REUTERS/Marko Djurica
La
Grande-Bretagne organise une conférence sur la Somalie, à Londres, ce
mardi 7 mai. Coprésidée par le Premier ministre britannique, David
Cameron et le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, elle doit
réunir plus de 50 pays et organisations. Parmi les participants, le
nouveau chef de l’Etat kényan, Uhuru Kenyatta, qui est poursuivi par la
Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité.
La conférence sur la Somalie portera essentiellement sur la
construction des forces de sécurité, le développement d’une justice et
d’une police ainsi que d’un système de contrôle des finances pour
empêcher la corruption.
Cependant, les défis restent énormes. La menace terroriste des Shebaab est toujours forte et le Somaliland – qui a autoproclamé son indépendance en 1993 – et le Puntland – région semi-autonome – ont refusé de participer à la conférence.
Le Puntland fustige l’absence de consultations de la part du gouvernement central. Le point de contentieux concerne le fédéralisme et la gestion – par le président Hassan Cheikh – de la région du Jubaland où une conférence a lieu depuis plusieurs semaines pour mettre en place de nouvelles autorités. Ce processus a été condamné par Mogadiscio, ce qui a fini par lui aliéner de nombreux soutiens.
À Mogadiscio, la journée du 7 mai promet d’être tendue. Les shebabs ont, en effet, promis de frapper à nouveau. Récemment, avec le double attentat à la mi-avril qui avait fait plus de 30 morts ou encore l’attaque à la voiture piégée, dimanche, au carrefour K4, les insurgés islamistes ont montré qu’ils avaient les moyens de toucher le cœur de la capitale.
Une visite qui fait polémique
Uhuru Kenyatta doit assister à la conférence sur l’avenir de la Somalie mais aussi rencontrer le Premier ministre britannique, David Cameron.
La venue, à Londres du nouveau président kényan a été condamnée par différentes organisations des droits de l’homme, notamment au Kenya. Elles estiment que cette invitation trahit les principes de la conférence sur la Somalie qui ambitionne d’en finir avec l’impunité et l’insécurité.
Jointe par RFI, Muthoni Wanyeki, figure majeure des droits de l’homme au Kenya, considère que son pays aurait pu être représenté par quelqu’un d’autre. Elle parle notamment d’un recul de la part de la Grande-Bretagne.
« Je ne vois pas pourquoi il est indispensable que le président lui-même soit là. La politique de la Grande-Bretagne était de maintenir des contacts essentiels et c’était le cas jusqu’à l’élection, quand Uhuru Kenyatta était vice-Premier ministre », a souligné Muthoni Wanyeki, tout en regrettant « ce recul » de la Grande-Bretagne qui envoie « un mauvais signal aux victimes sur le terrain, sur l’engagement de Londres en faveur de la justice. »
De son côté, le gouvernement britannique voit les choses de façon plus pragmatique et insiste sur le fait que le Kenya a engagé près de 5 000 soldats en Somalie et est un partenaire important.
Joint par RFI, l’ambassadeur britannique en France, Peter Ricketts, souligne que cette participation du Kenya à la conférence sur la Somalie est indispensable. « Une conférence sur la Somalie sans le Kenya serait difficilement envisageable », a-t-il tenu à souligner, tout en rappelant que le Kenya est un voisin « stratégique » pour la Somalie, car les deux pays ont des « intérêts économiques et sécuritaires » évidents.
Juridiquement, Uhuru Kenyatta peut voyager où il veut et quand il veut, car la CPI n’a délivré aucun mandat à son encontre. Il est, par ailleurs, présumé innocent puisque le procès – qui doit s’ouvrir le 9 juillet prochain – ne s’est pas encore déroulé. C'est ce que rappelle le porte-parole de la Cour pénale internationale, Fadi El Abdallah.
Une prise de contact à la sauvette
Le gouvernement britannique s’est tout de même et apparemment longtemps demandé comment inviter Uhuru Kenyatta sans perdre la face après avoir prévenu - comme d’autres pays - qu’il n’entretiendrait que des contacts indispensables avec le dirigeant inculpé de crimes contre l’humanité.
Londres n'avait d’ailleurs pas assisté à la cérémonie d'investiture, début avril, du nouveau président. L’embarras de la Grande-Bretagne est donc palpable.
Des sources gouvernementales admettent que la visite est sensible et précisent que si le Premier ministre, David Cameron, va effectivement s’entretenir avec Uhuru Kenyatta, ce ne sera pas une rencontre bilatérale officielle. À la place, les deux hommes se verront rapidement, avant l’ouverture de la conférence. Une prise de contact à la sauvette qui permet malgré tout à Londres de ne pas snober son allié le plus important en Afrique de l’Est.
(avec l'aide de RFI )
Cependant, les défis restent énormes. La menace terroriste des Shebaab est toujours forte et le Somaliland – qui a autoproclamé son indépendance en 1993 – et le Puntland – région semi-autonome – ont refusé de participer à la conférence.
Le Puntland fustige l’absence de consultations de la part du gouvernement central. Le point de contentieux concerne le fédéralisme et la gestion – par le président Hassan Cheikh – de la région du Jubaland où une conférence a lieu depuis plusieurs semaines pour mettre en place de nouvelles autorités. Ce processus a été condamné par Mogadiscio, ce qui a fini par lui aliéner de nombreux soutiens.
À Mogadiscio, la journée du 7 mai promet d’être tendue. Les shebabs ont, en effet, promis de frapper à nouveau. Récemment, avec le double attentat à la mi-avril qui avait fait plus de 30 morts ou encore l’attaque à la voiture piégée, dimanche, au carrefour K4, les insurgés islamistes ont montré qu’ils avaient les moyens de toucher le cœur de la capitale.
Une visite qui fait polémique
Uhuru Kenyatta doit assister à la conférence sur l’avenir de la Somalie mais aussi rencontrer le Premier ministre britannique, David Cameron.
La venue, à Londres du nouveau président kényan a été condamnée par différentes organisations des droits de l’homme, notamment au Kenya. Elles estiment que cette invitation trahit les principes de la conférence sur la Somalie qui ambitionne d’en finir avec l’impunité et l’insécurité.
Jointe par RFI, Muthoni Wanyeki, figure majeure des droits de l’homme au Kenya, considère que son pays aurait pu être représenté par quelqu’un d’autre. Elle parle notamment d’un recul de la part de la Grande-Bretagne.
« Je ne vois pas pourquoi il est indispensable que le président lui-même soit là. La politique de la Grande-Bretagne était de maintenir des contacts essentiels et c’était le cas jusqu’à l’élection, quand Uhuru Kenyatta était vice-Premier ministre », a souligné Muthoni Wanyeki, tout en regrettant « ce recul » de la Grande-Bretagne qui envoie « un mauvais signal aux victimes sur le terrain, sur l’engagement de Londres en faveur de la justice. »
De son côté, le gouvernement britannique voit les choses de façon plus pragmatique et insiste sur le fait que le Kenya a engagé près de 5 000 soldats en Somalie et est un partenaire important.
Joint par RFI, l’ambassadeur britannique en France, Peter Ricketts, souligne que cette participation du Kenya à la conférence sur la Somalie est indispensable. « Une conférence sur la Somalie sans le Kenya serait difficilement envisageable », a-t-il tenu à souligner, tout en rappelant que le Kenya est un voisin « stratégique » pour la Somalie, car les deux pays ont des « intérêts économiques et sécuritaires » évidents.
Juridiquement, Uhuru Kenyatta peut voyager où il veut et quand il veut, car la CPI n’a délivré aucun mandat à son encontre. Il est, par ailleurs, présumé innocent puisque le procès – qui doit s’ouvrir le 9 juillet prochain – ne s’est pas encore déroulé. C'est ce que rappelle le porte-parole de la Cour pénale internationale, Fadi El Abdallah.
Une prise de contact à la sauvette
Le gouvernement britannique s’est tout de même et apparemment longtemps demandé comment inviter Uhuru Kenyatta sans perdre la face après avoir prévenu - comme d’autres pays - qu’il n’entretiendrait que des contacts indispensables avec le dirigeant inculpé de crimes contre l’humanité.
Londres n'avait d’ailleurs pas assisté à la cérémonie d'investiture, début avril, du nouveau président. L’embarras de la Grande-Bretagne est donc palpable.
Des sources gouvernementales admettent que la visite est sensible et précisent que si le Premier ministre, David Cameron, va effectivement s’entretenir avec Uhuru Kenyatta, ce ne sera pas une rencontre bilatérale officielle. À la place, les deux hommes se verront rapidement, avant l’ouverture de la conférence. Une prise de contact à la sauvette qui permet malgré tout à Londres de ne pas snober son allié le plus important en Afrique de l’Est.
(avec l'aide de RFI )
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