jeudi 9 mai 2013

Israël/Palestine : Heurts à la Porte de Damas à Al Quds (Jérusalem)

Des dizaines de milliers d’Israéliens étaient attendus mercredi en fin d’après-midi à Jérusalem pour un défilé célébrant la "réunification" par les armes israéliennes en 1967 de la ville, dont le mufti, plus haute autorité religieuse palestinienne, a été interpellé mercredi.

Le mufti Mohammad Hussein a été relâché après avoir été interrogé pendant six heures par la police israélienne sur des heurts mardi sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est.

Peu auparavant, les députés jordaniens avaient voté à l’unanimité pour exiger le renvoi de l’ambassadeur d’Israël.

Le Premier ministre jordanien Abdallah Nsour, dont le pays est gardien des lieux saints musulmans de Jérusalem, a assuré au Parlement que son gouvernement considérait ces "violations israéliennes" avec gravité, citant l’interpellation du mufti et le projet "de permettre à des colons juifs extrémistes de pénétrer sur le site de la mosquée d’Al-Aqsa".

Le ministère israélien des Cultes veut en effet proposer au gouvernement d’"amender la loi" afin de permettre aux fidèles juifs de prier sur l’esplanade, le "mont du Temple" pour les juifs.

"Nous voulons que les juifs qui désirent prier sur place puissent le faire", a expliqué le directeur du ministère, Elhanan Glat, devant une commission parlementaire.

La loi israélienne autorise les juifs à prier sur l’esplanade, mais s’en remet à la police pour en apprécier l’opportunité.

Dans les faits, de telles prières sont interdites, et cette situation perdure depuis qu’Israël a pris le contrôle de Jérusalem-Est lors de la guerre des Six-Jours en juin 1967, un événement célébré mercredi par le "Jour de Jérusalem".

Des milliers de jeunes venus de tout le pays avec des drapeaux israéliens se sont rassemblés à travers la ville en vue du défilé prévu à partir de 17H00 (14H00 GMT), qui doit s’achever au mur des Lamentations, principal vestige du second Temple juif détruit par l’Empire romain en l’an 70.

En revanche, une centaine de Palestiniens brandissant des drapeaux palestiniens et scandant le refrain de l’hymne palestinien et "Ni Est ni Ouest, Jérusalem est arabe" se sont réunis devant la porte de Damas, principal accès à la Vieille ville.

La police israélienne à cheval les a dispersés de force, procédant à 18 arrestations et confisquant des drapeaux, selon la police et des journalistes de l’AFP. "Des milliers de policiers ont été déployés dans et autour de Jérusalem et de la Vieille ville", a précisé un porte-parole de la police israélienne Micky Rosenfeld.
D’après les dernières statistiques officielles israéliennes, Jérusalem compte quelque 804.000 habitants, Ouest et Est confondus, dont 499.000 juifs, 281.000 musulmans et 14.000 chrétiens, soit plus de 295.000 Palestiniens.

"Aujourd’hui, les colons israéliens, soutenus par le gouvernement, célèbrent leur +Jour de Jérusalem+, marquant l’occupation par Israël de la capitale de la Palestine", s’est indigné dans un communiqué le ministre palestinien chargé de Jérusalem, Adnane al-Husseini.

Il a dénoncé l’"arrestation provocatrice" du mufti "au moment où les forces d’occupation israéliennes protègent des gangs de colons extrémistes, qui terrorisent les familles palestiniennes à travers Jérusalem-Est occupé".

A l’occasion de cette journée, une ONG israélienne, l’Association pour les droits civiques en Israël (ACRI), s’est inquiétée de la paupérisation des Palestiniens de Jérusalem-Est, expliquant dans un rapport que 80% d’entre eux vivaient en-dessous du seuil de pauvreté israélien, le "pire taux jamais enregistré".
Israël considère Jérusalem comme sa capitale "unifiée et indivisible". Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l’annexion de la partie orientale de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

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