jeudi 16 mai 2013

Israël/Palestine : 65 ans après, la Palestine au cœur de la résistance (Fadwa Nassar)

C’est dans la ville martyrisée d’al-Qods que les résistants palestiniens ont affronté l’occupation en ce jour commémoratif de la Nakba. Dans la ville menacée par la judaïsation raciste, synonyme de nettoyage ethnico-religieux, ville sainte, haut-lieu de la civilisation mondiale, capitale occupée de la Palestine et du monde arabo-musulman, les Palestiniens, et notamment les jeunes, ont refusé l’ordre colonial en manifestant, en levant les drapeaux palestiniens et en réclamant le retour des réfugiés vers leur terre spoliée et leurs terres confisquées. Les jeunes maqdisis se sont battus, à coup de pierres et de cocktails molotov, contre les occupants armés jusqu’aux dents. Les maqdisis se sont opposés de même à l’entrée des colons dans la mosquée al-Aqsa, obligeant l’Etat de l’occupation à reculer, qui a pris la décision d’interdire « momentanément » l’accès de la mosquée aux juifs. Selon Hatem abdel Qader, responsable du dossier d’al-Qods pour le Fateh, « le carnage a été évité » car les maqdisis ont décidé que leur mosquée ne serait plus profanée.

Au même moment, les Palestiniens dans le monde ont commémoré la date fatidique de la création de l’entité sioniste sur le sol de la Palestine, création précédée par plus de 70 massacres qui ont fait de la Palestine une terre vidée de son peuple, une terre ethnico-religieusement nettoyée tel que le souhaitaient les envahisseurs sionistes afin de justifier leur mot d’ordre « un peuple sans terre pour une terre sans peuple », mot d’ordre soutenu par les forces de l’arrogance dans le monde, surtout occidentales, qui furent les complices directs de cette entreprise coloniale dévastatrice et sanguinaire.

Ce nettoyage ethnico-religieux et cette judaïsation de la terre de Palestine, se poursuivent jusqu’à présent. Dans la vallée du Jourdain et dans al-Naqab, la menace sioniste pèse aujourd’hui sur des milliers de Palestiniens : la confiscation de leurs terres et leur expulsion de leurs villages est imminente, à moins que les Palestiniens, les Arabes et les musulmans ne se rendent enfin compte que seule la résistance armée et civile, la résistance populaire dans tout le sens du terme, est en mesure de stopper l’arrogance raciste de l’entité coloniale et qu’il est vain et criminel d’attendre quoi que ce soit de « la communauté internationale ».

C’est en tout cas ce qu’ont défendu les dirigeants de la résistance palestinienne et notamment les dirigeants du mouvement du Jihad islamique, présents à une conférence tenue au Caire pour défendre les « constantes historiques de la lutte palestinienne », qui ont insisté sur le refus du peuple palestinien d’accepter une quelconque concession sur son droit historique sur toute la Palestine. Qualifiant l’état colonial sioniste de « bande de tueurs qui s’exprime comme un Etat », dr. Mohammad el-Hindi, membre du comité central du mouvement, a critiqué la récente proposition de la Ligue arabe, concernant « l’échange de territoires » entre l’Autorité palestinienne de Ramallah et la colonie sioniste, tout en faisant remarquer que « l’initiative arabe » de 2002 n’est pas non plus acceptée, puisqu’elle a abandonné 78% de la terre palestinienne aux colonisateurs.

La critique et même plutôt la dénonciation de la dernière initiative de la Ligue arabe, présentée par un comité arabe dirigé par le ministre qatari des A.E. lors de sa rencontre avec les responsables américains, est unanime au sein du peuple palestinien. Le représentant du mouvement du Jihad islamique au Liban, hajj Abou Imad Rifa’i s’et étonné même qu’une telle proposition qualifiée d’abandon stratégique et de « promesse Balfour arabe » ait eu lieu, comme si la Ligue arabe n’avait pas compris les leçons des victoires remportées par les résistances, libanaise et palestinienne, depuis 2006, contre l’entité coloniale et ses alliés dans la région. En fait, a-t-il ajouté, « les Etats arabes se comportent envers la Palestine comme s’il s’agissait d’un fardeau dont ils doivent se débarrasser ».

Au cours de la commémoration de la Nakba au camp Mar-Elias pour les réfugiés palestiniens, Abu Imad Rifa’î a dénoncé le nouveau plan américano-sioniste soutenu par des régimes arabes visant à liquider le droit au retour des réfugiés à leur pays et leurs terres en Palestine. Au Liban, ce plan consiste à susciter les troubles dans les camps, pour entraîner les Palestiniens dans une guerre civile et confessionnelle. Depuis plusieurs mois déjà, une presse jaune libanaise invente des faits et transforme une querelle familiale en conflits générés par des « islamistes » ou alors évoque « des camps d’entraînement » dans les camps, d’ailleurs surpeuplés depuis qu’ils ont accueilli les réfugiés palestiniens venant de Syrie, de sorte que tout journaliste sérieux peut constater l’impossibilité d’y circuler même. Où peuvent se trouver ces « camps d’entraînement » ? se demandent les Palestiniens, toutes formations confondues. Cette campagne de presse insidieuse fait partie des tentatives répétées pour déstabiliser la présence palestinienne au Liban et empêcher les Palestiniens de revendiquer leurs droits humains et sociaux auprès des autorités libanaises, mais aussi de s’organiser pour assurer un retour inéluctable en Palestine.

Il a également mis en garde, lors d’une interview télévisée, contre tous les complots qui assaillent , à présent le peuple palestinien et ses droits, affirmant que ce qui est proposé aujourd’hui n’est pas un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967, mais une confédération rassemblant ce qui reste de la Cisjordanie et la Jordanie, d’une part, et la bande de Gaza et l’Egypte, d’autre part. La proposition du comité de la Ligue arabe concernant « l’échange » de territoires s’inscrit dans ce projet de confédération, qui survivrait à coup de pétrodollars. C’est pourquoi il a considéré que toutes les négociations à venir sont vaines et que seule la résistance est capable de libérer toute parcelle de terre de la Palestine, non seulement à cause de la nature du gouvernement sioniste actuel, mais parce qu’il n’y a qu’une seule voie menant à la Palestine libre et au retour des réfugiés, celle de la lutte. Il a affirmé que le peuple palestinien qui a déjoué tous les complots visant ses droits et son retour au pays, depuis 1948, est encore capable de lutter contre ceux qui cherchent à l’assujettir, lui et les peuples arabes et musulmans.

Dans un récent appel en direction des pays arabes, le représentant du mouvement du Jihad islamique a réclamé qu’ils permettent aux résistants de lancer leurs attaques contre l’ennemi spoliateur, à partir de leurs frontières, au lieu de fomenter des complots contre le peuple palestinien et de présenter encore plus de concessions sur son droit. Le mouvement avait de plus réclamé que l’état de trêve implicite entre l’ennemi sioniste et la résistance palestinienne soit évaluée, après l’attaque meurtrière contre la bande de Gaza, il y a quinze jours, affirmant que le peuple palestinien doit riposter à toute attaque et ne pas attendre, comme jadis, que les régimes arabes, même labellisés islamiques, donnent le feu vert. De son côté, le porte-parole des Brigades al-Qods, du mouvement du Jihad islamique, a affirmé que les Brigades étaient prêtes pour une nouvelle bataille et qu’elles promettaient plusieurs nouvelles « surprises » à l’occupant.
C’est ainsi que la résistance veille et que les combattants de la liberté se préparent, car la guerre avec l’ennemi est inéluctable, tant que la Palestine est occupée.

(16-05-2013 - Fadwa Nassar)

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