Un responsable de la police de Jérusalem, qui a tenu à garder
l’anonymat, a récemment déclaré : "Nous faisons face à deux dangers
majeurs : le nucléaire iranien et le mont du Temple." De fait, les
incidents sur le Haram al-Sharif, l’esplanade des Mosquées, le troisième
lieu saint de l’Islam, se multiplient. Les Juifs religieux sont de plus
en plus nombreux à venir visiter ce qui est, pour eux, l’endroit où se
dressait le Temple d’Hérode, le seul lieu saint du judaïsme.
Mardi dernier, les choses ont dégénéré lorsque des fidèles musulmans
ont lancé des chaises en plastique en direction d’un groupe d’une
centaine de juifs. La police est intervenue. Plusieurs Palestiniens ont
été interpellés. Le lendemain, le jour où les Israéliens fêtaient la
réunification de Jérusalem, les autorités ont limité l’entrée de
l’esplanade aux musulmans âgés de plus de cinquante ans et ont laissé
plusieurs dizaines de visiteurs juifs y pénétrer. Huit d’entre eux ont
été arrêtés et expulsés, car ils avaient enfreint la règle et prononcé
une prière. Pendant ce temps, le Grand Mufti de Jérusalem était détenu
dans un commissariat où il était interrogé sur les incidents de la
veille. Il sera libéré en début de soirée. Mais entre-temps,
l’ambassadeur d’Israël à Amman était convoqué aux Affaires étrangères
jordaniennes pour y entendre une sévère condamnation des agissements
israéliens sur l’Esplanade des Mosquées.
Cette intervention ne doit pas surprendre. En effet, fin mars
dernier, Abdallah II, le souverain hachémite, et Mahmud Abbas, le
président palestinien, ont signé un accord réaffirmant leur volonté
commune de défendre Jérusalem-Est contre toutes les tentatives visant à
judaïser cette partie de la ville sainte. Le dirigeant palestinien
confirmait le droit du roi de Jordanie à déployer tous les efforts pour
défendre les lieux saints, surtout la Mosquée al-Aqsa dont il est le
gardien. En intervenant ainsi, diplomatiquement, la Jordanie ºa averti
les Israéliens qu’il y avait une limite à ce qu’elle pouvait tolérer sur
l’esplanade des Mosquées.
Le grand rabbinat de l’État d’Israël interdit toujours les visites de
juifs pratiquants sur le mont du Temple, considérant que l’emplacement
du saint des saints n’est pas défini. Depuis 1996, la plupart des
sionistes religieux suivent la décision du Conseil rabbinique des
colonies de Cisjordanie qui a publié un décret Halakhique, la loi juive,
les autorisant à effectuer ce genre de pèlerinage. En mai 2003, ces
mêmes rabbins ont annoncé que c’était non seulement un droit, mais une
prescription religieuse que de se rendre sur l’Esplanade des Mosquées.
Depuis, ces visiteurs en kippa se comptent par centaines chaque semaine.
L’année passée, ils ont même été plus de 15 000. Ce faisant, ils sont
escortés par la police qui leur interdit toute forme de prières pour ne
pas susciter la colère des musulmans.
À la Knesset, le parlement, les pressions sont de plus en plus fortes
afin que le gouvernement autorise une forme de culte juif sur le mont
du Temple. Jusqu’à présent, les services de sécurité et de
renseignements ainsi que la plupart des responsables gouvernementaux s’y
opposent, craignant l’explosion de violences qu’une telle initiative
pourrait susciter en territoires palestiniens mais aussi dans le monde
arabe. Pour ne pas parler des risques d’une crise diplomatique majeure
avec la Jordanie et l’Égypte.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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