lundi 6 mai 2013

Syrie : Israël vise le Hezbollah et pas la Syrie

Israël s’est efforcé lundi de convaincre le président Bashar al Assad que sa volonté n’était pas d’affaiblir son régime face à l’insurrection rebelle malgré la double attaque de l’aviation israélienne ce week-end en Syrie.

L’Etat hébreu a également minimisé les risques d’escalade du conflit dans la région, une perspective que redoutent les deux grands alliés de Damas dans le monde, Moscou et Pékin.

Le secrétaire d’Etat John Kerry rencontrera mardi à Moscou le président Vladimir Poutine pour s’assurer de la volonté de la Russie de parvenir à un règlement politique de la crise, dit-on de source américaine.
Selon des sources appartenant au milieu du renseignement, l’aviation israélienne a attaqué vendredi et dimanche à proximité de la capitale syrienne des stocks de missiles fournis par l’Iran et destinés apparemment aux chiites libanais du Hezbollah.

"Aucun vent de guerre ne souffle", a assuré à la presse le général Yaïr Golan, qui commande les forces israéliennes sur les fronts libanais et syrien. "Décelez-vous de la tension ? Il n’y en a pas et est-ce que j’ai l’air nerveux ?", a-t-il poursuivi lors de son jogging avec ses hommes, à en croire le site internet d’information Maariv NG.

L’Etat hébreu n’a jamais caché qu’il ne tolérerait pas que des armes de haute technologie tombent entre les mains du Hezbollah, un allié à la fois de Damas et de Téhéran qui s’est battu à l’été 2006 contre Tsahal.

Le gouvernement syrien a, pour sa part, accusé Israël de renforcer par ses actions la position des rebelles syriens en lutte depuis plus de deux ans contre Bashar al Assad.

Israël a rejeté cette accusation affirmant ne pas souhaiter prendre parti dans la guerre civile qui se poursuit en Syrie.

Le gouvernement israélien souhaite "éviter un accroissement des tensions avec la Syrie en précisant que si des actions sont menées, elles visent seulement le Hezbollah et non le régime syrien", a déclaré le député Tzacho Hanegbi, proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Ce dernier, en visite en Chine pour un voyage prévu à l’avance, n’a fait lundi à Shanghaï aucun commentaire sur le conflit syrien.

Israël n’a pas officiellement reconnu avoir mené deux attaques aériennes sur le sol syrien en moins de 48 heures afin, notamment, de ne pas faire perdre la face à Bashar al Assad.

Selon le journal Yedioth Ahronot, premier quotidien israélien, le gouvernement Netanyahu a informé les autorités syriennes via des canaux diplomatiques de son intention de ne pas s’ingérer dans le conflit.

Les responsables israéliens n’ont pas confirmé jusqu’ici l’information mais l’un d’entre eux a laissé entendre qu’aucun contact indirect n’était nécessaire. "Compte tenu des propos publics tenus par de hautes personnalités israéliennes pour rassurer Bashar al Assad, le message est tout à fait clair", a-t-il confié à Reuters sous le sceau de l’anonymat.

Le gouvernement syrien a condamné ces raids en les qualifiant de "déclarations de guerre" et a menacé de prendre des mesures de rétorsion non précisées.

Tzacho Hanegbi a précisé qu’Israël était prêt à toute éventualité, y compris "à répondre de manière ferme en cas d’agression" si les Syriens n’entendent pas le message qui leur est adressé.

L’armée israélienne a déployé deux des cinq batteries de son bouclier antimissile Dôme de Fer le long des frontières avec le Liban et la Syrie et a suspendu tous les vols civils dans cette zone.

Dimanche, la chaîne de télévision syrienne progouvernementale Al Ikhbariya avait annoncé que le régime de Damas disposait de roquettes prêtes à être lancées sur l’Etat hébreu en cas de nouveau raid israélien. Dans cette hypothèse, avait ajouté la chaîne, Damas autoriserait des attaques anti-israéliennes via le plateau du Golan.

Selon des experts militaires, l’armée syrienne n’est pas en mesure de se confronter à Tsahal, soutenue par les Etats-Unis, mais Damas pourrait envisager des attaques contre l’Etat hébreu via ses alliés du Hezbollah.

A Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a estimé que "toute nouvelle escalade dans la confrontation armée accroît profondément le risque d’engendrer de nouvelles tensions au Liban, en plus de celles en Syrie et de déstabiliser le climat relativement calme prévalant à la frontière libano-israélienne".

A Pékin, la Chine a lancé un appel à la retenue et au respect de la souveraineté sans toutefois citer nommément Israël.

Aux Nations unies, le Liban a demandé au Conseil de sécurité de condamner les violations de son espace aérien par Israël.

Lundi, le cours du baril de pétrole a crevé le plafond de 105 dollars, son plus haut niveau depuis près d’un mois.

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