Depuis 1976, le Sahara occidental est en proie à un conflit opposant
les indépendantistes sahraouis du Front Polisario au Maroc, qui
revendique sa souveraineté sur l’ensemble du territoire. L’Algérie, qui
soutient et arme le Front Polisario, cherche de longue date une
ouverture sur l’océan Atlantique. Pendant que tous les regards étaient
braqués sur le Mali ou sur les répliques que connaissent la Tunisie, la
Libye ou l’Égypte après leurs "printemps" s’est joué en coulisses un
discret bras de fer sur le statut juridique de ce territoire de plus de
260 000 kilomètres carrés.
La représentante américaine au Groupe des amis du Sahara avait
proposé aux autres membres (Grande-Bretagne, Espagne, Russie et France)
une résolution qui tendait à inclure des questions liées aux droits de
l’homme dans le mandat de la Minurso, la Mission des Nations unies pour
l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Rabat, qui n’avait
pas été mis au courant, a immédiatement dénoncé cette volte-face qui
visait directement le royaume chérifien. Fait rare au Maroc, le roi
Mohamed VI s’est personnellement saisi du dossier et a manifesté son
mécontentement en annulant le mois dernier des manoeuvres militaires
conjointes entre son pays et les États-Unis. Il a obtenu l’appui de
toutes les tendances politiques du royaume, y compris celles qui
réclament plus de pouvoirs diplomatiques pour les partis sortis
vainqueurs des élections.
Les autres membres du Groupe des amis du Sahara n’ont finalement pas
tardé à prendre leur distance avec l’initiative américaine. S’appuyant
sur une déclaration de Tiéman Coulibaly, ministre des Affaires
étrangères du Mali, qui affirmait début février que des combattants
issus des rangs du Polisario avaient été repérés au Nord-Mali, les
puissances occidentales ne voulaient pas déstabiliser un peu plus encore
une région fragile et dans laquelle le Maroc fait figure d’îlot de
stabilité. Même si, depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu de 1991,
le statut final du Sahara occidental reste à déterminer, les "grandes
puissances" puis le Conseil de sécurité de l’ONU, dans une résolution
votée à l’unanimité le 25 avril 2013, ont réaffirmé la prééminence de
l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc. Le texte onusien
réaffirme que le statu quo actuel est inacceptable et qu’il faut trouver
une solution au différend qui oppose le royaume chérifien à l’Algérie.
Mohamed VI peut même se prévaloir des efforts "sérieux et crédibles"
consentis par son pays pour trouver un règlement à la question du Sahara
occidental.
Non moins importants furent les propos tenus par François Hollande
lors de sa visite à Tanger et Rabat début avril dernier. Le chef de
l’État a réaffirmé sa position "ferme et sans équivoque" en faveur du
plan marocain d’autonomie au Sahara. Il a également ajouté : "Le Maroc
accomplit chaque jour des pas décisifs vers la démocratie, conduit de
façon cohérente son développement, assure son unité fondée sur la
reconnaissance des diversités." Mieux, il a remis à l’honneur le plan
présenté en 2007 par le Maroc qui préconise une large autonomie dans le
cadre de la souveraineté du royaume alaouite. "Je le redis ici, c’est
une base et sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée." Ce
projet, désormais soutenu par la France, l’Espagne ainsi que la majeure
partie des pays de la Ligue arabe, semble être le seul.
Un pas a donc été franchi dans le règlement de ce conflit oublié qui,
à intervalles réguliers, menace de se réveiller. La balle est désormais
dans le camp des Sahraouis et de leur allié algérien. Pourront-ils
longtemps continuer de faire la sourde oreille aux diplomates qui
prônent le réalisme, refusent d’exercer la moindre pression sur Rabat et
rappellent les propos tenus par Peter van Walsum, l’envoyé spécial du
secrétaire général de l’ONU dans la région, qui avait affirmé qu’un
"Sahara occidental indépendant n’était pas une proposition réaliste" ?
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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