vendredi 10 mai 2013

Israël/Palestine : Tensions sur l’esplanade des Mosquées

Un responsable de la police de Jérusalem, qui a tenu à garder l’anonymat, a récemment déclaré : "Nous faisons face à deux dangers majeurs : le nucléaire iranien et le mont du Temple." De fait, les incidents sur le Haram al-Sharif, l’esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’Islam, se multiplient. Les Juifs religieux sont de plus en plus nombreux à venir visiter ce qui est, pour eux, l’endroit où se dressait le Temple d’Hérode, le seul lieu saint du judaïsme.

Mardi dernier, les choses ont dégénéré lorsque des fidèles musulmans ont lancé des chaises en plastique en direction d’un groupe d’une centaine de juifs. La police est intervenue. Plusieurs Palestiniens ont été interpellés. Le lendemain, le jour où les Israéliens fêtaient la réunification de Jérusalem, les autorités ont limité l’entrée de l’esplanade aux musulmans âgés de plus de cinquante ans et ont laissé plusieurs dizaines de visiteurs juifs y pénétrer. Huit d’entre eux ont été arrêtés et expulsés, car ils avaient enfreint la règle et prononcé une prière. Pendant ce temps, le Grand Mufti de Jérusalem était détenu dans un commissariat où il était interrogé sur les incidents de la veille. Il sera libéré en début de soirée. Mais entre-temps, l’ambassadeur d’Israël à Amman était convoqué aux Affaires étrangères jordaniennes pour y entendre une sévère condamnation des agissements israéliens sur l’Esplanade des Mosquées.

Cette intervention ne doit pas surprendre. En effet, fin mars dernier, Abdallah II, le souverain hachémite, et Mahmud Abbas, le président palestinien, ont signé un accord réaffirmant leur volonté commune de défendre Jérusalem-Est contre toutes les tentatives visant à judaïser cette partie de la ville sainte. Le dirigeant palestinien confirmait le droit du roi de Jordanie à déployer tous les efforts pour défendre les lieux saints, surtout la Mosquée al-Aqsa dont il est le gardien. En intervenant ainsi, diplomatiquement, la Jordanie ºa averti les Israéliens qu’il y avait une limite à ce qu’elle pouvait tolérer sur l’esplanade des Mosquées.

Le grand rabbinat de l’État d’Israël interdit toujours les visites de juifs pratiquants sur le mont du Temple, considérant que l’emplacement du saint des saints n’est pas défini. Depuis 1996, la plupart des sionistes religieux suivent la décision du Conseil rabbinique des colonies de Cisjordanie qui a publié un décret Halakhique, la loi juive, les autorisant à effectuer ce genre de pèlerinage. En mai 2003, ces mêmes rabbins ont annoncé que c’était non seulement un droit, mais une prescription religieuse que de se rendre sur l’Esplanade des Mosquées. Depuis, ces visiteurs en kippa se comptent par centaines chaque semaine. L’année passée, ils ont même été plus de 15 000. Ce faisant, ils sont escortés par la police qui leur interdit toute forme de prières pour ne pas susciter la colère des musulmans.

À la Knesset, le parlement, les pressions sont de plus en plus fortes afin que le gouvernement autorise une forme de culte juif sur le mont du Temple. Jusqu’à présent, les services de sécurité et de renseignements ainsi que la plupart des responsables gouvernementaux s’y opposent, craignant l’explosion de violences qu’une telle initiative pourrait susciter en territoires palestiniens mais aussi dans le monde arabe. Pour ne pas parler des risques d’une crise diplomatique majeure avec la Jordanie et l’Égypte.

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