Un an après le début de la révolution, rien n’est réglé en Libye. Les espoirs pour une nouvelle Libye sont "mis en péril" par les violations de droits de l’homme commises par des milices d’ex-rebelles en "toute impunité", a déploré jeudi Amnesty International, selon des propos relevés par l’AFP. "Il y a un an, les Libyens ont risqué leur vie pour réclamer justice. Aujourd’hui, leurs espoirs sont mis en péril par des milices armées sans foi ni loi qui foulent aux pieds les droits de l’homme en toute impunité", a estimé Donatella Rovera, conseillère spéciale d’AI chargée des crises et des conflits.
Celle-ci présentait le rapport de son organisation sur la Libye intitulé "les milices menacent les espoirs pour une nouvelle Libye", publié un an après le début de l’insurrection qui a fait tomber le régime du dictateur Muammar Kadhafi. Elle a appelé à des enquêtes sur les "graves abus", y compris "des crimes de guerre commis par ces milices contre des partisans présumés de Muammar Kadhafi, affirmant que des "personnes étaient détenues illégalement et torturées, parfois jusqu’à la mort".
"Migrants et réfugiés africains ont également été pris pour cible et des représailles ont été menées, déplaçant de force des communautés entières", selon le rapport, qui cite notamment les habitants de Tuarga, au sud de Misrata (ouest). "La plupart des milices en Libye sont hors de contrôle et l’impunité généralisée dont elles jouissent ne fait qu’encourager de nouvelles violences et perpétue l’instabilité et l’insécurité dans le pays", a déclaré Donatella Rovera.
En janvier et début février, des délégués d’Amnesty se sont rendus dans 11 centres de détention contrôlés par les ex-rebelles dans le centre et l’ouest de la Libye et dans dix d’entre eux, "les détenus ont indiqué qu’ils avaient été torturés ou maltraités sur place", a-t-on ajouté de même source. "Ces prisonniers ont montré à Amnesty International des blessures résultant de mauvais traitements récents". Plusieurs d’entre eux ont indiqué avoir avoué des crimes de viols ou de meurtre qu’ils n’avaient pas commis, "juste pour mettre fin à la torture", a-t-on ajouté de même source.
"Au moins 12 personnes détenues par les milices ont trouvé la mort depuis septembre, après avoir été torturées. Leurs corps étaient couverts d’ecchymoses, plaies et coupures et certains avaient les ongles arrachés", a ajouté Amnesty. Des détenus dans et autour de Tripoli, Gharyan, Misrata, Syrte et Zawiyah ont raconté à Amnesty International qu’ils avaient été "suspendus dans des positions contorsionnées et battus pendant des heures avec des fouets, des câbles, tuyaux en plastique, des chaînes et barres de fer".
"Aucune enquête n’a été réalisée, que ce soit sur de graves violations, telles que les exécutions extrajudiciaires des détenus ou sur les autres crimes de guerre, y compris le meurtre de 65 personnes dont les corps ont été retrouvés le 23 octobre dans un hôtel de Syrte qui a servi de base pour des combattants venus de Misrata." "Tous les détenus devraient être immédiatement transférés vers des centres de détention légaux sous le contrôle du Conseil national de transition (CNT)" au pouvoir, a encore indiqué AI.
Début février, le ministre libyen de la Justice, Ali H’mida Achour, avait affirmé que son ministère allait enquêter sur des cas de torture dans des prisons libyennes, après des accusations d’autres organisations des défense de droits de l’homme, comme HRW ou Médecins sans frontières.
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