estimant que cela violerait "l’objet et les principes de la Charte des Nations unies".
La Russie et la Chine, qui disposent d’un droit de veto au Conseil de sécurité, ont résisté jusqu’à présent aux pressions occidentales et ont bloqué en octobre une précédente tentative d’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression des manifestations orchestrée par Damas.
Face à ces réticences, le secrétaire au Foreign Office, William Hague, et son homologue français, Alain Juppé, ont tenté mardi de rassurer Pékin et Moscou, en soulignant notamment que l’idée d’une intervention militaire était "un mythe".
Mais les déclarations de Vladimir Tchijov laissent penser que Moscou ne se contentera pas de telles garanties. Le Premier ministre qatari, Cheikh Hamad bin Jassin, a lui aussi tenté d’apaiser les inquiétudes de Moscou et Pékin tout en soulignant que "la machine à tuer est toujours à l’oeuvre" en Syrie.
"Nous ne préconisons pas une intervention militaire", a-t-il déclaré, disant vouloir éviter un scénario à la libyenne, en référence à l’intervention aérienne étrangère qui a aidé les rebelles libyens à renverser le régime de Muammar Kadhafi.
"Nous voulons que soient exercées des pressions économiques concrètes afin que le régime syrien comprenne qu’il est impératif de répondre aux revendications de la population."
L’ambassadeur de Syrie auprès de l’Onu, Bashar Djaafari, a affirmé que son gouvernement n’était pas responsable de la crise. Il a accusé les Etats-Unis et leurs alliés européens de chercher à contrôler de nouveaux territoires au Proche-Orient parlant d’un "retour du colonialisme".
Sur le terrain, les affrontements entre les forces syriennes et l’Armée syrienne libre (ASL), qui réunit les déserteurs de l’armée loyaliste, se rapprochent de Damas, la capitale.
Selon les insurgés, l’armée a lancé une offensive dans la nuit de mardi à mercredi pour contrer la menace des forces rebelles qui ont atteint les portes de la capitale.
Dans le nord de Damas, les soldats ont pris le contrôle de Rankus et l’ont étendu aux alentours, bombardant notamment le village de Telfita dans la nuit, selon l’opposition.
Dans la zone de Wadi Barada, quatre personnes ont été tuées dans un bombardement mercredi matin destiné à chasser les rebelles de l’ASL opérant près de la capitale, rapportent des militants de l’opposition. Ces informations n’ont pas pu être confirmées de source indépendante.
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Le sommet de la Ligue arabe aura lieu le 29 mars à Bagdad
Le prochain sommet ordinaire de la Ligue arabe aura lieu le 29 mars à Bagdad, a affirmé mercredi le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Ahmad ben Hilli lors d’une conférence de presse commune avec le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari.
"Nous nous sommes mis d’accord sur tous les arrangements logistiques et de sécurité. Les ministres arabes de l’Economie se réuniront le 27 mars, les ministres des Affaires étrangères le 28 et les chefs d’Etats le 29 mars", a-t-il dit.
Ce sommet aura lieu alors que la région a connu des bouleversements sans précédent en 2011 et que la Ligue arabe, qui a suspendu la Syrie, a demandé aux Nations unies de sortir de leur inaction pour empêcher le pays de plonger dans la guerre civile.
Le sommet annuel de la Ligue arabe a été repoussé à deux reprises en raison des mouvements de contestation touchant différents pays du Moyen-Orient et du Maghreb. Il devait initialement se tenir le 29 mars 2011 à Bagdad puis avait été repoussé une première fois au 11 mai.
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