Les forces tunisiennes pourchassaient deux groupes armés jihadistes
près de la frontière algérienne, ont annoncé jeudi les autorités de
Tunisie, où les mouvements extrémistes connaissent un essor inquiétant,
selon des observateurs, depuis la révolution de janvier 2011.
Un groupe est sur le Mont Chaambi, et l’autre plus au nord dans la
région du Kef, a indiqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur,
Mohamed Ali Aroui.
"Il y a deux groupes, l’un au Mont Chaambi d’une quinzaine, vingtaine
de personnes, on connaît leurs noms (...) un autre est dans la région
du Kef près de la frontière algérienne", a-t-il déclaré à l’AFP sans
apporter plus de précisions sur ce second groupe de jihadistes.
"Il n’y a pas d’affrontements (directs). On fait un ratissage par des tirs", a-t-il ajouté.
Interrogé par l’AFP, le ministère de la Défense qui dirige les
opérations sur le terrain ne s’avance pas pour sa part sur le nombre de
combattants armés, mettant en avant la complexité du terrain.
"Je n’ai pas d’idée sur leur nombre. La région de Chaambi est
immense, on est en train d’essayer de les pourchasser. Pour le moment
nous n’avons arrêté personne", a déclaré à l’AFP le représentant de ce
ministère, le colonel Mokhtar Ben Naceur.
Il n’a pas donné non plus d’informations sur le second groupe qui se
trouve dans la région du Kef, une centaine de kilomètres plus au nord,
tandis que la région de Chaambi a été totalement bouclée par l’armée
tunisienne.
Les forces tunisiennes traquent depuis lundi le groupe qui a miné le
mont Chaambi à l’aide d’engins artisanaux. Ces mines ont fait, selon
M. Ben Naceur, quinze blessés dans les rangs de l’armée et de la garde
nationale, et certains ont perdu des membres.
Interrogé sur une éventuelle coopération avec l’Algérie, le colonel a
indiqué qu’elle se faisait en terme d’échange de renseignements
uniquement.
"Lorsqu’on a des informations sûres on les échange. Il n’y a pas d’action commune sur le terrain", a-t-il dit.
Une source sécuritaire dans le massif de Chaambi avait indiqué pour
sa part mercredi à l’AFP que les jihadistes étaient une cinquantaine,
des Tunisiens et des Algériens.
Un journaliste de l’AFP sur place avait entendu mercredi des tirs
nourris depuis le mont Chaambi. Le ministère de la Défense a assuré par
la suite qu’aucun combat au corps à corps n’avait encore eu lieu et que
les troupes déminaient la montagne à l’aide "d’armes légères et de tirs
d’obus".
Elles doivent couvrir un terrain escarpé de 100 km2 dont 60 km2 de forêt.
Selon les témoignages de soldats et de gardes nationaux diffusés ces
derniers jours dans les médias tunisiens, le groupe, aguerri et bien
armé, dispose d’un camp retranché bien protégé.
La source sécuritaire a par ailleurs indiqué à l’AFP que ces
combattants étaient commandés par deux Tunisiens et un Algérien.
Certains de leurs hommes seraient par ailleurs des vétérans du Nord
Mali.
Depuis le mois de décembre dernier, les forces tunisiennes cherchent à
arrêter des jihadistes dans ce massif montagneux responsables d’un
attaque qui a coûté la vie à un garde national, a indiqué le
porte-parole du ministère de l’Intérieur.
Opposants et observateurs critiquent vivement depuis lundi le manque
de préparation du gouvernement tunisien dirigé par les islamistes
d’Ennahda, alors que le pays est confronté depuis des mois à un essor de
la mouvance salafiste.
La colère gronde aussi chez les forces de sécurité qui dénoncent leur
manque d’équipement pour faire face à un adversaire organisé.
Entre 300 et 400 agents ont manifesté devant l’Assemblée nationale
constituante (ANC) jeudi matin pour réclamer de meilleurs moyens.
"Citoyen réveille-toi, le terrorisme a envahi le pays", ont-ils
notamment scandé selon un photographe de l’AFP.
Ces opérations semblent être les plus importantes depuis les
évènements de Soliman, à une quarantaine de kilomètres de Tunis, lorsque
les forces tunisiennes ont combattu fin 2006-début 2007 un groupe d’une
trentaine de jihadistes tunisiens et algériens.
Le régime de Zine El Abidine Ben Ali, renversé par une révolution en
janvier 2011, avait fait état de la mort d’un militaire, deux policiers
et douze islamistes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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