La diplomatie américaine a précisé mardi les contours d’une
conférence internationale sur le conflit en Syrie, qui pourrait se tenir
en juin à Genève, le président Vladimir Poutine appelant de son côté à
éviter tout acte risquant de déstabiliser ce pays à l’issue d’une
rencontre avec le Premier ministre israélien.
Cette intensification des efforts diplomatiques intervient alors que
l’indignation internationale face à ce conflit meurtrier a été relancée
mardi par une vidéo montrant un rebelle syrien éviscérant un soldat et
faisant mine de croquer ses organes.
Interrogé via Skype par le magazine américain Time, le rebelle,
identifié comme Khalid al-Hamad, assure avoir agi de la sorte après
avoir découvert dans le téléphone portable du soldat tué des vidéos
montrant ce dernier "humiliant" une femme nue et ses deux filles.
Moscou comme Washington ont appelé à l’organisation d’une nouvelle
conférence internationale pour trouver une solution politique à ce
conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 94 000 morts, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Lors d’une visite mardi à Stockholm, le secrétaire d’Etat américain
John Kerry a appelé le président syrien Bashar al-Assad à saisir
l’occasion de cette future conférence pour venir s’asseoir à une table
de négociations avec la rébellion.
Cette conférence, espérée pour la fin mai, ne devrait pas se tenir
avant début juin, peut-être le premier ou le deuxième week-end, a
reconnu M. Kerry devant la presse en Suède. Elle aura probablement lieu à
Genève, selon lui.
Le chef de la diplomatie américaine a également révélé que son
homologue russe Sergueï Lavrov avait entre les mains une liste, fournie
par Damas, de "noms de personnes qui pourraient négocier" pour le
président syrien au cours de cette éventuelle conférence.
Les deux ministres des Affaires étrangères devaient se revoir dans la
soirée de mardi en marge du Conseil de l’Arctique réuni en Suède.
Ces dernières 24 heures, M. Kerry a téléphoné à bon nombre de ses
homologues européens et arabes pour tenter d’organiser cette réunion qui
pourrait être baptisée "Genève 2".
Quelques heures plus tôt, Vladimir Poutine avait mis en garde contre
tout acte qui déstabiliserait davantage la situation en Syrie, à l’issue
d’entretiens avec le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu à
Sotchi (sud de la Russie).
L’Etat hébreu a mené des frappes aériennes près de Damas au début du
mois, pour empêcher le transfert d’armes au Hezbollah libanais allié du
régime de Bachar al-Assad selon un responsable israélien.
La visite en Russie de M. Netanyahu avait été annoncée samedi,
aussitôt après la confirmation par Moscou de son intention de livrer au
régime de Damas des systèmes sol-air sophistiqués S-300, capables
d’intercepter en vol des avions ou des missiles guidés.
L’installation d’un tel système de défense sol-air compliquerait
fortement toute nouvelle frappe israélienne, et tout projet des
Etats-Unis ou de leurs alliés d’établir une zone d’exclusion aérienne
au-dessus de la Syrie ou d’intervenir pour sécuriser ou démanteler des
armes chimiques.
"Il est crucial dans ce moment important d’éviter tout acte pouvant
déstabiliser la situation", a déclaré M. Poutine à l’issue des
entretiens à Sotchi, selon les agences de presse russes.
Alors que les initiatives diplomatiques se multiplient, la Jordanie
accueillera en milieu de semaine prochaine une réunion ministérielle du
groupe des "Amis de la Syrie", formé de pays hostiles au régime de
Bashar al-Assad, a-t-on annoncé mardi de source officielle à Amman.
Les chefs de la diplomatie des Etats-Unis, de France, de
Grande-Bretagne, de Turquie, du Qatar, d’Arabie Saoudite, des Emirats
arabes unis, d’Egypte, de Jordanie, d’Allemagne et d’Italie
participeront à cette réunion, a déclaré la porte-parole du ministère
des Affaires étrangères, sans en préciser la date exacte.
Ces 11 pays se pencheront sur les moyens de "relancer un processus de
règlement politique du conflit après l’annonce de l’accord
russo-américain pour une conférence internationale", a ajouté la
porte-parole.
Par ailleurs, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a
catégoriquement exclu mardi l’offre d’enquête conjointe du régime
"illégal" de Damas sur le double attentat qui a fait 51 morts samedi
dans le sud de la Turquie, à la frontière syrienne.
Le gouvernement syrien s’est déclaré mardi prêt à ouvrir une enquête
"commune et transparente" avec Ankara sur ces attaques, attribuées par
Ankara à un mouvement clandestin turc ayant d’étroits liens avec le
régime syrien et ses services de renseignement.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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