dimanche 19 mai 2013

Tunisie : la presse appréhende le congrès salafiste de dimanche

Les journaux tunisiens exprimaient samedi leur crainte de voir le pays entrer dans une spirale de violences entre forces de sécurité et militants salafistes qui veulent tenir dimanche leur congrès malgré son interdiction.
Le quotidien Le Temps s’inquiète ainsi des "40.000 illuminés" qui veulent aller à Kairouan (centre) pour participer au rassemblement du principal mouvement salafiste jihadiste du pays.
Pour ce journal, l’idéologie violente d’Ansar Ashariaa ne fait pas de doute, ses militants "se réservant le paradis et allumant les bûchers de l’enfer pour tous les autres".
"La seule parade possible ne réside qu’en la force des institutions sécuritaires et en le refus de la société tunisienne de ces groupuscules", note Le Temps.
La Presse relève de son côté qu’en décidant de défier l’interdiction du congrès, les salafistes ont démontré qu’ils sont "déterminés à entrer en confrontation avec le pouvoir à un moment où le peuple tunisien tout entier tente de cimenter son union nationale face au terrorisme international".
Le principal quotidien francophone voit dans le rassemblement "une provocation qui sonne comme un appel à la révolte de tous les extrémistes et fauteurs de troubles".
Le bras de fer entre le gouvernement et les groupuscules salafistes, jusqu’alors tolérés, s’est accentué après que les autorités ont reconnu la présence de combattants d’Al-Qaïda en Tunisie.
Les forces de sécurité et l’armée pourchassent depuis fin avril des groupes armés retranchés dans l’ouest du pays, près de l’Algérie.
La semaine dernière, le chef d’Ansar Ashariaa, Saif Allah Bin Hussein dit Abou Iyadh, un vétéran d’Afghanistan ayant combattu avec Al-Qaïda, avait déjà menacé de "guerre" le gouvernement et accusé Ennahda de mener une politique contraire à l’islam.
Emprisonné sous le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali, puis libéré par une amnistie décidée après la révolution de 2011, Abou Iyadh est en fuite depuis l’automne 2012, les autorités le soupçonnant d’être l’organisateur de l’attaque en septembre de l’ambassade américaine à Tunis (quatre morts parmi les assaillants).

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Le pays sur le qui-vive avant un congrès salafiste
Les forces tunisiennes étaient sur le qui-vive samedi de craintes de confrontation avec des militants salafistes jihadistes qui ont maintenu leur congrès à Kairouan dimanche malgré l’interdiction prononcée par le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda.
Sur la route de Kairouan (150 km au sud de Tunis), d’importants renforts policiers étaient déployés aux péages, a constaté une journaliste de l’AFP. Les agents fouillaient en particulier les "louages", ces transports collectifs reliant les villes tunisiennes.
A Tunis aussi, les forces tunisiennes étaient visibles en nombre, fourgons de la police et camions de l’armée patrouillant en centre-ville et dans les quartiers considérés comme des bastions d’Ansar Ashariaa, l’organisation qui a décidé de défier les autorités en maintenant son congrès.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé vendredi interdire le rassemblement du principal mouvement salafiste du pays en raison "de la menace qu’il représente pour la sécurité et l’ordre public".
Ansar Ashariaa a décidé de passer outre, appelant les 40.000 militants qu’il revendique à venir à Kairouan, ville réputée comme étant le centre spirituel et religieux de la Tunisie.
Les politiques et médias ont dans l’ensemble salué la fermeté du pouvoir, tout en craignant que la situation dégénère en confrontation violente.
"La seule parade possible ne réside qu’en la force des institutions sécuritaires et en le refus de la société tunisienne de ces groupuscules", relève le journal le Temps, pour qui Ansar Ashariaa ("les partisans de la loi islamique" en arabe) "se réserve le paradis et allume les bûchers de l’enfer pour tous les autres".
La Presse note de son côté que le maintien du congrès de Kairouan est "une provocation qui sonne comme un appel à la révolte de tous les extrémistes et fauteurs de troubles".
Le parti islamiste radical Hizb ut Tahrir a lui dénoncé la décision d’interdire le rassemblement mais a appelé les organisateurs à s’y plier pour éviter toute effusion de sang.
"Nous disons à Ansar Ashariaa que nous considérons comme prioritaire et sage d’annoncer le report du congrès en en faisant porter la responsabilité entière au pouvoir", relève ce parti dans un communiqué.
Autrement, "dimanche sera un jour de confrontation sanglante", prédit ce mouvement.
Le bras de fer entre le gouvernement et les groupuscules salafistes, jusqu’alors tolérés par le parti au pouvoir Ennahda, s’est accentué après que les autorités ont reconnu la présence de combattants d’Al-Qaïda en Tunisie.
Les forces de sécurité et les militaires pourchassent depuis fin avril des groupes armés retranchés dans l’ouest du pays, près de l’Algérie. Seize soldats et gendarmes ont été blessés par des mines artisanales lors de cette traque.
La semaine dernière, le chef d’Ansar Ashariaa, Saif Allah Bin Hussein dit Abou Iyadh, un vétéran d’Afghanistan ayant combattu avec Al-Qaïda, avait déjà menacé de "guerre" le gouvernement et accusé Ennahda de mener une politique contraire à l’islam.
Emprisonné sous le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali, puis libéré par une amnistie décidée après la révolution de janvier 2011, Abou Iyadh est en fuite depuis l’automne 2012, les autorités le soupçonnant d’être l’organisateur de l’attaque en septembre de l’ambassade américaine à Tunis (quatre morts parmi les assaillants).
La Tunisie a vu depuis la révolution se multiplier les violences orchestrées par la mouvance salafiste. Le pays est aussi déstabilisé par une profonde crise politique, faute de consensus sur une nouvelle Constitution, et la multiplication des conflits sociaux face à la misère et la pauvreté.

(18-05-2013)

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