Un Libanais qui manifestait dimanche contre la participation du
Hezbollah dans les combats en Syrie devant l’ambassade d’Iran à Beyrouth
a été tué par balles, a affirmé à l’AFP un responsable des services de
sécurité.
Cet incident, le plus grave du genre dans la capitale libanaise qui soit
lié au conflit syrien, intervient deux jours après une mise en garde de
l’armée contre des "complots" pour entraîner le Liban dans la guerre.
"La victime a été tuée par des balles dans le dos alors qu’elle
participait à une manifestation contre le Hezbollah devant l’ambassade
d’Iran", a indiqué le responsable.
Il n’était pas en mesure d’identifier l’origine des tirs.
Selon l’armée, la victime a été abattue dans la foulée d’une bagarre
entre des manifestants anti-Hezbollah et de partisans du parti chiite
devant l’ambassade d’Iran, parrain politique et militaire du mouvement.
"Une personne a tiré avec un revolver, blessant grièvement un citoyen
qui a fini par succomber", a indiqué l’armée dans un communiqué,
ajoutant qu’elle recherchait l’assaillant.
Selon un photographe de l’AFP, des jeunes hostiles au Hezbollah étaient
arrivés près de l’ambassade pour y organiser un sit-in et en quelques
secondes, d’autres jeunes armés de bâtons sont apparus et ont commencé à
les attaquer ainsi que les photographes sur place.
La bagarre s’est terminée avec l’intervention de l’armée, selon le
photographe qui avait vu au moins une personne le visage ensanglanté.
Téhéran, principal allié régional du régime du président syrien Bashar
al-Assad, est le parrain du Hezbollah. L’ambassade d’Iran se situe à Bir
Hassan, près de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah.
Le rôle du Hezbollah a été déterminant dans la prise par le régime
syrien cette semaine de la région de Qousseir, ex-fief des rebelles
situé dans le centre-ouest de la Syrie près de la frontière libanaise.
Le conflit en Syrie divise profondément les Libanais entre partisans et
opposants du président Assad, et exacerbe les tensions confessionnelles.
La majorité des chiites emmenés par le Hezbollah sont favorables au
régime, tandis que les sunnites, qui représentent la majorité de la
population en Syrie, soutiennent la cause de l’opposition.
Parallèlement à l’incident de l’ambassade d’Iran, une centaine de
personnes se sont rassemblées dimanche sur la place des Martyrs dans le
centre-ville de Beyrouth avec pour slogan "Les Libanais avec la liberté
et la dignité du peuple syrien, contre la bataille du Hezbollah en
Syrie".
"Le Hezbollah doit se retirer de Syrie. Ce qu’ils font, aucun mouvement
armé libanais ne l’a jamais fait, c’est-à-dire participer à une guerre
dans un autre pays", a affirmé à l’AFP Charles Jabbour, un des
organisateurs du sit-in.
"Le Liban n’a jamais été aussi fragile, ils sont en train de transférer
la guerre de Syrie dans le pays. L’armée libanaise doit se déployer à la
frontière pour empêcher le Hezbollah s’entrer en Syrie", a-t-il ajouté.
"Pourquoi tuent-ils des Syriens ? Ils doivent revenir au Liban pour
redevenir des résistants" contre Israël, affirme Mohammad, venu de
Tripoli, la grande ville à majorité sunnite du nord du Liban.
La lutte contre l’Etat hébreu est le cheval de bataille du Hezbollah, créé par l’Iran dans les années 1980.
La foule a scandé "Bashar, dégage !" et observé une minute de silence en
hommage aux morts en Syrie, dont le nombre s’élève à plus de 94.000
selon une ONG.
Des réfugiés syriens, qui participaient également à la manifestation, ont exprimé leur colère contre le Hezbollah.
"L’armée syrienne et le Hezbollah n’arrêtent pas d’accuser la révolution
d’attirer des jihadistes de l’étranger, mais qu’en est-il du
Hezbollah ? Ils viennent d’un autre pays combattre en Syrie", a lancé un
Syrien de Qusseir, arrivé il y a deux mois au Liban.
"Nous ne voulons pas qu’une guerre confessionnelle (entre sunnites et
chiites) éclate ici en raison de la présence de Hezbollah à Qusseir",
affirme de son côté Khaled Nasra, 25 ans et originaire de la ville
syrienne d’Alep (nord).
(09-06-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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