L’opposition syrienne a exigé mercredi un départ du régime de Bachar
al-Assad comme préalable à toute solution au conflit en Syrie, rejetant
ainsi indirectement l’appel américano-russe au dialogue entre les deux
belligérants pour faire cesser l’effusion de sang.
Cette annonce porte un coup à l’entente entre Etats-Unis et Russie,
deux pays opposés sur le dossier syrien mais qui se sont basés sur
l’accord de Genève conclu en juin 2012 par les grandes puissances et
prévoyant une transition politique sans se prononcer sur le sort de
M. Assad.
Le régime syrien, qui affirme pour sa part que le sort du chef de
l’Etat sera décidé lors de l’élection présidentielle de 2014, n’a pas
encore réagi à l’accord annoncé mardi à Moscou, salué par le médiateur
international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, et l’Union européenne.
"La coalition nationale syrienne salue les efforts internationaux
appelant à une solution politique qui réaliserait les aspirations du
peuple syrien pour un Etat démocratique, mais celle-ci ne peut commencer
qu’avec le départ de Bachar al-Assad et de son régime", affirme un
communiqué de l’opposition.
A l’occasion de la première visite à Moscou de John Kerry en tant que
secrétaire d’Etat américain, les deux pays ont annoncé avoir convenu
d’inciter régime et rebelles à trouver une "solution politique" et
d’encourager la tenue "au plus vite" d’une conférence internationale.
Pour M. Kerry, la "tâche spécifique" de la conférence internationale
"consistera à réunir les membres du gouvernement et de l’opposition,
afin d’examiner comment ils peuvent appliquer ce que préconise le
communiqué" de Genève.
Ce communiqué, qui prévoit un arrêt des combats et la formation d’un
cabinet de transition aux pleins pouvoirs avant de futures élections
démocratiques, n’a jamais été suivi d’effet.
"Il m’est impossible en tant qu’individu de comprendre comment la
Syrie peut encore être gouvernée à l’avenir par un homme qui a commis de
telles choses. Mais je ne vais pas décider de cela ce soir et ce n’est
pas à moi d’en décider en fin de compte", a déclaré M. Kerry, alors que
son pays réclamait jusqu’à présent avec insistance un départ de
M. Assad.
Son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays est un allié du
régime syrien, a réaffirmé que le départ de M. Assad ne devait pas être
une condition préalable à un dialogue, tout en insistant sur le fait que
Moscou n’encourageait pas le président syrien à rester au pouvoir.
Cet accord russo-américain est "un premier pas en avant très
important. Ce n’est néanmoins qu’un premier pas", a estimé M. Brahimi
dans un communiqué alors que l’un de ses collaborateurs avait indiqué
qu’il songeait à démissionner face à l’enlisement du conflit.
Le médiateur a émis l’espoir que l’accord reçoive le soutien des
autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et de
"l’ensemble de la région".
Lancé en mars 2011, le mouvement de contestation pacifique contre le
régime syrien s’est transformé, après sa répression par le régime, en
guerre civile, faisant plus de 70.000 morts, 4,25 millions de déplacés
et plus de 1,4 million de réfugiés, selon l’ONU.
Sur le terrain, outre les combats qui font rage sur les multiples
fronts entre rebelles et troupes du régime, l’ONU tentait d’obtenir la
libération de quatre observateurs philippins de la FNUOD (Force de
l’observation du désengagement sur le Golan).
Ces observateurs ont été capturés mardi par un groupe rebelle alors
qu’ils patrouillaient dans la zone tampon entre Israël et la Syrie sur
le plateau du Golan.
Sur leur page Facebook, les rebelles de la "brigade des martyrs de
Yarmouk" affirment avoir pris ces hommes "pour (les) protéger" des
violences dans la région.
A l’étranger, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a
accusé M. Assad d’être passé au "plan B" dans sa lutte contre les
rebelles, à savoir l’"épuration ethnique" de certaines régions de Syrie,
en évoquant le secteur de Banias (nord-ouest) où des dizaines de
sunnites ont récemment été tués, selon une ONG, par l’armée et ses
supplétifs alaouites.
Dans le pays, le réseau internet, coupé depuis mardi soir,
fonctionnait à nouveau, de même que les liaisons téléphoniques. Les
médias officiels ont évoqué une "panne du câble de fibres optiques".
(08-05-2013 - Assawra avec les agences de presse)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire