Neuf nouveaux ministres, dont au moins deux font partie des Frères
musulmans du président Mohamed Morsi, ont été nommés mardi en Egypte
dans le cadre d’un remaniement qui ne répond pas aux demandes répétées
de l’opposition d’un gouvernement d’union nationale.
M. Morsi avait annoncé ce remaniement en avril après des mois de
pression de l’opposition tout en soulignant que "l’objectif est de
réaliser l’intérêt général", au moment où le pays traverse une crise
économique et politique émaillée d’accrochages meurtriers entre
partisans et adversaires du président.
Parmi les ministères concernés figurent le portefeuille-clé des
Finances, et ceux du Pétrole, de l’Agriculture et de la Planification,
ont rapporté les médias officiels.
Les nouveaux ministres ont prêté serment devant M. Morsi, selon des images de la télévision d’Etat.
Y figurent deux membres du Parti de la Liberté et de la Justice
(PLJ), la branche politique de la confrérie des Frères musulmans : Amr
Darrag dirigera le ministère de la Planification et de la Coopération
internationale et Yahya Hamed a été nommé à l’Investissement, selon des
médias locaux.
Le ministre des Finances Al-Morsi Al-Sayyed Hegazi, qui menait les
négociations difficiles avec le Fonds monétaire international (FMI) pour
un prêt de 4,8 milliards de dollars assorti d’un programme de réformes
économiques, a été remplacé par Fayyad Abdel Moneim Hassanein, un expert
en finance islamique.
Le ministre de la Justice Ahmed Mekki, qui a récemment démissionné, a été remplacé par Ahmed Souleimane.
Amr Moussa, l’un des leaders de l’opposition, a dénoncé le
remaniement comme "un autre pas vers un contrôle global par les Frères
musulmans".
"Un nouveau remaniement sera nécessaire à l’avenir proche", a-t-il
estimé dans un communiqué. "Il faut un gouvernement d’union nationale".
Un porte-parole du gouvernement a dit à l’AFP que M. Morsi avait
parlé avec certains partis pour établir une liste de candidats, qui a
ensuite été transmise au Premier ministre Hicham Qandil.
Mais les partis de l’opposition qui avaient conditionné leur
participation au gouvernement au départ de M. Qandil n’ont pas été
consultés, a dit un haut responsable du parti libéral Wafd.
M. Qandil, accusé de ne pas avoir su faire face à la grave crise
économique par l’opposition qui réclame son départ, avait dit lundi que
le remaniement concernerait 11 ministères, mais son porte-parole a
indiqué qu’il s’était ensuite mis d’accord avec M. Morsi pour limiter
les changements à neuf.
Selon le PLJ, le remaniement est destiné à "augmenter l’efficacité
(du gouvernement et à) appliquer les programmes de la transition
démocratique".
L’opposition fait du limogeage de M. Qandil une condition sine qua
non pour participer aux législatives qui pourraient avoir lieu à
l’automne.
Le gouvernement de M. Qandil est critiqué pour son incapacité à faire
face à la crise économique. L’Egypte est depuis la révolte de début
2011 confrontée à une montée du chômage, une baisse des revenus du
tourisme et un effondrement des investissements étrangers en raison de
l’instabilité.
Le Qatar a récemment annoncé qu’il allait acheter en Egypte des
obligations pour 3 milliards de dollars, qui vont s’ajouter à une
assistance financière de 5 milliards de dollars au pays.
Le Caire et le FMI sont par ailleurs engagés dans des discussions
difficiles autour d’un prêt assorti d’un programme de réformes
économiques.
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