Paris et Washington ont reconnu la légitimité de la Coalition syrienne
de l’opposition, la France faisant même un pas vers un éventuel armement
des rebelles, une position "immorale" pour Damas qui a vu dans
l’unification de l’opposition une "déclaration de guerre".
Sur le terrain, les chars du régime pilonnait Damas et sa région, où
près d’une centaine de personnes ont péri mardi, la capitale et
notamment sa ceinture sud étant désormais au centre des combats après 20
mois d’une révolte populaire devenue conflit armé.
Au lendemain de sa formation, la France a reconnu la Coalition comme
"seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur
gouvernement provisoire de la Syrie démocratique".
Les Etats-Unis, eux, ont affirmé qu’elle était "une représentante
légitime du peuple syrien", se gardant d’évoquer un éventuel exécutif
provisoire avant que la Coalition ne "fasse la démonstration de sa
capacité à représenter les Syriens à l’intérieur de la Syrie".
Réagissant pour la première fois depuis la formation de la Coalition
lors d’une réunion à Doha la semaine dernière, le vice-ministre syrien
des Affaires étrangères Fayçal Mekdad a dénoncé une position "immorale"
de la France.
Dénonçant une "position arrogante" dictée, selon lui, par "le passé
colonialiste de la France", il a estimé que "cette ingérence flagrante
dans les affaires intérieures syriennes viole la charte des Nations
unies".
Voyant dans la réunion de Doha une "déclaration de guerre", M. Mekdad a
en outre accusé l’opposition de ne pas vouloir "résoudre pacifiquement
la crise" en refusant "tout dialogue avec le gouvernement".
"Nous sommes prêts à discuter avec l’opposition syrienne qui a sa
direction en Syrie et pas avec celle qui a été fabriquée ou dirigée
ailleurs", a-t-il poursuivi, alors que Damas et ses alliés ont multiplié
les appels aux négociations, rejetés par l’opposition qui exige avant
toute chose le départ de M. Assad.
Allié de Damas, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, qui a affirmé
ne soutenir "personne" dans le conflit syrien "contrairement à ce que
pensent généralement les gens", a critiqué les positions "partiales" des
pays soutenant l’opposition.
M. Mekdad a en outre accusé la France, pour qui la question de
l’armement des rebelles sera "nécessairement reposée", d’être
"responsable de la mort de milliers de Syriens" en apportant "un soutien
financier et technique aux terroristes", auxquels Damas assimile les
insurgés. Il a encore jugé "inacceptable" un éventuel armement des
rebelles par Paris.
Le chef fraîchement élu de l’opposition, Ahmad Moaz al-Khatib, a réclamé
à l’étranger des "armes appropriées" pour lutter contre le régime,
alors que le conflit a fait plus de 37.000 morts selon une ONG.
Si plusieurs Etats du Golfe, notamment le Qatar, appellent à armer la
rébellion, des pays Occidentaux, Etats-Unis en tête, refusent cette
option, redoutant qu’elles ne tombent aux mains d’extrémistes.
Mercredi, les chefs de la diplomatie du Golfe et de la Russie doivent s’entretenir à Ryad de la Syrie.
Le 30 novembre, Tokyo accueillera une réunion des "Amis du peuple
syrien" qui évoquera notamment un renforcement des lourdes sanctions
déjà mises en place.
Sur le terrain, les raids féroces de l’aviation et les tirs par
l’artillerie des troupes ont de nouveau frappé Damas, sa région et le
nord-ouest de la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de
l’Homme (OSDH), au lendemain d’une journée particulièrement meurtrière
avec 189 morts à travers le pays.
Face à ces violences, Washington a annoncé 30 millions de dollars
supplémentaires d’aide humanitaire, déjà portée à 165 millions de
dollars à l’entrée de l’hiver.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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