mercredi 8 mai 2013

Sahara occidental : Une occasion manquée à l’Onu

En adoptant le 25 avril 2013 la résolution 2099 sur le Sahara occidental, le Conseil de sécurité de l’ONU a désavoué son secrétaire général qui, dans son rapport du 8 avril, recommandait "une surveillance indépendante, impartiale et soutenue des droits de l’Homme au Sahara occidental". En effet, bien que cette recommandation ait été relayée dans un premier temps par les Etats-Unis (avant d’être retirée), le Conseil de sécurité a refusé une nouvelle fois d’inclure la surveillance des droits de l’Homme dans les compétences de la mission des Nations unies (Minurso) malgré les demandes réitérées du Parlement européen, de nombreuses associations des droits de l’Homme (Amnesty international, Human Rights Watch, Centre Robert Kennedy, AMDH...). La Minurso reste donc une des seules missions de paix des Nations unies dans le monde dépourvue d’un mandat de surveillance des droits de l’Homme et ce, malgré la violente répression des manifestations pacifiques et les très lourdes condamnations le 17 février 2013 des 22 militants sahraouis emprisonnés à Salé (de 20 ans à la perpétuité).

Toutefois, le Conseil de sécurité a souligné "qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’Homme" mais en reprenant, au mot près, sa résolution de 2012 complétée de surcroit par des félicitations au Maroc pour les mesures formelles prises dans le domaine des droits de l’Homme !

La résolution 2099 se contente de prolonger d’une année supplémentaire la mission des Nations Unies au Sahara occidental et d’engager le Maroc et le Front Polisario à poursuivre les négociations « en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental » mais en leur demandant de faire preuve "de réalisme et d’un esprit de compromis". Tout en reconnaissant que "la consolidation du statu quo n’est pas acceptable", la résolution ne propose aucune mesure pour amener le Maroc à mettre un terme à ses manœuvres d’obstruction et à tenir ses engagements dans le respect du droit international.

Le gouvernement français s’est rangé une fois de plus auprès des autorités marocaines en agissant pour le retrait de la proposition des Etats-Unis d’étendre le mandat de la Minurso et en soutenant le projet marocain d’autonomie qui bafoue le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il empêche ainsi la résolution pacifique d’un conflit de 38 ans sur la décolonisation du Sahara occidental.

Le Maroc s’est ouvertement félicité du refus de l’extension du mandat de la Minurso qu’il a reçu comme un encouragement à sa politique de répression dans les territoires occupés. C’est ainsi que, le 27 avril, deux jours à peine après le vote de la résolution de l’ONU, il a déclenché une violente répression d’une manifestation pacifique à El Aaiun qui a fait des dizaines de blessés.

Réaffirmant sa solidarité avec la lutte du peuple sahraoui, la plateforme est décidée à poursuivre son action contre les violations des droits de l’homme au Sahara occidental, pour la libération des prisonniers politiques, pour un mécanisme international permanent de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental et pour la mise en œuvre rapide du référendum d’autodétermination qui permettrait enfin au peuple sahraoui de décider librement et démocratiquement de son avenir.
(Déclaration de la plateforme Sahara occidentale - Paris le 30 avril 2013)

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