Le régime syrien a annoncé samedi avoir pris le dernier fief rebelle
dans la région stratégique de Qusseir, désormais entièrement sous son
contrôle, et des dizaines de rebelles blessés dans les combats ont été
évacués au Liban voisin.
La situation humanitaire dans la région de Qusseir, dévastée par trois
semaines de combats violents, inquiète la communauté internationale,
toujours impuissante et divisée face au conflit qui a fait depuis mars
2011 plus de 94.000 morts selon une ONG, et poussé à la fuite des
millions de Syriens.
Mais dans une rare déclaration unanime, y compris de la Russie, alliée
du régime, le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé au pouvoir un
"accès immédiat et sans entrave" aux civils ayant besoin d’aide
d’urgence à Qusseir, rappelant qu’il revenait en premier lieu aux
autorités de les protéger.
Outre les rebelles blessés, une trentaine de familles venues de la
région de Qusseir (centre-ouest) sont arrivées à Aarsal, une localité
frontalière de l’est du Liban à majorité sunnite comme la confession de
la plupart des rebelles syriens, selon Ahmad Hojeiri, chef adjoint de la
municipalité.
"Ils sont arrivés épuisés, ils n’ont rien, certains sont arrivés à pied", a-t-il expliqué.
Trois jours après la conquête mercredi de la ville même de Qusseir avec
l’aide déterminante du mouvement chiite libanais Hezbollah, l’armée a
pris la localité voisine de Boueida al-Charqiya et contrôle désormais la
totalité de la région qui relie la capitale Damas au littoral, deux
places fortes du régime.
"Nos forces armées valeureuses ont rétabli la sécurité (...) à Boueida
al-Charqiya", a annoncé la télévision officielle. "Les victoires se
succèdent", a clamé le correspondant de la chaîne, montrant la place
principale en ruines et des tunnels où se cachaient les rebelles.
La télévision, qui présente les rebelles comme des "terroristes à la
solde de l’étranger", a affirmé que l’armée avait découvert à Boueida
al-Charqiya des "repaires de terroristes remplis de grandes quantités
d’armes et de munitions".
Selon experts et militants, le régime veut désormais s’attaquer aux
poches rebelles dans la ville de Homs, à 35 km au nord de Qusseir, afin
de se trouver en position de force avant la possible tenue d’une
conférence de paix internationale censée trouver une solution au
conflit.
Samedi, une voiture piégée a tué sept personnes près d’une position de
l’armée à Adawiya, un quartier de Homs abritant une majorité alaouite et
une minorité chrétienne, selon l’Observatoire syrien des droits de
l’Homme (OSDH). L’agence officielle Sana a confirmé ce bilan et assuré
que l’explosion avait eu lieu devant un couvent accueillant des dizaines
de familles déplacées.
Après l’annonce de la prise de Boueida, l’OSDH s’est inquiété du sort
des rebelles et des civils qui avaient trouvé refuge dans cette localité
après la prise de Qusseir.
"Où sont les centaines de civils et de blessés qui ont fui Qousseir pour
se réfugier à Boueida al-Charqiya ? On n’a aucune nouvelle d’eux", a
affirmé Rami Abdel Rahman, directeur de l’OSDH, disant que tous les
militants de la zone étaient injoignables.
Outre la trentaine de familles syriennes, plusieurs dizaines de rebelles
blessés dans la région de Qousseir ont été évacués au Liban. Au moins
28 d’entre eux ont été transportés par la Croix-Rouge libanaise vers des
hôpitaux de l’est du Liban, selon un responsable des services de
sécurité.
De plus, 10 combattants libanais sunnites blessés dans ces combats sont
rentrés chez eux à Tripoli, la grande ville du nord du pays, selon une
source de sécurité.
Le conflit déborde régulièrement au Liban, où les hélicoptères syriens
ont de nouveau bombardé dans la nuit une région frontalière, partisane
des rebelles syriens.
Le Liban est profondément divisé entre partisans et opposants au régime
de Bashar al-Assad, avec les sunnites prenant fait et cause pour les
insurgés et les partisans du Hezbollah combattant aux côtés de l’armée
syrienne.
Pour aider jusqu’en décembre plus de 10 millions de Syriens, soit près
de la moitié de la population du pays, affectés par le conflit, l’ONU a
lancé vendredi un appel de fonds d’un montant de 5,2 milliards de
dollars, un chiffre record.
(08-06-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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