dimanche 9 juin 2013

Syrie : le régime reprend entièrement aux rebelles la région de Qusseir

Le régime syrien a annoncé samedi avoir pris le dernier fief rebelle dans la région stratégique de Qusseir, désormais entièrement sous son contrôle, et des dizaines de rebelles blessés dans les combats ont été évacués au Liban voisin.

La situation humanitaire dans la région de Qusseir, dévastée par trois semaines de combats violents, inquiète la communauté internationale, toujours impuissante et divisée face au conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 94.000 morts selon une ONG, et poussé à la fuite des millions de Syriens.

Mais dans une rare déclaration unanime, y compris de la Russie, alliée du régime, le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé au pouvoir un "accès immédiat et sans entrave" aux civils ayant besoin d’aide d’urgence à Qusseir, rappelant qu’il revenait en premier lieu aux autorités de les protéger.

Outre les rebelles blessés, une trentaine de familles venues de la région de Qusseir (centre-ouest) sont arrivées à Aarsal, une localité frontalière de l’est du Liban à majorité sunnite comme la confession de la plupart des rebelles syriens, selon Ahmad Hojeiri, chef adjoint de la municipalité.

"Ils sont arrivés épuisés, ils n’ont rien, certains sont arrivés à pied", a-t-il expliqué.

Trois jours après la conquête mercredi de la ville même de Qusseir avec l’aide déterminante du mouvement chiite libanais Hezbollah, l’armée a pris la localité voisine de Boueida al-Charqiya et contrôle désormais la totalité de la région qui relie la capitale Damas au littoral, deux places fortes du régime.

"Nos forces armées valeureuses ont rétabli la sécurité (...) à Boueida al-Charqiya", a annoncé la télévision officielle. "Les victoires se succèdent", a clamé le correspondant de la chaîne, montrant la place principale en ruines et des tunnels où se cachaient les rebelles.

La télévision, qui présente les rebelles comme des "terroristes à la solde de l’étranger", a affirmé que l’armée avait découvert à Boueida al-Charqiya des "repaires de terroristes remplis de grandes quantités d’armes et de munitions".

Selon experts et militants, le régime veut désormais s’attaquer aux poches rebelles dans la ville de Homs, à 35 km au nord de Qusseir, afin de se trouver en position de force avant la possible tenue d’une conférence de paix internationale censée trouver une solution au conflit.

Samedi, une voiture piégée a tué sept personnes près d’une position de l’armée à Adawiya, un quartier de Homs abritant une majorité alaouite et une minorité chrétienne, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’agence officielle Sana a confirmé ce bilan et assuré que l’explosion avait eu lieu devant un couvent accueillant des dizaines de familles déplacées.

Après l’annonce de la prise de Boueida, l’OSDH s’est inquiété du sort des rebelles et des civils qui avaient trouvé refuge dans cette localité après la prise de Qusseir.

"Où sont les centaines de civils et de blessés qui ont fui Qousseir pour se réfugier à Boueida al-Charqiya ? On n’a aucune nouvelle d’eux", a affirmé Rami Abdel Rahman, directeur de l’OSDH, disant que tous les militants de la zone étaient injoignables.

Outre la trentaine de familles syriennes, plusieurs dizaines de rebelles blessés dans la région de Qousseir ont été évacués au Liban. Au moins 28 d’entre eux ont été transportés par la Croix-Rouge libanaise vers des hôpitaux de l’est du Liban, selon un responsable des services de sécurité.

De plus, 10 combattants libanais sunnites blessés dans ces combats sont rentrés chez eux à Tripoli, la grande ville du nord du pays, selon une source de sécurité.

Le conflit déborde régulièrement au Liban, où les hélicoptères syriens ont de nouveau bombardé dans la nuit une région frontalière, partisane des rebelles syriens.

Le Liban est profondément divisé entre partisans et opposants au régime de Bashar al-Assad, avec les sunnites prenant fait et cause pour les insurgés et les partisans du Hezbollah combattant aux côtés de l’armée syrienne.

Pour aider jusqu’en décembre plus de 10 millions de Syriens, soit près de la moitié de la population du pays, affectés par le conflit, l’ONU a lancé vendredi un appel de fonds d’un montant de 5,2 milliards de dollars, un chiffre record.

(08-06-2013)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire