Solidarité avec les prisonniers jordaniens en grève de la faim
Un mois déjà ! Ils sont 28 prisonniers de nationalité jordanienne
(mais Palestiniens pour la plupart) à mener la grève de la faim dans les
prisons sionistes, réclamant des visites médicales de la part des
autorités jordaniennes et l’attention de ces autorités jordaniennes sur
leur sort, ainsi que des visites familiales régulières et les
prisonniers jordaniens réclament l’intervention des autorités
jordaniennes pour les faire libérer. La lettre envoyée par les
prisonniers au gouvernement jordanien dénonce leur abandon et les
tentatives des autorités jordaniennes de supprimer leur carte
d’identité, pour éviter de les compter parmi les sujets de « Sa
Royauté » ainsi que la clôture du dossier des 29 prisonniers jordaniens
disparus dans les prisons de l’occupation, qui faisaient partie des
forces armées jordaniennes.
Trois des prisonniers en grève ont été récemment déplacés vers la
prison de Ramleh. Hamzé Dabbas, à partir de la prison du Naqab, Mohammad
Rimawi et Alaa Hammad de la prison de Remon. Ils se trouvent à présent
dans une seule cellule dans la prison de Ramleh et ce qui tient lieu
d’hôpital. Ils ont rejoint le prisonnier Abdallah Barghouty, dirigeant
dans les Brigades d’al-Qassam. Abdallah Barghouty avait déjà entamé la
grève de la faim il y a un an, pour dénoncer son isolement. Il est vrai
que son isolement a pris fin, mais il avait été transféré à la prison de
Gilboa où il fut maintes fois battu. A présent, il se trouve dans la
prison de Ramleh, après que son état de santé se soit détérioré.
Les parents des prisonniers jordaniens ont manifesté à Amman, devant
les sièges du pouvoir, mais les autorités jordaniennes font la sourde
oreille et ne veulent pas prendre en main ce dossier qu’elles jugent
« problématique », puisque la Jordanie a signé des « accords de paix »
avec l’Etat sioniste. Les familles des prisonniers jordaniens détenus
dans les prisons sionistes dénoncent le silence jordanien et réclament
un soutien plus vaste pour faire plier les autorités jordaniennes.
Certains prisonniers, comme Mounir Mar’î , condamné à 5 perpétuités,
sont en prison depuis plus de dix ans. La Jordanie n’a fait aucun geste,
ni pour améliorer leurs conditions de détention, ni pour envoyer une
équipe médicale, comme le réclament les prisonniers, ni pour faciliter
les visites familiales.
De leur côté, les autorités de l’occupation font pression sur les
prisonniers grévistes pour les amener à cesser leur mouvement, en leur
proposant des visites et des soin médicaux, ce que les prisonniers ont
refusé, car ils veulent l’intervention de la Jordanie.
Vendredi 31 mai, des milliers de Jordaniens ont défilé dans les rues
de Amman réclamant l’attention des autorités jordaniennes sur le sort
des prisonniers jordaniens détenus dans les prisons de l’occupation. Les
manifestants ont levé les portraits des prisonniers grévistes de la
faim et réclamé leur libération immédiate. Plusieurs manifestations se
sont déroulées à Amman pendant le mois de mai, dont celles organisées
par le « comité de lutte contre le sionisme et la normalisation » toutes
les semaines devant l’ambassade sioniste, et qui réclament par ailleurs
la fermeture de l’ambassade et l’expulsion de l’ambassadeur. Les forces
de l’occupation et les autorités jordaniennes espèrent que le mouvement
prenne fin. Mais les prisonniers ont déclaré vouloir poursuivre leur
mouvement, jusqu’au martyre, s’il le faut.
Abolir la détention « administrative »
Ayman Hamdan est toujours en grève de la faim pour réclamer sa
libération, depuis le 27 avril dernier. Il refuse sa détention
« administrative ». Il a été transféré à la prison de Ramleh pour être
soi-disant suivi médicalement, après la détention de son état de santé.
Le prisonnier Ayman Abu Daoud poursuit la grève de la faim pour
protester contre son arrestation après qu’il ait été libéré en octobre
2011 dans le cadre de l’échange des prisonniers. Le prisonnier Imad
Batran est en grève de la faim, ainsi que les prisonniers Adel Hraybat
et Ayman Btaich, contre leur détention « administrative ». Le prisonnier
Samer al-Barq a repris la grève de la faim, qu’il avait arrêtée, suite à
la promesse des autorités de l’occupation de le libérer, mais celles-ci
ont renié leur engagement. Le prisonnier Iyyad Abu Khdayr a entamé la
grève de la faim, lorsque les forces de l’occupation ont refusé sa
libération, à la fin de la période fixée pour sa détention. Les
autorités de l’occupation lui ont proposé le bannissement vers un pays
européen, ce qu’il a refusé.
La détention « administrative » est une forme de torture morale,
quand elle n’est pas accompagnée de séances de torture physique, lorsque
le militant arrêté est « interrogé » par les services de renseignements
de l’occupant. La pratique de la détention « administrative » a été
inaugurée par l’occupant britannique en Palestine, lorsqu’il s’est
retrouvé face à des révoltes populaires réclamant son départ et la fin
de sa politique favorable aux colons sionistes. La détention
« administrative » fut intense lors de la première intifada en 1987 puis
pendant l’Intifada al-Aqsa, c’est-à-dire lorsque l’occupant commence à
craindre le soulèvement et la révolte populaires. Cette pratique
s’appuie sur l’état d’exception, régime sous lequel vivent les
territoires occupés en 1967.
Les victimes de la détention « administrative » ne sont pas les
combattants armés, mais plutôt tous ceux qui militent par leurs écrits,
leurs dessins, leurs études, par leur participation aux manifestations
et actions contre l’occupation. Malgré cela, la « communauté
internationale » refuse de faire pression sur l’occupant pour qu’il
arrête cette pratique barbare. La communauté internationale dévoile
encore une fois son visage hypocrite et son alignement aux côtés de
l’occupation et de la colonisation sionistes.
Thaer Halahla, détenu « administratif » libéré suite à une longue
grève de la faim, a de nouveau été arrêté, parce qu’il a mené la
campagne pour la libération des prisonniers et en soutien aux
prisonniers grévistes. Sa présence à Ramallah a été jugée insupportable
par l’occupant. L’arrestation d’un cadre dirigeant du Jihad islamique en
Cisjordanie, le 29 mai, sheikh Sa’îd Nakhlé, dans le camp al-Jalazoun,
est une réponse à la participation de ce dernier au soutien actif à la
lutte menée par ses frères de combat, Tareq Qaadan et Ja’far Izzidine,
libérés après une longue grève de la faim contre leur détention
« administrative ». Pour l’occupant, le simple fait d’afficher sa
solidarité et d’agir en soutien à la lutte des prisonniers est un crime
et notamment dans la zone de Ramallah, que l’occupant considère comme
une « ligne rouge ». C’est ce qu’a d’ailleurs noté sheikh Khodr Adnan,
ancien prisonnier « administratif » ayant déclenché la lutte des
prisonniers par la grève de la faim : « exercer une activité politique
de résistance dans la ville de Ramallah est jugé par l’occupant une
ligne rouge qu’il ne peut accepter ». Mais l’arrestation du cadre
dirigeant du mouvement du Jihad islamique signifie également que la
récente lutte des prisonniers, déclenchée depuis plus d’un an et demi
maintenant, par la grève de sheikh Khodr Adnane, gêne l’occupant, qui
essaie coûte que coûte de mettre fin à cette lutte, en proposant des
« solutions » et en réprimant les actions de solidarité. Mais ce que
l’occupant n’a pas prévu, c’est que lorsque des prisonniers sont
libérés, d’autres prennent la relève, même s’ils ne sont pas des détenus
« administratifs », comme c’est le cas pour les prisonniers jordaniens.
Malgré les écrits et les déclarations de quelques personnalités
politiques, qui ont remis en cause le mouvement de grève de la faim
« individuel » jugeant qu’il épuisait les prisonniers, ce mouvement
s’étend, et les prisonniers, las d’attendre l’unanimité à cause de la
division interne palestinienne, qui empêche tout mouvement collectif,
entrent dans le mouvement, à tour de rôle, ce qui gêne l’occupant qui
transfère les prisonniers d’une prison à l’autre, pour isoler les plus
« dangereux », et qui lance ses troupes de répression contre les
prisonniers, par vengeance contre un mouvement qu’il ne sait pas par
quel bout prendre, et avec qui négocier.
Mais c’est surtout l’élan de solidarité dans les régions
palestiniennes qui inquiète l’occupant car, bien qu’il ait chuté depuis
la promesse de libération de Samer Issawi, il sait que ce mouvement,
faible à l’instant, risque de s’étendre et de prendre des formes
offensives, à tout moment. La lutte pour la libération des prisonniers
palestiniens, surtout les malades d’entre eux, l’abolition de la
détention administrative, est bel et bien entamée, en soutien à un
mouvement de grève qui ne cesse de s’étendre, d’autant plus que les
arrestations et détentions ont touché près d’un million de Palestiniens.
Que tous les moyens soient utilisés pour populariser la lutte des
prisonniers dans les geôles de l’occupation sioniste ! Leur libération
et l’abolition de cette forme barbare de répression sont des pas en
avant vers la libération de la Palestine.
Libérer les prisonniers malades
La dégradation de l’état de santé des prisonniers est devenue une
politique intentionnelle de l’occupation. Depuis plusieurs mois, et
notamment depuis la lutte des prisonniers détenus « administratifs » et
leur victoire contre l’occupant, celui-ci se venge sur les prisonniers
malades mais aussi sur tous les prisonniers, en refusant d’améliorer les
conditions de détention. Les organisations internationales agissant
pour les droits de l’homme sont les premières responsables de cette
situation, mais également l’ONU et ses officines, qui n’exercent aucune
pression sur l’occupant, qui refusent d’aborder cette question dans les
tribunes internationales, agissant avec l’Etat colonial comme leur
« enfant chéri » et justifiant, par là, toutes ses pratiques
criminelles.
Le résistant Thaer Halahla (33 ans), prisonnier libéré puis à nouveau
arrêté en avril dernier, a été atteint d’hépatite virale B suite à des
soins dentaires menés en prison. La responsabilité de l’occupant est
évidente, mais pourtant, il a essayé de faire croire que le résistant
Thaer a été atteint lors de sa courte période de liberté. L’état de
santé du résistant s’est nettement dégradée, d’autant plus qu’il avait
été libéré il y a environ un an, après 78 jours de grève de la faim. La
famille du résistant est très inquiète et réclame sa libération
immédiate afin qu’il soit soigné hors de prison. Mais l’occupant refuse,
et il a même reporté la date de son « jugement », en renouvelant la
période d’attente.
Le prisonnier résistant Mansour Mowqada , détenu dans la prison de
Ramleh, n’a toujours pas subi les examens que nécessite la détérioration
de son état de santé. Il attend depuis plus de deux mois que l’équipe
soi-disant médicale des sionistes examine la tumeur apparue sur son cou.
Le prisonnier Murad Abu M’aylek condamné à 22 ans de détention, est
gravement malade. Le ministère chargé des prisonniers à Gaza réclame sa
libération immédiate. Arrêté depuis 2006, le résistant Murad a subi la
torture lors de l’interrogatoire, entraînant la détérioration de son
état de santé.
7 prisonniers souffrant de maladies chroniques ont décidé d’entamer
la grève de la faim début juin en protestation de la négligence médicale
menée sciemment par les autorités carcérales sionistes.
C’est au tour des prisonniers malades détenus dans la prison de
Ramleh de protester en refusant les repas servis par l’administration
pénitentiaire. Ils ont protesté contre l’absence d’un médecin dans ce
qui tient lieu d’hôpital.
Libération
L’occupation a déclaré vouloir étudier une liste comprenant les noms
de 120 prisonniers palestiniens détenus avant les accords d’Oslo, en vue
de les libérer, comme mesure pour activer les négociations avec l’AP.
La demande a été faite par Kerry, le ministre des AE américain, qui
souhaite la reprise des négociations, sans que les sionistes n’arrêtent
la colonisation : une pression supplémentaire sur l’Autorité
palestinienne. Cependant, l’AP de Ramallah n’hésite pas à montrer sa
bonne volonté envers l’occupant, puisqu’elle continue à arrêter les
militants et combattants de la résistance. De plus, au sommet économique
de Amman, qui s’est tenu fin mai, le président Abbas a déclaré avoir
rendu à l’occupant plusieurs de ses soldats qui s’étaient aventurés en
Cisjordanie « avec tous les honneurs possibles » !!
Etudiant à l’université an-Najah de Naplouse, Yasser Manna’ a été libéré après avoir été détenu pendant 7 mois.
Mohammad Najjar, de la ville d’al-Khalil, qui avait entamé une grève
de la faim protestant contre la détention « administrative », a été
libéré après 7 mois de détention, sur dossier « secret » du Shabak.
Après sept ans de détention, le résistant prisonnier Mas’oud Khalouf
(29 ans), de la région de Jénine, a été libéré. Il a demandé, dès sa
libération, d’agir pour la libération du prisonnier malade Na’im Khodr,
condamné à 9 ans de prison, qui souffre d’un cancer.
Le prisonnier libéré Ayman Sharawneh, qui avait entamé une très
longue grève de la faim pour réclamer sa liberté, et qui avait été
« éloigné » vers Gaza, a décidé de rejoindre la résistance palestinienne
pour kidnapper des soldats sionistes et les échanger contre les
prisonniers.
Statistiques
Au cours du moi de mai 2013, l’occupant a émis 50 ordres de détention
administrative contre les Palestiniens. Ce chiffre signifie que la
révolte des Palestiniens contre l’occupation et les services de l’AP qui
la secondent, est en progression. Selon le club des prisonniers, les
autorités de l’occupation ont renouvelé la détention de 6 mois pour 30
prisonniers, et de 4 mois pour 15 prisonniers, et 3 mois pour 5
prisonniers. Depuis le début de cette année, 95 Palestiniens de la
région d’al-Khalil ont été arrêtés et placés en détention
« administrative ».
370 Palestiniens ont été arrêtés au cours du mois de mai, dont 9
femmes et 85 enfants. C’est surtout dans la ville d’al-Qods, qui assiste
à l’éclatement d’une révolte de sa jeunesse, que la répression sioniste
a été la plus forte, avec 105 Palestiniens arrêtés. Parmi les 370
Palestiniens arrêtés, 30 sont des prisonniers libérés, 6 sont de Gaza, 2
sont journalistes (Mohammad al-Atrash et Uday Harbiyat. Parmi les
enfants arrêtés, certains sont âgés de dix ans et l’enfant Khaled Dweik
n’a que 9 ans et Umru Dweik, juste 7 ans, dans la ville d’al-Qods.
L’occupation a enlevé 9 femmes, dont Zulaikha Muhtaseb, 52 ans, dans
la ville d’al-Khalil, Umayma Qara’in, 44 ans et sa fille Alaa, 20 ans,
dans Jabal al-Mukabber dans al-Quds, qui ne furent libérées que 6 heures
après.
Condamnations
La prisonnière Alaa Issa Jubaa (19 ans) de la ville d’al-Khalil a été
condamnée à 27 mois de prison et le paiement de 3000 shekels. La
militante Alaa a été arrêtée le 12 juillet 2011, et détenue dans la
prison de Hasharon, après avoir été interrogée.
17 prisonnières sont détenues dans la prison de Hasharon, la plupart
n’ayant pas été condamnées. La politique répressive de l’Etat sioniste
consiste à allonger autant que possible la détention avant la
condamnation, pour empêcher les prisonniers de voir leurs familles.
L’occupation a reporté le jugement des prisonnières Mouna Qaa’dan
(plus d’un mois) et Nawal Saadi (quelques jours), membres du mouvement
du Jihad islamique. L’occupation avait libéré sheikh Bassam Saadi, époux
de Nawal Saadi, détenu « administratif » après plusieurs années de
détention, il y a plus de deux mois, et libéré également Tareq Qaadan,
le frère de Mouna Qaadan, suite à la grève de la faim qu’il avait menée
pour exiger sa libération, il y a un mois.
L’oncle du martyr Yahya Ayyash, dirigeant des Brigades al-Qassam, âgé
de 61 ans, Hajj ‘Ata Ayyash, a été condamné à 4 mois de prison et à une
amende de 30.000 shekels pour avoir « apporté de l’aide à une
organisation ennemie ». Simple vengeance envers homme âgé, solide comme
un roc dans sa foi et sa détermination à combattre l’occupation.
Solidarité
Des manifestations et sit-ins en Jordanie en soutien aux prisonniers
jordaniens détenus dans les prisons de l’occupant. Le silence des
autorités jordaniennes envers la cause des prisonniers tourne déjà à la
crise politique, alors que le soutien populaire dû à la fermeté des
résistants prisonniers devient de plus en plus massif.
En Palestine, une manifestation à Saïda, dans la province de Tulkarm,
a eu lieu en solidarité avec les prisonniers malades, pour réclamer
leur libération. Plusieurs sit-ins ont lieu régulièrement à Gaza et à
Ramallah et Bethlehem en solidarité avec les prisonniers grévistes de la
faim et tous les prisonniers.
(Juin, 2013 - "Baladi")
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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